FIR3

Chapitre I

partie I : Suffoquer.

« Mélancolie d'un jour qui n'est jamais arrivé. »

Qu'est ce qu'il est beau, Sean.

Tous les regards sont braqués sur lui ; sur son visage finement dessiné où brillent deux billes d'un vert innocent, sous des cils blonds fournis.

De courts cheveux blonds sales savamment décoiffés surplombent sa haute silhouette athlétique qu'habillent les derniers vêtements à la mode.

Qu'est ce qu'il est beau...

Et qu'est ce que je suis pathétique à l'observer, seule dans mon coin, assise sur le bitume réchauffé par le soleil de juin, en compagnie d'amis qui n'en ont que le nom...

Jamais invitée aux sorties en groupe. Jamais dans la confidence quand un secret est révélé.

Je fais office de poteau compréhensif auquel on peut se confier quand ça ne va pas.

Et encore, si ils ne sont pas en train de me demander de leur finir leurs exercices durant les récréations.

Pas que j'ai de bonnes notes, au contraire, je suis une élève très moyenne...

Seulement, ça les arranges de les refiler à quelqu'un qui ne refusera pas.

Car je ne refuserai pas.

Quelle belle connerie vous me direz...

Enfin bon... Revenons à Sean.

Je crois qu'il ne connaît même pas mon prénom.

Le comble.

Mais si je ne vais jamais l'aborder, quoi d'étrange à cela ?

Lui, tout le monde sait qui il est.

Le beau blond de la terminale 2, gentil et serviable, humble et extraverti, issu de la famille la plus aisée de Los Angeles.

En bref il a tout pour lui.

Quand à moi, je ne suis qu'une fille parmi tant d'autre à être tombée sous son charme.

Quelle différence pour lui ?

De tout façon, je ne compte pas lui avouer mon béguin.

Personne ne me connaît, je ne suis au cœur d'aucune rumeur et c'est très bien comme ça .

C'est moi, la fille banale du lycée. Avec ses problèmes d'adolescente et ses complexes.

Aucun débordement, on reste dans le moule.

Au lycée, tu montres tes émotions, t'es foutu.

- Hé Léontine ! M'interpelle soudain Jane, une jolie brune aux dents du bonheur. J'organise une fête chez moi et tous les terminales sont invités ! Tu voudrais venir ?

Oh . C'est bien la première fois que je suis invitée ouvertement à un événement collectif .

Je ne connais pas Jane plus que ça, mais elle ne m'a jamais été hostile. Elle m'a même défendue deux ou trois fois durant le collège, période où je me faisait pas mal embêter.

Je papillonne des yeux avant de répondre d'une voix la plus claire possible :

- Ouais ! Avec plaisir ! C'est quand ?

Je n'ai jamais beaucoup apprécié les fêtes en grand groupe, mais c'est la fin d'année et tout le monde ira, je pense.

Être la seule à rester chez moi ne me fera pas sociabiliser.