Le Temps des Sentiments

Chapitre 5 : Zaïn

Depuis que j'ai quitté San Francisco, ma vie a changé. Les rues en pente de la ville avec l'air frais de l'océan me manquent... ces différents endroits sont chargés de souvenirs. Mais Toulouse, c'est autre chose. C'est plus calme, plus doux. Les gens sont accueillants avec leur accent qui m'amuse et la ville a une chaleur qui me plaît particulièrement. J'ai pris mes marques même si  parfois, je pense à ce que j'ai laissé derrière.

Ce matin-là, je traînais devant un match de rugby à la télé, sans grande conviction. Mon téléphone a vibré sur la table basse. J'ai jeté un coup d'œil : Alexis.

Je l'avais rencontré lors de ces nuits où je sentais le besoin de m'évader. J'avais enfilé un simple tee-shirt noir avec un jean tout aussi noir ainsi que mes bonnes vieilles bottes, j'attrapai mes clés et quittai l'appartement sans réfléchir. J'avais entendu parler d'une soirée qui se déroulait dans l'une des villas les plus chères de Toulouse, un lieu où seules quelques personnes triées sur le volet étaient invitées. Le genre de fête où les apparences comptaient, où tout le monde cherchait à impressionner. Ce n'était pas vraiment mon style, mais ce soir-là, j'avais besoin de quelque chose de différent.

Je conduisis jusqu'à la villa, un bâtiment moderne qui surplombait la ville. Les lumières vives et les voitures de luxe garées à l'extérieur étaient censées impressionner, mais pour moi, c'était plus une formalité. Une fois arrivé, je me garai un peu plus loin, descendis de la voiture et me dirigeai vers l'entrée. Un videur imposant surveillait les allées et venues. En me voyant approcher, il me fit simplement un signe de tête et me laissa entrer.

Je me dirigeai directement vers le bar, commandai un verre de Whisky et observai la foule d'un œil détaché. 

En scrutant la pièce, je vis un homme tendant discrètement un petit sachet blanc à une femme, tout en lui chuchotant quelque chose à l'oreille. Je suivis la scène du regard, non pas avec surprise, mais avec une curiosité tranquille. Les soirées comme celle-ci avaient souvent leur lot de transactions discrètes.

L'homme se tourna vers moi et nos regards se croisèrent. Avec un sourire en coin, il s'approcha.

 «Alors, t'as vu quelque chose d'intéressant ? demanda-t-il d'une voix grave, légèrement amusée. »

Je le regardai calmement.

«Je me demande juste ce que tu fais ici, répondis-je, ma voix se mêlant au brouhaha ambiant. »

Il éclata de rire, sans sembler perturbé.

«C'est juste des affaires. Mais si tu cherches à te distraire, pourquoi ne pas boire un coup avec moi ? »

Je réfléchis un instant, puis acceptai.

«Pourquoi pas. En échange, dis-moi, pourquoi tu deals ces trucs dans les soirées ? demandai-je, le regard toujours fixé sur lui »

Il sembla réfléchir un instant avant de répondre, un sourire amusé aux lèvres.

«Tu sais, ce n'est pas vraiment pour l'argent, expliqua-t-il en jouant avec le verre qu'il tenait. C'est plus pour le frisson, l'excitation. Dans ce milieu, il y a toujours des choses intéressantes à découvrir, des gens à rencontrer. C'est un jeu, une manière de pimenter les soirées. »

Je le regardai, un peu sceptique.

«Donc, tu n'as pas vraiment besoin d'argent ? »

Il secoua la tête.

— Non, pas vraiment. Je viens d'une famille qui n'est pas à plaindre, et je ne fais pas ça pour vivre. Pour moi, c'est juste un passe-temps. J'aime bien jouer avec les limites, voir jusqu'où je peux aller.