Anna Of The North— Lovers— Faites simplement ce qu'on vous dit, Donovan ! Ou reposez votre armes et votre insigne.
Toujours le même refrain... Des traîtres qui cherchent à me descendre, à me pousser à bout. Et pour quoi ? Pour avoir fait mon travail, pour avoir pris une déposition et tenté de résoudre une affaire comme n'importe quel flic. Mais non, ici, dans ce commissariat, je suis une cible. On me colle un putain de panneau sur le dos : "tirez à vue". Je le sens chaque jour. Les regards en coin, les murmures étouffés, les sourires sournois qui suivent chacun de mes pas. Comme si tout le monde attendait que je craque. Mais je tiens. Je tiens parce que je n'ai pas le choix.
Quand j'étais gamine, je regardais les flics avec admiration. Je les voyais comme des héros. J'imaginais ce boulot comme une vocation, quelque chose de noble. Je me voyais déjà dans l'action, en train de sauver des vies, de capturer les criminels. Mais la réalité... cette foutue réalité m'a frappée en pleine face. Ce n'est pas la justice qui règne ici, c'est la pourriture, l'hypocrisie, le pouvoir pourri des supérieurs et leur sale petite politique interne. Ces flics ne son que des sale petite salope, qui non en rien à faire des autres. Pourtant, je continue. Parce que malgré tout, au fond de moi, il y a cette flamme, cette envie de rendre le monde meilleur, même si ça signifie tout sacrifier.
Je suis en face de mon capitaine, dans cette salle de réunion étouffante, les néons blancs au-dessus de nos têtes jetant une lumière crue sur son visage. Il me fixe, ses yeux glacés, son expression impassible. Il cherche à m'écraser, à me faire taire.
— Vous comprenez que cette situation est inacceptable, Donovan ? Si vous n'êtes pas capable de suivre les ordres, nous allons devoir revoir votre place ici.
Mon cœur bat plus fort, mes doigts se crispent sur la chaise. Je veux hurler. Je veux lui dire qu'il a tort, que je n'ai fait que mon boulot. Mais toute tentative de me défendre est balayée d'un geste de la main. Il ne m'écoute même pas. Il a déjà décidé.
— J'ai fait ce qu'il fallait, cette déposition était...
— Ça suffit, Donovan. Vous avez déjà pris assez de libertés.
Je serre les dents, la rage monte. Ils m'écrasent, un peu plus chaque jour, mais ils ne me briseront pas. Je quitte la salle, les yeux fixés sur le sol, mes poings serrés. Une fois dehors, je sens la colère exploser.
Chaque membre de cette brigade criminelle... des pourris, des hypocrites. Tous complices de ce système corrompu. Je les hais, tous autant qu'ils sont. Ils rient dans mon dos, pensent que je vais m'écraser. Mais ils ne savent rien de moi, de ce que je suis prête à faire.
Je monte dans ma voiture, le cœur lourd, les mains tremblantes. Mon estomac est noué. Je conduis sans vraiment regarder la route, des pensées sombres tournent en boucle dans ma tête. J'ai peur. Peur qu'à chaque coin de rue, un gang soit là pour m'attendre, pour me finir. C'est ça ma vie maintenant : la peur, l'incertitude. Detroit, cette ville que je pensais protéger, est devenue mon propre cauchemar.
Je roule jusqu'à chez moi, la boule au ventre. Deux pâtés de maisons avant d'arriver, je coupe les phares. Mes mains moites glissent sur le volant. Je m'arrête là, scrutant l'obscurité autour de ma maison. Peut-être qu'ils ne sont pas dehors. Mais à l'intérieur ? Peut-être qu'ils sont là, tapis dans l'ombre, attendant que je me détende, que je baisse ma garde, pour me torturer avant de m'abattre d'une balle dans la tête.
Je souffle un coup, mais l'air ne parvient pas à soulager la pression dans ma poitrine. J'ouvre la portière lentement, recouvrant mon uniforme d'une veste noire, cachant le plus possible les signes de mon appartenance à la police. Je garde ma main près de ma ceinture, où mon arme est accrochée, prête à dégainer à tout moment. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser. Chaque pas que je fais vers la porte d'entrée semble plus lourd que le précédent.

VOUS LISEZ
HEART (T1)
Mystère / ThrillerLa petite Fouine Un intrus. Un parfum boisé, avec une touche de framboise masquée. Toujours ce sourire figé, effrayant, plaqué sur son visage comme une malédiction. Je suis prise dans sa toile, incapable de m'en défaire, et pourtant... je suis irrév...