Chapitre 4 : Ami(e)s

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Maiko Takeda

??? - ???

Où suis-je ?

Tout autour de moi était flou. Je savais seulement une chose : je marchais. Chaque pas que je faisais m'entraînait plus profondément dans l'obscurité.

J'étais seule. Je me sentais seule. Et la peur me nouait l'estomac.

Où vais-je ?

Il n'y avait aucun bruit. Le son de mes pas était étouffé, ne parvenant pas vraiment à mes oreilles.

Soudain, un miroir surgit devant moi. Il m'obligea à m'arrêter net, à me confronter à mon reflet. Celui d'une fillette. Je devais avoir six ou sept ans.

Non... pas ça.

L'endroit était si silencieux que ce vide sonore commençait à devenir trop bruyant, assourdissant. Dans cet océan de pénombre, le seul point de clarté était mon visage effrayé.

Mais cette solitude fut brisée par une présence derrière moi. Une silhouette, visible dans le miroir, s'approchait lentement. Je voulais me retourner, mais mon corps restait figé. Comme si j'en étais prisonnière, j'étais contrainte d'attendre que l'identité de cette personne se dévoile à moi.

Qui est-ce ?

Je n'entendais rien. Le miroir était mon unique repère. Seul indicateur quant à la distance me séparant de cette silhouette. Elle se rapprochait, centimètre par centimètre, et chaque seconde qui passait me paraissait une éternité.

C'est lui ? Il revient me voir ?

Non, il t'a abandonnée, Maiko. Comme les autres. Ils finissent toujours par partir.

La silhouette était presque visible.

C'est maman ?

Maman est morte, Maiko.

Un rire froid, bas et sinistre, emplit l'espace. La silhouette parlait enfin, mais sa voix semblait venir de partout à la fois.

– J'arrive, Maiko. Attends-moi. J'arrive... Je suis juste là.

Au prononcé de ces mots, une terreur glaciale s'empara de moi, paralysant chaque fibre de mon être. Il fallait que je m'échappe, que je fuie au plus vite.

Suis-le, Maiko.

Qui ? J'ai peur. Aide-moi.

Le fil. Le fil rouge.

Soudain, un fil rouge apparut devant moi. Le miroir avait disparu, remplacé par ce fil qui semblait sortir de mon ventre et s'étendre à perte de vue devant moi.

Je ne pouvais pas le toucher. Il existait sans exister.

Suis-le, s'il te plaît. Il te sauvera.


°°°


Bip... Bip.... Bip...

Je me réveillais en sursaut, le visage trempé de sueur. Encore ce rêve... ou plutôt, ce cauchemar.

À chaque fois, je me retrouvais prisonnière de mon corps d'enfant, dans le noir, avant que quelqu'un se mette à me poursuivre. Ce qui me troublait le plus, c'était que je pouvais communiquer avec moi-même, me disant de suivre le fil, sans vraiment comprendre pourquoi.

Parfois, je ne savais plus qui j'étais. Je ne savais plus si j'étais la moi du présent ou bien si j'étais celle du passé. Tout se mélangeait.

J'étais convaincue que ce fil rouge me sauverait, car il était le seul moyen de me réveiller et d'échapper à cette silhouette.

Le Fil Rouge | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant