Chapitre 4

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La salle de classe d'Histoire de l'art magique était toujours ensoleillée et colorée grâce à ses vitraux. Les murs étaient recouverts de tapisseries, représentant des scènes enchantées où des créatures légendaires évoluaient au rythme des saisons. Ce jour-là, chaque élève se tenait devant un objet ancien, posé sur un socle de pierre. A l'ordre du jour : une épreuve où ils devaient apprendre à manipuler la magie à travers l'art ancien, sous l'œil vigilant de créatures éthérées.

Ewen, debout devant un petit coffret d'ébène orné de runes dorées, sentait une étrange vibration émaner de l'objet. À ses côtés, une petite fée, aussi fine et délicate qu'un souffle de vent, flottait dans l'air, ses ailes iridescentes battant doucement. Elle était là pour vérifier que la fluctuation magique des élèves ne dépasse pas les limites tolérables, sous peine de causer des dommages irréparables aux objets antiques qu'ils étudiaient.

« Concentre-toi sur ce que tu ressens en tenant l'objet, Ewen, » murmura la fée, sa voix cristalline aussi douce qu'un tintement de clochettes. « Ne force pas la magie, laisse-la couler à travers toi comme un courant d'eau tranquille. »

Ewen inspira profondément, essayant de calmer le tumulte dans son esprit.

« Tu sens ça ? » demanda-t-elle « Ce coffret porte les traces d'une magie ancienne, un enchantement tissé il y a des centaines d'années. Si tu écoutes bien, tu pourrais percevoir l'histoire qu'il veut te raconter. »

Ewen hocha la tête, concentré. Il ferma les yeux, laissant sa magie se fondre dans celle de l'objet. Peu à peu, des images brouillées envahirent son esprit : des bruits métalliques, des voix lointaines, et la sensation d'être dans un endroit enfoui sous la terre. Il vit un homme, peut-être un chevalier, refermant précieusement le coffret avant de le cacher. Mais avant qu'il puisse saisir pleinement la vision, la fée à ses côtés agita ses ailes frénétiquement.

« Attention ! » s'exclama-t-elle avec une pointe d'inquiétude. « Ta magie fluctue trop vite, tu risques de perturber l'enchantement. »

Ewen ouvrit brusquement les yeux, sentant son pouvoir vaciller et s'échapper. Il prit une grande respiration pour retrouver son calme. Le coffret trembla légèrement et se brisa. Aelia, toujours à ses côtés, croisa les bras et le regarda avec un sourire indulgent, contrairement aux chuchotements moqueurs de ses camarades.

« Tu as un don rare, Ewen, » dit-elle doucement. « Mais ce pouvoir, aussi fascinant soit-il, est capricieux. Il demande de la maîtrise. »

Ewen fronça les sourcils, frustré de ne pas pouvoir contrôler pleinement ce qu'il voyait. « Mais pourquoi je ne peux pas aller plus loin ? Ça m'échappe toujours... »

La fée, qui avait repris son calme, se posa doucement sur l'épaule d'Ewen. « La magie n'est pas une simple force que l'on commande. C'est une danse, un équilibre entre toi et l'objet. Tu ne peux pas forcer la magie à te révéler ses secrets, tu dois l'inviter à te les montrer. »

Le cours se termina sur cette phrase.

Le jour suivant, Ewen qui avait réfléchi toute la nuit, se sentait encore étranger à l'Académie, comme s'il avait été jeté dans un monde auquel il n'appartenait pas. Seul, assis sur un banc de la cour centrale, où les élèves les plus talentueux se rassemblaient avant les cours. Il les observait discuter, certains échangeant des éclats de rire, d'autres exhibant discrètement leur maîtrise de la magie.

À côté de lui, un groupe d'élèves attirait particulièrement l'attention. Arthurin de Rochegarde, fils d'une lignée remontant aux chevaliers de la Table Ronde, il possédait le don de commander aux créatures magiques. On racontait que son lien avec les griffons était tel qu'il pouvait les appeler d'un simple murmure et les chevaucher à travers les cieux. À ses côtés, Céline de Clairval, jouait nonchalamment avec une petite flamme qui dansait au bout de ses doigts.

L'Académie de l'Egide d'AvalonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant