L'agent X

27 2 0
                                    

4 semaines plus tard

Le ciel s'assombrit rapidement, avalé par des nuages lourds et menaçants. Une odeur nauséabonde flotte dans l'air, une puanteur de chair en décomposition mêlée à celle du sang sec. Laly et moi avons quitté la maison au lever du jour, prenant la route en silence. Elle avance devant, son pas toujours rapide et assuré, tandis que je traîne légèrement derrière, mon esprit encore embrumé par la nuit agitée que nous avons passée.

Depuis que l’agent X a commencé à se répandre, tout n’est que chaos. Des rumeurs parlent d’un laboratoire, d’une fuite catastrophique. Personne ne sait exactement comment cela a commencé. Ce qui est certain, c’est que ceux qui sont touchés ne meurent pas tout de suite. Leurs corps pourrissent de l’intérieur, leur chair se décompose, mais ils continuent de marcher. Et la douleur… elle les rend fous. Ils deviennent des bêtes affamées, assoiffées de chair humaine.

Je n’ai encore jamais croisé un infecté, mais les histoires que j'ai entendues me suffisent pour que la peur ne quitte jamais mon esprit.

Nous marchons depuis des heures, le silence oppressant n’est troublé que par nos pas et le bruissement occasionnel des branches dans le vent. Je tente de ne pas trop penser à ce qui pourrait se cacher derrière ces bruits.

- On s'arrête ici pour la nuit ? demande Laly, pointant du doigt une vieille maison à moitié effondrée.

Je hoche la tête, trop fatiguée pour discuter. La cabane semble délabrée, mais encore solide. Laly s'avance, poussant la porte qui grince sinistrement. À l'intérieur, tout est poussiéreux, mais il n’y a personne. Pour l’instant.

Je m’assois dans un coin pendant que Laly vérifie les alentours. Elle revient après quelques minutes, me lançant un petit sourire rassurant.

- Tout est calme, dit-elle. On devrait être tranquilles.

Je veux la croire. Mais une angoisse sourde me ronge l’estomac.

Alors que le crépuscule tombe, un silence de plomb s'installe. Pas de cris, pas de bruits de bêtes cette fois, juste un vide terrifiant. Mais ce silence... il n'est pas naturel. Il y a quelque chose de profondément dérangeant dans cette absence totale de sons.

Et puis, je l'entends.

Un grognement. Lent, guttural, à peine perceptible, mais assez pour que mon sang se glace. Je me tourne vers Laly, qui a déjà ses yeux rivés vers la porte. Elle a entendu aussi.

- Tu crois que c’est... eux ? murmuré-je, à peine capable de prononcer les mots.

Elle ne répond pas. Ses yeux restent fixés sur la porte, comme si elle s’attendait à voir quelque chose entrer à tout moment. Le grognement se fait plus proche. Puis un autre bruit, plus distinct, comme un raclement sur le bois.

- On doit partir, dis-je, ma voix trahissant la panique qui monte en moi.

Mais avant qu'on puisse faire le moindre geste, la porte s'ouvre brusquement dans un grincement sinistre.

Ce que je vois dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer.

Une silhouette humaine se tient là, mais son corps est défiguré, pourri. La peau de son visage est en lambeaux, pendante, révélant des dents jaunies et tordues. Ses yeux, autrefois humains, sont maintenant d'un blanc laiteux, emplis d’une rage animale. De sa bouche coule une sorte de liquide noirâtre, et ses doigts déformés grattent la porte, comme s’il cherchait désespérément à entrer.

Je veux crier, mais aucun son ne sort de ma gorge.

Laly se redresse, son visage blême, la respiration saccadée. L’infecté avance d’un pas hésitant, son corps se balançant comme s’il allait s’effondrer à tout instant, mais il continue de venir. Plus il approche, plus l’odeur devient insupportable. L’agent X le dévore lentement, mais le maintient en vie juste assez pour qu’il puisse... chasser.

- Kath... murmure Laly, la voix brisée par la peur.

Mais je ne bouge pas. Je ne peux pas bouger. Mon corps est paralysé, figé dans une terreur primitive que je n'avais jamais ressentie auparavant. L’infecté tend une main vers moi, ses ongles noirs comme du charbon, dégoulinant d’un liquide visqueux. Il pousse un cri, un hurlement atroce, comme un animal blessé.

- KATH !

La voix de Laly me secoue enfin. Je me lève d’un bond et me précipite vers l’arrière de la maison, juste à temps pour échapper à l’étreinte de l’infecté. Nous courons, le cœur battant à tout rompre, mais il nous suit. Malgré sa chair qui tombe en lambeaux, malgré la pourriture qui le ronge, il continue à avancer.

L'agent XOù les histoires vivent. Découvrez maintenant