𝕴𝖓 𝖙𝖍𝖊 𝕾𝖍𝖆𝖉𝖔𝖜𝖘 𝖔𝖋 𝖄𝖔𝖚𝖗 𝕳𝖊𝖆𝖗𝖙 | 𝕲𝖊𝖓𝖞𝖆 𝖝 𝕽𝖊𝖆𝖉𝖊𝖗

Chapitre 14 : Le chant des ombres

La forteresse devant vous se dressait comme une aberration au milieu de la forêt. Ses murs noirs, comme forgés dans les ténèbres elles-mêmes, semblaient absorber la lumière autour d'eux. Un malaise palpable planait dans l'air, et chaque pas que vous faisiez en direction de l'entrée alourdissait ton cœur d'une appréhension croissante.

"Restez sur vos gardes," ordonna Shinobu, son ton plus froid et tranchant qu'à l'accoutumée.

Genya était juste à côté de toi, ses muscles tendus, prêt à réagir au moindre danger. Son regard fixait l'entrée massive, mais tu pouvais voir dans ses yeux qu'il pensait à plus que la simple bataille à venir. Il semblait distant, comme s'il se préparait à quelque chose d'encore plus lourd.

La mission était simple en apparence : vous deviez éliminer un démon de haut rang qui contrôlait ce lieu. Cependant, tout dans cet endroit criait le piège. L'air autour de vous semblait se contracter, et même la nature paraissait étouffée par la présence maléfique qui émanait de la forteresse.

Vous entrâtes dans le bâtiment en silence, vos pas résonnant à peine sur le sol de pierre froide. Chaque couloir était plongé dans une semi-obscurité, les murs ornés d'étranges symboles démoniaques, qui semblaient pulser comme s'ils étaient vivants.

"Cet endroit est maudit," murmura Genya à voix basse, son ton grave.

Les pièges n'étaient pas uniquement physiques. Les esprits de chacun étaient mis à l'épreuve, comme s'ils étaient plongés dans une brume mentale où les pensées les plus sombres refaisaient surface. Chaque murmure dans les ombres semblait raviver les doutes et les peurs que tu pensais avoir laissés derrière toi.

Alors que vous avanciez prudemment dans les couloirs sinueux, un rire caverneux résonna dans l'air, glaçant le sang dans tes veines. Le démon que vous recherchiez n'était pas simplement un adversaire à abattre. C'était un stratège cruel, un maître des illusions, qui jouait avec vos émotions.

Des images familières commencèrent à surgir autour de vous. Des souvenirs, déformés, projetés comme des ombres mouvantes sur les murs de la forteresse. Tu vis des bribes de ton passé, des moments heureux transformés en cauchemars grotesques. Mais ce n'était rien comparé à ce que Genya semblait voir.

Tu te retournas et le vis, immobile, le visage crispé par la douleur. Devant lui, une silhouette sombre se matérialisait, une vision de son passé. C'était Sanemi, son frère, mais pas comme tu l'avais vu auparavant. Cette version de Sanemi était cruelle, méprisante, crachant des mots de haine.

"Tu n'es qu'un poids mort, Genya. Toujours à essayer d'être à la hauteur... Mais tu ne seras jamais assez fort. Jamais assez bon."

Ces mots transperçaient l'air, résonnant dans la tête de Genya comme un coup de marteau. Il serra les poings, ses jointures blanchissant sous la pression. Tu savais que c'était un piège, une illusion créée pour le briser, mais l'impact sur lui était évident.

"Genya, ce n'est pas réel," dis-tu, tentant de briser l'emprise de cette vision sur lui. "C'est un tour du démon, tu ne dois pas l'écouter."

Il grogna, sa voix rauque de frustration. "Je le sais... mais c'est tellement... réel."

Tu savais que ces paroles résonnaient avec les insécurités les plus profondes de Genya, ses blessures non guéries liées à sa relation compliquée avec son frère. Ce moment était un test, non seulement de sa force physique, mais aussi de sa force mentale. Tu posas doucement ta main sur son bras, espérant lui transmettre un peu de ta propre certitude.

"Tu n'as rien à prouver à personne, Genya," murmuras-tu. "Pas même à lui."

Les mots semblèrent atteindre quelque part en lui, une lueur de compréhension perçant à travers le voile de l'illusion. Il ferma les yeux un instant, respirant profondément, puis lorsqu'il les rouvrit, la vision de Sanemi s'était dissipée. Il se redressa, son visage dur, mais son regard plus clair.

"Merci," murmura-t-il, avant de reprendre son épée, prêt à continuer.

Le démon se jouait de vos faiblesses, cherchant à vous briser avant même d'entamer un combat direct. Mais vous étiez plus forts que cela. Ensemble, vous pouviez surmonter ces illusions.

Alors que vous progressiez plus profondément dans la forteresse, l'air se fit encore plus oppressant. Il ne restait plus que l'obscurité la plus complète devant vous. Et dans cette obscurité, le démon attendait. Tu pouvais sentir sa présence, lourde, presque palpable, comme une ombre qui se mouvait dans les ténèbres, prête à vous engloutir.

Soudain, sans prévenir, il attaqua. Des griffes sombres se lancèrent vers vous, rapides comme des éclairs. Genya se mit immédiatement en action, déviant les coups avec une précision féroce, ses muscles tendus par l'effort. Toi aussi, tu te jetas dans la bataille, ton corps réagissant instinctivement.

Le combat fut brutal. Le démon, un être immense à l'apparence de bête, frappait avec une force surhumaine, mais sa véritable arme était sa capacité à manipuler les ombres. Chaque coup que vous portiez semblait s'évaporer dans le néant, et ses attaques surgissaient de toutes parts.

Mais malgré l'intensité du combat, vous gardiez votre concentration. Genya, avec sa rage contrôlée, réussit à briser l'une des défenses du démon, créant une ouverture. Ensemble, vous en profitâtes pour l'attaquer de toutes parts, coordonnant vos mouvements avec une précision parfaite.

Dans un dernier hurlement, le démon tomba. Genya, essoufflé mais victorieux, planta son épée dans le sol pour s'appuyer, ses épaules tremblantes de l'effort. Tu te tenais à ses côtés, ton corps en sueur mais intact, partageant ce moment de triomphe silencieux.

Vous aviez réussi à éliminer une autre menace. Mais à quel prix ? Chaque bataille semblait peser un peu plus sur Genya, et tu voyais bien que les blessures de son esprit étaient aussi profondes que celles de son corps. Pourtant, il était toujours debout, toujours prêt à se battre, et tu savais qu'il ne faillirait jamais à protéger ceux qu'il aimait.

Alors que vous quittiez la forteresse, un silence lourd régnait. Tu savais qu'il y avait encore tant à affronter. Mais en cet instant, tu étais simplement reconnaissante que vous soyez tous les deux en vie, et que, malgré tout, vous étiez ensemble.