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PROLOGUE

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Jill Klein - août 1997

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Friday night and everyone′s moving

I can feel the heat but it's soothing

Je bougeai la tête au rythme de la musique qui passait dans mon discman. J'étais concentrée sur ce qui m'attendait à la fin de cette chanson. Je tapotai le bout de mon épée au creux de la paume de ma main en attendant de pouvoir enfin aller chercher ce que je devais prendre.

Une main se posa sur mon épaule et je regardai alors une blonde qui avait deux tresses. Elle avait les yeux bleus maquillés de noirs et une tenue beaucoup moins couvrante que la mienne. Elle avait un short en jean dont l'extrémité était déchirée et un tee-shirt court avec écrit « American girl » au centre.

Comme si Meryl Wilson avait besoin de rappeler de quelle nationalité elle était alors même qu'elle portait le mépris du monde sur son visage rond. Elle se sentait supérieure à tout le monde, mais la seule trace de son passage dans cette compétition était le pass accroché autour de son cou.

Elle s'était faite éliminer quatre heures plus tôt aux portes des demi-finales. Elle était alors repassée dans notre chambre d'hôtel à quelques minutes du lieu de la compétition, pour se doucher, se changer et revenir me voir.

En Autriche ce jour-là, nous n'étions que trois américains, Brett qui allait concourir d'ici peu pour la première place était le seul garçon à avoir réussi à se hisser suffisamment haut dans la compétition de notre zone géographique pour être à Vienne. Nous étions les meilleurs de notre pays paraissait-il, mais nous avions tous les droits doutés de cette affirmation. Particulièrement en voyant le niveau de nos adversaires.

Je retirai mes écouteurs pour écouter cette fille me parler :

— Tu dois la battre.

— Je vais la battre.

Je n'étais en lice que pour une médaille de bronze, mais pour nous, c'était beaucoup, avec Meryl nous n'avions que dix-sept ans, nous avions été surclassée en Junior pour tenter de maximiser les chances de victoire du pays dans les compétitions internationales.

Les français ou européens monopolisaient le plus souvent les podiums. Aux Jeux Olympiques précédents, les premières avec des femmes pour une épreuve d'épée, c'était deux françaises qui étaient repartis avec l'or et l'argent laissant à une hongroise la médaille de bronze.

Il y avait une place à faire aux américains dans cette discipline et mon entraîneur avait l'air de penser comme moi. J'avais passé l'année à préparer tous les championnats possibles pour me hisser le plus haut niveau possible et qu'on me remarque, ce qui avait fonctionné.

J'étais sur une ligne droite qui pouvait me mener à Sydney trois ans plus tard. Mais voulais-je vraiment les faire ? C'était une question que je n'avais pas véritablement le temps de me poser ces derniers mois.

— Eh, lança Meryl en me poussant légèrement. Je compte sur toi pour avoir cette médaille de bronze !

— Tu peux continuer de compter sur moi.

Elle hocha la tête avant de se lever pour repartir en boitant légèrement. Elle s'était blessée et à présent, je devais me battre seule. J'avais toujours l'impression qu'elle méritait beaucoup plus sa place que moi.

Je rangeai mes affaires pour commencer à m'avancer en direction de la piste. Je continuai de modeler ma lame pour qu'elle soit plus simple à manier et comme je l'appréciai. Avec l'épée, on ne pouvait que toucher avec la pointe de celle-ci au contraire du sabre qui permettait la touche par la point, le tranchant, le dos ou encore le plat de la lame. Alors qu'avec le sabre la touche devait se faire sur toute la zone au-dessus du bassin à l'exception des mains et que le fleuret ne permettait de le faire sur le tronc, l'épée quant à elle comptait les touches peu importe la partie du corps qui étaient touché.


J'avais connu l'escrime le jour où Scotty Senior Anderson, le père de mon meilleur ami, m'avait gardée pendant que ma mère avait emmené mon frère chez le médecin. Il nous avait alors emmené aux entraînements d'escrime qu'il donnait.

Son fils n'avait pas suivi cette voie. Il avait choisi le football américain, ce qui n'avait rien de particulièrement surprenant comme sport. Mais moi, j'avais continué.

Des années plus tard, j'étais à Vienne avec lui comme coach en train d'essayer d'avoir cette médaille de bronze qui pourrait véritablement me faire une place.

La hongroise en face de moi était redoutable. Elle était rapide, précise et extrêmement souple. Je ne savais pas comment je devais faire pour remonter les cinq points qu'elle avait gagnés.

Je me concentrais, j'analysais. Je parais en essayant de la toucher avec le bout de mon épée.

Ma pointe toucha son épaule et le point me revînt. Je commençai alors à me détendre. Je pouvais largement le faire. J'allais y arriver, gagner et une fois que cela serait fait, je repartirai avec ma médaille.

Je remontai rapidement mes quatre derniers points d'écart et commençai à la distancer de deux points.

On annonça alors la fin de notre combat et je retirai mon casque en souriant. Je saluai mon adversaire qui n'avait pas franchement l'air heureuse de me voir repartir avec la médaille et je descendis de la piste avant de prendre mon entraîneur dans mes bras.

— Je savais que tu pouvais le faire, me souffla-t-il la voix pleine de fierté.

Je m'écartai de lui et mon regard croisa d'abord celui de Meryl, puis de Brett. Je me mis à avoir une espèce de nostalgie. Je n'étais pas encore partie que la parenthèse autrichienne me manquait déjà.

J'allais rentrer dans mon pays, retourner dans ma ville et reprendre ma vie. C'était ma dernière année avant l'université. Et c'était peut-être la plus terrifiante de ma vie.

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Hello, hello ! 

Nous voici parti pour cette nouvelle aventure.

Pour l'accompagner, j'ai décidé de changer tout l'aesthetic de mon compte.

Cette histoire se déroule à la fin des années 90. J'ai toujours rêvé d'écrire dans ces années-ci.

Au programme, des secrets, des doutes, et des amours. 

Concernant la fréquence des posts, je vous publierai un chapitre par semaine, les dimanches à 18h30. Ayant cours et n'ayant absolument pas terminé d'écrire l'histoire de Jill, si je ne peux pas vous poster de chapitre je vous avertirai via Instagram (unfadedthorns).

Alors à la semaine prochaine. Prenez soin de vous !

🧚‍♀️

THE MIDNIGHT JOURNALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant