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Elle ne voit pas. Elle entend mais elle ne voit pas.
Il pleut, mais elle ne voit pas la pluie. Elle la sent sur sa peau, sur ses vêtements. Elle entend des cris. Elle entend des grognements. Elle entend des plaintes. Elle entend des supplications.

Elle l'entend. Elle entend le démon qui ordonne qu'on les tue. Elle entend les lances qui accompagnent la pluie battante. Elle entend la chair se distordre. Se faire trancher. Se faire goûter. Se faire dévorer.

Elle entend les morsures. Les pleurs. Les ailes des assaillants qui battent le vent pour s'envoler. Elle entend les femmes supplier qu'on épargne leurs enfants. Elle entend les nourrissons hurler. Elle entend les amoureux se faire une dernière preuve d'amour.
Elle entend les pieux prier leur.s dieu.x en les implorant d'épargner tous ceux qui le méritent. Elle entend les rires du Démon. Ses pas.

Elle danse sous la pluie. Seule. Mais une main vient se poser sur la sienne. Une autre sur ses hanches. Elle ne les connait pas, ces mains.
Elle sent son souffle. Un souffle chaud qui sent la cannelle. Et elle danse avec lui. Sans s'arrêter. Sans faire attention aux massacres. Elle ne les ignore pas, car elle les entend, mais elle danse avec la pluie. Elle sent que celui ou celle qui danse avec elle se débrouille bien. Elle le sait.

Puis elle sent le sang chaud couler sur ses vêtements. Elle sent sa chair et ses tripes être aux contacts de l'air et de la pluie. Elle sent la lance qui la transperce. Elle ne supplie pas. Elle supporte. Elle suffoque. Elle se sent partir. Elle part. Elle tombe. Non, iel l'accompagne. Elle tombe tout doucement. Elle meurt.

Elle est morte. Elle est morte. Et elle ne manquera à personne car ces personnes sont mortes.

Elle est morte et restera dans l'oubli.

Les contes de l'OmégaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant