Rihanna Velázquez
- Tout va bien s’arranger, mon amour, dis-je en caressant les cheveux de mon mari avant de me diriger vers la sortie.
- Reviens vite, s’il te plaît.
Je hoche la tête, sort de la maison, et entre dans la voiture de mon défunt ex-mari. Nous n’avions pas finalisé notre divorce avant qu’il ne perde la vie, et je dois avouer que j’ai fait en sorte de faire traîner les choses. Selon notre contrat de mariage, si nous divorcions, je n’aurais eu droit à aucun centime. J’ai donc tout fait pour que le divorce n'ait jamais lieu.
Il était convaincu que le divorce résoudrait nos problèmes, que cela apaiserait nos innombrables disputes. Mais, pour moi, la séparation était synonyme de perdre la vie confortable qu’il m’offrait.
En chemin, je m'arrête à la pharmacie pour acheter des médicaments et des bandages pour mon mari. Je remercie le ciel que Stephen ait laissé mon mari en vie. Il avait obéi aux ordres de son patron, et connaissant ce dernier, il aurait très bien pu demander notre mort. Être redevable à Leandro De Cruz est une dette que personne ne souhaite contracter. C’est comme devoir de l’argent au diable lui-même.
Je rentre à la maison. Mon mari est toujours affalé au sol, blessé.
- Je vais te changer le bandage, dis-je en commençant à nettoyer la plaie sur sa tête.
- Tu as fait le bon choix, dit-il en caressant ma main.
- À propos de quoi ?
- De ta fille. Elle ne servait à rien, juste à pleurnicher toute la journée. Nous sommes mieux sans elle.
- Oui, je sais... je l'ai fait pour nous sauver. J’espère que Leandro acceptera notre proposition.
- Je l’espère sincèrement.
Je désinfecte la plaie, et alors que je m’occupe de son épaule, l'inquiétude me submerge.
- Tu es sûr de ne pas vouloir aller à l’hôpital ?
- Et si les flics posent des questions sur mes blessures ? Que dirais-je ?
- On trouverait une excuse... mais si Leandro découvre qu’on lui ment, il ne nous pardonnera pas.
- Laisse tomber, Rihanna. On ne peut pas se permettre de prendre ce risque.
Je souffle doucement et termine de le soigner.
- Tu n’étais pas obligée d’être aussi gentille avec elle, reprend-il, parlant de ma fille.
- Je n’ai pas le choix, il fallait que je la convainque.
- De toute façon, elle n’avait pas d’autre option.
- C'est certain, elle finira par accepter.
- Et quand est-ce qu’on aura son héritage ?
- À ses 18 ans, nous aurons non seulement son héritage, mais aussi le mien.
- On sera riche.
Je le savais. Depuis le début, la richesse m’était destinée. Il fallait simplement de la patience. Mon défunt mari, bien que fortuné, avait partagé sa fortune entre notre fille et moi, à condition que la petite atteigne ses 18 ans.
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Le soir venu, après avoir aidé mon mari à s'installer sur le canapé, je me dirige vers la cuisine. Je m'attendais à ce que ma fille soit rentrée, mais ce n'est toujours pas le cas. C'est la première fois qu'elle reste dehors aussi tard.
Je fouille les placards pour préparer quelque chose à manger, mais tout est vide. Ça fait bien longtemps que je n'ai pas fait de courses.
À ce moment-là, j'entends la porte d’entrée claquer. Furieuse, je me dirige vers elle.
- Où étais-tu ? dis-je sèchement.
Elle a les yeux remplis de larmes, et ses vêtements sont sales, mais je n’en ai rien à faire.
- Je... je suis désolée.
- Tu traînais encore avec ces voyous de ton lycée, n'est-ce pas ?
- Non...
- Regarde son état ! Cela confirme tout ce qu’elle a dû faire pour rentrer aussi tard, intervient mon mari depuis le salon.
- Va te coucher, tu es fatigué, dis-je pour calmer la situation.
Il retourne dans le salon, et je reporte mon attention sur ma fille.
- Va te débarrasser de tout ça et fais-moi des courses. Tu es tellement inutile.
Je la regarde monter les escaliers, maladroite et lente, comme une vache. J’espère sincèrement que Leandro viendra la chercher rapidement.
Mon téléphone vibre, interrompant mes pensées. Je le décroche, et en voyant que c'est la directrice du lycée, je souffle d'exaspération.
- Allô ?
- Bonsoir, madame Velázquez. Désolée de vous déranger, mais je devais vous appeler.
- Qu’a-t-elle encore fait ? demandai-je, suspicieuse.
- Non, ne vous inquiétez pas, elle n’a rien fait. Aujourd’hui, Belle a été victime de harcèlement de la part de ses camarades. Je l'ai retrouvée seule...
- Elle va très bien, je vous remercie.
- Mais...
Je raccroche avant qu'elle ne puisse en dire davantage. Qu’elle soit harcelée ou non, cela ne change rien pour moi. Je n’ai ni l’envie ni le temps de m’inquiéter pour cette gamine.
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Alba
AdventureElle était Alba... la plus aimée. Mais quelques années plus tard, elle est devenue la plus détestée. La mort de son père n'était pas la pire des douleurs... Être vendue en échange des dettes de sa mère, c'était le pire.