Chapitre 2

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Deux ans plus tard

Gabriel avait passé une excellente journée au travail. Il venait de signer un contrat pour la gestion d'un parc informatique et grâce à cela son patron l'avait augmenté. Il progressait vite dans cette entreprise et bientôt, il aurait accès à la place qu'il visait : celle d'associé. D'après ses calculs, d'ici un an ou deux, il signerait un accord avec Marc.

Il salua la gardienne de son immeuble d'un signe de main et inséra sa clé dans la boîte aux lettres.

— Facture, facture et encore des factures. Tiens ?

Il retourna une lettre qui se distinguait des autres par le logo du cabinet d'avocats de son frère. Il fixa l'enveloppe comme s'il s'agissait d'une arme chimique sans l'ouvrir. Connaissant Henri, il pouvait y avoir tout et n'importe quoi à l'intérieur.
Gabriel entra dans son appartement et retira sa veste et ses chaussures. Il posa son courrier sur la table basse, sans l'ouvrir et alla se chercher une bière fraîche dans le réfrigérateur. Il but du bout des lèvres en jetant un coup d'œil au tas d'enveloppes, comme si à tout moment, elles pouvaient lui sauter à la gorge. Il avait l'impression d'avoir une épée de Damoclès pendue au-dessus de la tête et n'était pas sûr d'avoir envie de savoir ce que son frère lui voulait.

Le jeune homme s'accorda un moment de répit, le temps de prendre une douche et posa sa bouteille sur le comptoir de la cuisine. Gabriel se rendit dans la salle de bain afin de se détendre et d'enlever la crasse de la journée.

La météo était plus que clémente pour cette époque de l'année ; le soleil tapait fort sur les immeubles. C'était la fournaise dans son bureau, la vieille climatisation était trop bruyante pour être supportable et lui permettre de se concentrer tout l'après-midi. Il avait passé son temps à l'allumer et à l'éteindre.

— Et merde !

Gabriel avait tenté de faire fi du courrier en repensant à son après-midi, mais sa diversion ne dura qu'une seconde. Nu, il fit demi-tour et alla chercher cette maudite lettre, qu'il ouvrit sans aucune précaution, déchirant même un morceau du courrier.

— Maître Daniel bla bla bla vous convoque bla bla bla à un entretien le 14 juin. Non mais je rêve !

Il la roula en boule et la balança dans le salon, la faisant atterrir derrière la télévision. Ils ne s'étaient pas vus depuis des années et l'unique signe de vie qu'il donnait depuis tout ce temps était une convocation comme s'il était n'importe quel citoyen lambda.

Il semblerait que le balai que s'était enfoncé dans l'arrière-train son aîné le jour où il avait découvert l'homosexualité de Gabriel était encore enfoncé bien profondément dans son derrière d'avocat coincé.

Il secoua la tête et bâilla à s'en décrocher la mâchoire. Il se leva du canapé sur lequel il s'était finalement assis et alla prendre sa douche pour ensuite se coucher sans dîner. Ressasser le passé lui avait coupé l'appétit.

***

Gabriel leva le nez devant l'immeuble et soupira. Pourquoi avait-il accepté de le rencontrer ? Que pouvait-il bien lui vouloir ? Au départ, il avait tenté de convertir le rendez-vous par un entretien téléphonique, mais la secrétaire n'avait pu répondre favorablement à sa demande. Maître Daniel voulait le voir en personne.

De nature plutôt curieuse, Gabriel s'était donc retrouvé contraint de venir pour satisfaire sa curiosité. Il pouvait au moins féliciter son frère qui semblait se souvenir qu'il était plutôt du genre fouineur. Henri l'avait donc tout simplement attiré en l'intriguant par un courrier bidon.

Une chose était certaine, le jeune homme n'était pas là pour se réconcilier avec son frère. Ce n'était pas le genre d'Henri de revenir sur ses décisions ni celui de Gabriel de pardonner le chantage.

Une seconde chance (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant