Chapitre 1 : Blue

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Je me tenais dans ma chambre, les yeux perdus dans les détails familiers de mon univers. À travers la fenêtre, je voyais les premiers rayons du matin percer les nuages, annonçant le début d'une nouvelle aventure. L'odeur du café fraîchement préparé par mon père flottait encore dans l'air, une odeur que je savais que je vais tellement regretter. À 19 ans, j'ai toujours vécu sous la protection de mon père. Ma mère est décédée quand j'étais très jeune, en me laissant avec des souvenirs de son sourire, des éclats de rire et son parfum au Monoï. Notre maison a toujours été chaleureuse et sécurisante. Même après la mort de ma mère. Mon père a appris à combler ce vide en me donnant une vie pleine de joie et d'épanouissement. Ce qui a forgé un lien indéfectible entre nous.

Aujourd'hui, je m'apprête à quitter la maison pour aller étudier en France, un pays que je ne connais qu'à travers les histoires de mes parents. Ils se sont rencontrés à Toulouse et leur récit ont toujours nourri mes rêves d'aventure et de me plonger dans l'univers de l'art. Une passion que j'ai cultivée depuis mon enfance, je me rappelle encore d'avoir dessiné sur les murs de ma chambre avec le rouge à lèvres de ma mère. Elle y tenait tant, ce jour-là je me souviens encore de son visage qui blêmit lorsqu'elle vit le rouge sur les murs. Je ne sais pas si c'est la vue de mes œuvres d'art sur les murs qui l'énerva le plus ou le fait que j'ai utilisé son rouge à lèvres le plus cher, ces souvenirs sont à tout jamais gravés dans ma mémoire.

Lorsque mon ventre m'ordonna de descendre pour aller chercher quelque chose à manger, je vis mon père, debout dans la cuisine, t'entends de cacher son anxiété. Je me retrouvais assise à la table de la cuisine. La pièce, baignée dans la douce lumière du matin, semblait empreinte d'une sérénité que je peinais à trouver en moi. Mon père était en train de préparer le petit déjeuner : des pancakes moelleux nappés de sirop d'érable, accompagnés de fruits frais coupés en tranches, et un café avec une touche de lait. Les arômes familiers remplissaient l'espace, me rappelant tant de matins passés ensemble.

Il posa les plats sur la table avec un sourire fatigué mais chaleureux. « J'ai préparé ton petit-déjeuner préféré » dit-il, en me tendant une assiette. « Je voulais que ce soit un bon départ pour toi. » Je lui rendis son sourire et pris une bouchée, savourant le goût réconfortant des pancakes. « C'est parfait, papa. Tu sais toujours comment préparer exactement ce qu'il faut pour affronter la journée. » Nous mangeons en silence pendant quelques instants, chacun perdu dans ses pensées. La pièce était remplie du doux murmure de la radio en arrière-plan, joint des morceaux que nous avions souvent écoutés ensemble. Mon père jetait de temps en temps des regards furtifs vers moi, ses yeux trahissant sa mélancolie qu'il essayait de dissimuler.

« Tu penses à quoi, papa ? » Demande-je , cherchant à briser le silence, devenu presque pesant, il soupira doucement, repoussant sa fourchette. « Je pense à combien je vais m'ennuyer. Les matins comme ceci, je les ai toujours chéri, ils m'ont permis de voir grandir une jeune femme incroyable. »

Touché par ses mots, je posais ma fourchette. « Tu sais tout ce que je suis, je te le dois, ta présence constante et ton soutien m'ont donné la force de poursuivre mes rêves. » Il inclina la tête, visiblement ému. « Tu sais, tu ressembles de plus en plus à ta mère. » Il sourit tristement, ses yeux brillants de larmes qu'il s'efforçait de retenir « Pas seulement physiquement... C'est dans ta force, dans la façon dont tu te tiens face à moi. Elle avait aussi cette détermination, cette lumière dans les yeux qui m'a fait tomber amoureux d'elle. »

Je sentais un poids se former dans ma poitrine. J'avais toujours voulu ressembler à ma mère, mais l'entendre ainsi de la bouche de mon père, c'était différent.Nous avons continué à manger, nos conversations devenant plus légères, essayant de profiter du temps qu'il nous restait avant mon départ. Le petit déjeuner devint un moment précieux, une occasion de partager des souvenirs et des encouragements, tout en sachant que nos vies allaient bientôt prendre des chemins séparés.

Quand nous eûmes fini de manger, je me levai pour débarrasser la table. Mon père m'aida à ranger les plats, et nous lavâmes la vaisselle en silence, essayant de profiter des dernières minutes de ce rituel quotidien qui allait bientôt changer. « Tu as besoin d'aide pour tes valises ? » Demanda-t-il finalement, alors que nous essuyions les assiettes.

Je jetai un coup d'oeil vers la porte de la cuisine, pensant à la chambre où j'avais laissé mes affaires en désordre. « Je pense que je vais m'en occuper seule. Je veux m'assurer que tout est prêt avant de partir.» Il hocha la tête, un sourire doux aux lèvres. « D'accord. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là » Je lui rendis son sourire, puis montai les escaliers pour rejoindre ma chambre. La pièce était en désordre, avec des vêtements éparpillés et des affaires entassées.

Je pris une profonde inspiration et commençai à faire mes valises, chaque objet que je rangeais dans ma valise semblant symboliser une partie de mon passé que je laissais derrière moi. En pliant soigneusement mes vêtements, je repensai à tous ces moments passés avec mon père, les discussions du matin, les rires et les silences partagés. Chaque détail me rappelait combien il avait été important dans ma vie et combien il allait me manquer.

Je jetai un dernier regard autour de ma chambre, essayant de mémoriser l'odeur, la lumière et le calme de ma chambre qui avait été mon refuge. Lorsque ma valise fut enfin prête, je descendis les escaliers pour une dernière étreinte avec mon père. Il était là, dans l'entrée, les yeux brillants d'une fierté et d'une tristesse mêlées.

« Je ne sais pas comment je vais faire sans toi Ray » me dit-il, la voix tremblante

« Cette Maison va me sembler si vide, sans toi. »

Je le regardais avec une tristesse partagée. « Papa, je reviendrai. Ce n'est pas un adieu pour toujours, juste un au revoir. Je dois suivre mes rêves, et je sais que tu m'as préparé pour cela. »

Le cœur lourd, le moment était venu pour nous de nous dire au revoir et je savais que cette séparation était aussi difficile pour lui qu'elle ne l'était pour moi, je le regardais, tentant de trouver des mots pour exprimer tout ce que je ressentais.

Les yeux brillants de larmes qu'il essayait de contenir. Avec une tendresse infinie, il m'a pris dans ses bras. Je me laissais envelopper par cette étreinte qui a toujours été une source de réconfort pour moi. Ces bras si familiers et protecteurs, me serrèrent fort contre lui. « Je suis tellement fier de toi. », murmura-t-il, la voix chargée d'émotion. « Parfois, je me demande si je t'ai bien préparé pour le monde extérieur. »

Je sentais son cœur battre contre le mien, le rythme régulier de sa respiration, apportant une étrange forme de sérénité dans cette séparation imminente. Ses mains, usées par le travail, mais toujours aussi délicates, se posèrent doucement sur mon dos, me transmettant un sentiment de sécurité et de gratitude pour chaque instant passé ensemble. Ces lèvres effleurèrent le sommet de ma tête dans un geste qui mêlait tendresse et au revoir.

Dans ce silence partagé, j'entends les mots, non dits qui raisonnaient dans son étreinte : des promesses d'amour éternel et des souhaits de succès, des regrets de ne pas pouvoir être près de moi pour soutenir chaque étape de ma vie.

Le taxi est chargé de mes affaires, les dernières préparations terminées. J'ai pris soin de garder quelques souvenirs précieux : des croquis d'enfance, des livres d'art et des lettres de mon père à ma mère. Tout cela m'accompagnera dans mon voyage, un dernier baiser sur la joue de mon père. Je me installe enfin dans le taxi, je prends une grande respiration prête à affronter l'inconnu.

Le Temps des SentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant