Néryia knox

BATAILLE

Ère X

Un champ de bataille, une guerre terrible, des clans ennemis se déchirent...

La brume s'étale sur les vallons comme un épais manteau permettant de recouvrir les corps décharnés qui gisent au sol. Le champ de bataille est silencieux, traduction de la mort ainsi que du chaos. Plus un seul souffle, encore moins des gasps ne rompent cette atmosphère glauque.

Plus haut, sur une colline surplombant ce désastre humain, Néryia du clan Knox épée à la main, reste prostrée, les yeux perdus dans le vide, le regard aussi éteint que l'horizon. Ce n'était plus son âme ni son cœur qui étaient brisés, mais sa vie entière. Plus jamais Néryia ne serait celle qu'elle a été, plus jamais elle ne vivrait avec l'insouciance d'antan. Des larmes sillonnaient son visage, lavant le sang des soldats morts sous son arme. Le pire est à venir, cette guerre ne fait juste que commencer. Ses prières sont adressées à Gueryopée, déesse de la guerre, de la vaillance.

Deux royaumes ennemis, une seule terre enviée. Se peut-il que ce carnage soit le dernier ? Néryia en doute.

Une légère brise souffle sur la peau de Néryia chassant les stigmates de son désarroi. Puis, comme un murmure lointain, une voix masculine lui fait détourner le visage de l'apocalypse ainsi que de son inconscience post-traumatique. Alkior, le chef de guerre de l'ordre noir, également roi de son peuple, s'approche. Cette silhouette vivante enchante Néryia tout autant qu'elle la bouleverse. Certes, elle ne l'avait pas perdu, il avait survécu, ils avaient survécu, néanmoins pour quel lendemain ? Elle espérait que bon nombre d'autres alliés allaient les rejoindre, bien que ce cimetière d'hommes laisse cependant présager beaucoup de pertes. Alkior s'avance tout doucement puis saisit avec douceur la main de Néryia. Ce contact chaleureux autant que tendre lui donne des frissons inattendus, il en est trop pour elle. Elle s'effondre au sol, telle une poupée de chiffon. Ses genoux s'entrechoquent contre la terre caillouteuse de la vallée, cependant elle ne ressent aucune douleur, car son corps est comme inhabité. Alkior s'agenouille aussitôt, puis l'étreint dans ses bras puissants ; cette accolade affectueuse amplifie son amertume, elle ne contient plus sa tristesse. Néryia se met à hurler contre son ami, chef des armées. Ce ne sont plus quelques larmes qui se déversent, mais des flots qui ravagent sa figure. Après plusieurs minutes de débordement évacuant son chagrin, Neryia se reprend puis se confie à son éternel ami :

— Alkior, excuse-moi de faiblir, cependant cette bataille est tellement impitoyable et inutile. J'aurais préféré ne jamais me relever. J'ai même prié les dieux pour m'éteindre avec notre peuple eafin de ne plus assister à un tel désastre. Pardonne-moi, mais je ne suis pas certaine d'être capable d'affronter le reste de cette tragédie. Combien de batailles allons-nous devoir conduire avant la paix ?

-Elle marque une légère pause, ébranlée par un spasme à la suite de ses pleurs-

— Si nous perdons, je ne veux pas voir ce que vont devenir nos vies. Pourquoi tant de barbarie ? N'avons-nous pas été assez cléments ? N'avons-nous pas été assez diplomates et équitables ? Pourtant, notre politique me semblait correcte et une opportunité pour tous.

— Néryia, tous ces morts sont à déplorer, mais la bataille en vaut la peine. Je t'en conjure, ne sois pas ni amère, ni dans le doute. Nous ne pouvons pas laisser prendre la terre de nos ancêtres, nous ne pouvons pas abdiquer et partir sur d'autres horizons. Je ne peux pas penser à une défaite, notre royaume, le cas échéant, sera réduit à néant et le fruit de l'arbre : mort. Les assaillants sont aveuglés par la possession de cet akène qu'ils ne pourront faire vivre sans toi. De plus, tu es résistante, Néryia, tu vas te relever, être encore plus combattante qu'aujourd'hui. La vie nous a gardés, alors nous nous battrons jusqu'à ce qu'il n'y ait vraiment plus d'espoir. Les dieux, nous aiderons et ta force ainsi que tes décisions nous porteront dans un avenir plus beau.