Conversation entre amis

Note : Cette histoire fait suite à mes deux précédentes Le Bon Moment et En Amoureux. J'ai hésité à l'écrire, mais j'ai eu des idées finalement, donc la voici, l'annonce de Florence à Chappaz.

***

Le lundi suivant leur premier dîner en amoureux, Florence et Pascal avait invité Jean-Paul, Nicky et Kerouac à prendre un verre après le travail. Ils voulaient un cadre neutre, hors du commissariat, afin de leur faire part du changement dans leur relation. Les trois avaient souri, mais aucun d'eux ne fut surpris par la nouvelle.

"On avait remarqué, ce matin, que quelque chose était différent," avait dit Nicky.

Le couple en fut étonné ; ils s'étaient crus discrets, mais il n'en avait rien été. Il fallait dire aussi que leurs amis étaient de bons enquêteurs et savaient repérer le moindre indice.

"En tout cas, on est heureux pour vous," avait dit Jean-Paul.

"Et il était temps !" avait ajouté Kerouac, les faisant tous rire.

Il ne restait maintenant plus à Florence qu'à annoncer la nouvelle au procureur.

Elle ne savait pas vraiment comment le lui dire. Elle savait qu'elle le devait, ne serait-ce que parce qu'il était son supérieur hiérarchique. Elle était après tout en couple avec un de ses subordonnés et devait l'en tenir au courant. Mais elle voulait aussi lui en parler parce qu'après des débuts difficiles, ils étaient devenus amis. Elle ne pouvait, ni ne voulait lui cacher sa relation avec Pascal.

Florence ne voulait surtout pas qu'il l'apprenne autrement, par une autre personne qui gafferait en sa présence. Mais, comme elle l'avait dit à Pascal au cours de leur dîner, elle ne savait pas comment il réagirait à cette nouvelle. Il était après tout un ami d'Antoine, il était celui qui les avait présentés. Elle espérait que le fait de la savoir heureuse avec un autre homme ne changerait rien à leur relation personnelle. Mais elle ne pouvait en être sûre tant qu'elle ne lui avait pas parlé.

"Je peux t'entendre penser, Florence", dit Pascal, sa voix brisant le silence de la nuit.

Il alluma la lampe de chevet, baignant la chambre d'une douce lumière. Elle passait une nouvelle fois la nuit chez lui. Ils ne s'étaient pas quittés depuis leur dîner en amoureux, deux jours auparavant. Elle avait profité du déjeuner avec Jules et Lili, le dimanche, pour récupérer sa voiture et quelques affaires pour les jours à venir. Son fils avait souri, sachant qu'il avait eu raison l'avant-veille. Elle n'avait rien dit ; elle ne voulait pas qu'il la ramène encore plus.

"Ça va bien se passer," dit-il, resserrant son bras autour d'elle pour la presser un peu plus contre lui.

Une fois de plus, elle ne fut pas surprise qu'il sache les pensées qui traversaient son esprit. Ils se connaissaient tellement tous les deux qu'ils se comprenaient sans avoir besoin d'échanger un mot. Florence avait même l'impression que ce lien entre eux s'était renforcé depuis qu'ils avaient enfin laissé parler leurs sentiments, quelques jours plus tôt.