𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄

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PROLOGUE :



























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Je ne comprends pas tout, mais je sais que quelque chose ne va pas. Papa crie encore. Il crie tout le temps depuis que Maman est partie. Il ne me regarde plus comme avant. Avant, ses yeux brillaient quand il me prenait dans ses bras, il souriait. Mais maintenant... maintenant, il me fait peur.

Je suis assise dans le coin de la pièce, recroquevillée contre le mur froid. Il y a du bruit, des bruits que je n'aime pas. Des choses qui tombent, des coups, des hurlements. Je ferme les yeux, mais ça ne change rien, j'entends tout. J'ai envie d'appeler Maman, mais elle ne répondra pas. Je le sais, elle ne reviendra plus.

Je tousse doucement, j'essaye de ne pas faire de bruit. Je ne veux pas que Papa m'entende. Chaque fois que je tousse, il se fâche. Il dit que je dois arrêter d'être faible, que je dois apprendre à ignorer la douleur. Mais ça fait mal, là, juste dans ma poitrine. Comme si quelqu'un serrait mes poumons très fort. Parfois, ça brûle tellement que je ne peux plus respirer, et tout devient flou. Quand ça arrive, Papa me regarde avec des yeux durs, et il me dit que c'est de ma faute, que je ne fais pas assez d'efforts.

Il dit que je dois être forte, que c'est la seule façon de survivre. Alors il m'entraîne, encore et encore. Je dois frapper des sacs de sable, esquiver les coups qu'il m'envoie, même quand j'ai envie de pleurer. Si je tombe, il me dit de me relever. Si je pleure, il me dit que les larmes ne servent à rien.

Je me souviens du jour où il a commencé à m'entraîner. J'avais cinq ans. Maman n'était plus là depuis quelques mois. Je pensais qu'il allait juste m'apprendre à me défendre, mais il ne voulait pas seulement ça. Il voulait que je devienne forte comme lui. Alors il m'obligeait à courir, à frapper, à me battre contre des hommes beaucoup plus grands que moi. Et chaque fois que je toussais, que je montrais que j'avais du mal à respirer, il devenait encore plus en colère. Il disait que je n'avais pas le droit d'être malade. Que la maladie, c'était pour les faibles.

Aujourd'hui, c'est différent. Papa ne crie pas sur moi. Il est ailleurs. Il est couché par terre, et il ne bouge plus. Je ne comprends pas pourquoi. Il y a du rouge partout autour de lui, ça fait peur. C'est comme la dernière fois que j'ai vu Maman.

Je veux courir vers lui, mais je n'y arrive pas. Mes jambes ne veulent pas bouger, et ma poitrine me fait encore plus mal. Comme si l'air ne voulait plus rentrer. J'essaye de ne pas tousser, parce que je sais que ça va faire encore plus mal après. Je me souviens des fois où je toussais tellement que je tombais, et Papa me regardait sans rien dire, me laissant me débrouiller toute seule. Il disait que je devais apprendre à combattre la douleur, que je ne devais jamais montrer ma faiblesse à mes ennemis.

Je me souviens d'un jour où j'ai failli m'évanouir après un entraînement. J'étais tellement fatiguée, j'avais tellement mal au ventre et à la tête. Mais Papa m'a relevée par le bras et m'a dit que je n'avais pas le choix. Il me donnait parfois des médicaments, des pilules blanches qui m'aidaient à respirer, mais il ne le faisait que quand il pensait que c'était absolument nécessaire. Il disait que je devais apprendre à me passer de tout ça, que je ne pouvais pas toujours compter sur des remèdes pour survivre.

Aujourd'hui, je n'ai pas de pilules. Je n'ai que moi, et ça me fait peur. Papa ne se relèvera pas. Je le sais. Il y a trop de sang autour de lui, c'est trop, même pour lui. Mais moi, je dois encore rester debout, même si ça brûle dans ma poitrine.

Des hommes arrivent. Ce sont les hommes qui travaillent avec papa, ils me regardent, mais ils ne disent rien. Ils murmurent entre eux, et j'entends des mots comme "cheffe" et "héritière". Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais ils parlent de moi. Ils disent que c'est à moi maintenant. À moi ? Qu'est-ce que je vais faire de tout ça ? Je ne veux pas. Je veux juste que tout redevienne comme avant. Mais je sais que ça ne sera jamais pareil.

Je sens que ça devient plus difficile de respirer. L'air me manque, mais je dois rester forte, comme Papa me l'a appris. Ne pas montrer la douleur. Ne pas montrer que je suis malade. Je tousse une fois, juste une petite toux, mais personne ne dit rien. Ils attendent. Ils attendent que je fasse quelque chose, que je dise quelque chose. Je ne sais pas quoi faire.

Papa ne se relèvera pas. Maman non plus. Et maintenant, je suis seule.

Je sens que ça devient plus difficile de respirer. L'air ne veut plus rentrer. Je tousse, mais ça ne fait qu'empirer. Les hommes me regardent toujours, et je n'arrive pas à bouger. Papa ne se relèvera pas. Maman non plus. Et maintenant... je suis seule.

Soudain, tout devient flou. Je tombe.

Je me réveille en sursaut, haletante, la gorge serrée comme si je suffoquais. Ma poitrine me brûle, mes poumons refusent de fonctionner. C'est comme si quelque chose m'écrasait, m'empêchant de respirer. Je tends la main en tremblant vers le tiroir de ma table de chevet, mes doigts glissant sur la poignée. Je l'ouvre enfin et attrape une plaquette de pilules blanches.

Je les connais par cœur. Elles sont devenues mon seul moyen de survivre, de faire taire cette douleur qui me ronge. Je prends une pilule rapidement, mes mains tremblent tandis que je l'avale sans même de l'eau.

Je ferme les yeux, essayant de me concentrer sur ma respiration. Inspire. Expire. Mais chaque respiration est un effort, chaque inspiration un combat. Mes poumons se resserrent, et pour un instant, j'ai l'impression que l'air ne reviendra jamais. Mon cœur bat trop fort, trop vite, et tout semble encore flou autour de moi.

C'est toujours le même rêve. Le même cauchemar. Depuis que j'ai sept ans. Depuis que tout a commencé.

Je revois Papa, étendu par terre, du sang autour de lui, et moi, incapable de bouger, incapable de respirer. Ce moment me hante, nuit après nuit. Même après tout ce temps, même après tout ce que j'ai vécu, je me réveille toujours avec cette même terreur.

Les pilules commencent enfin à agir. Mon souffle devient plus régulier, mais la douleur reste là, juste sous la surface, prête à revenir à tout moment. Mes mains sont toujours crispées autour de la plaquette presque vide.Je la relâche lentement, laissant tomber la boîte sur le sol.

Je m'assois dans le silence de la chambre, le cœur encore battant. Tout semble si calme, mais je sais que cette tranquillité est trompeuse. Chaque jour est une nouvelle lutte, un combat contre moi-même et contre les souvenirs qui ne me laissent jamais tranquille.

Je me souviens des mots de mon père. "Ne sois pas faible, Ayra." Mais ce n'est pas la faiblesse, c'est la maladie. Une maladie que même lui n'a pas pu vaincre.

Et pourtant, je suis toujours là.

Je prends une longue inspiration, enfin. L'air circule de nouveau. Mais je sais que ce n'est que temporaire. Le cauchemar reviendra, encore et encore, comme chaque nuit depuis que j'ai sept ans.

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★ ?



Xoxo 💋

𝐏𝐎𝐈𝐒𝐎𝐍 𝐃𝐀𝐍𝐒 𝐋'𝐀̂𝐌𝐄  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant