Champ de bataille cérébral ~ Logan x Oscar

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Une dernière grande expiration et les lumières s'éteignent. La course commence. J'appuie de toutes mes forces sur la pédale d'accélération. Les doigts à l'arrière du volant, je suis prêt à passer les rapports. Mais rien ne se passe. La voiture ne bouge pas et, en une fraction de seconde, me voilà dépassé par les dix-neuf pilotes avec qui je partage le bitume. Ma respiration s'accélère. Je sens mon cœur battre contre mes tempes. Mes mains sont moites. Et je continue d'appuyer sur cette fichue pédale mais toujours rien. Merde !

—  Qu'est-ce qu'il se passe ? demandé-je à mon ingénieur de course à travers la radio.

La radio grésille mais aucune personne ne me répond. Je tourne la tête vers les stands, tous les mécaniciens ont disparu. Je suis seul. Une goutte de sueur coule le long de mon front. Je regarde autour de moi : aucun drapeau jaune, aucun drapeau rouge, aucun drapeau tout court. En fait, il n'y a plus personne, plus de commissaires de course, plus de public. Seulement moi, dans une voiture qui ne démarre pas à me demander pour quelle raison tout le monde a disparu.

Je me réveille dans un sursaut, en sueur. Je soupire, c'était encore un de ces cauchemars où je me retrouve immobile et bon à rien. Et encore, dans celui-là, tout le monde disparaissait. Mais dans certains, des rires, des moqueries recouvrent le moindre son. Dans certains, tout le monde me pointe du doigt sans pouvoir s'arrêter de rire.

Je me frotte le visage un bon coup pour bien reprendre mes esprits et me relève dans mon lit. Puisque je suis réveillé, autant que je commence à me préparer. Je sors du lit alors que la ville est encore endormie et que le soleil est toujours couché, et commence ma petite routine matinale  — ou nocturne selon la vision de chacun —. Après une petite douche, je m'habille et fait mon sac. Il ne me reste qu'à manger un morceau avant de me rendre au circuit.

Si j'arrive aussi tôt, je n'aurai pas à faire semblant devant les fans d'être au maximum du bonheur alors que je crains que tout s'arrête en une seconde.

Quand j'arrive au paddock, il est six heures du matin. Seuls quelques fans sont déjà sur place alors je vais les voir pour signer quelques casquettes mais je ne m'attarde pas. Arrivé au garage, je m'assieds et regarde distraitement la danse magnifiquement chorégraphiée des mécaniciens qui travaillent sur la voiture sûrement depuis cinq heures du matin. Je souris en pensant que ça me fait plaisir de savoir qu'ils n'ont pas disparu comme dans mon rêve.

~

Depuis que j'étais arrivé très tôt ce matin, les autres pilotes, les patrons, le staff et tous les fans étaient arrivés. J'en avais salué certains et avais exécuté mes obligations de pilote, tel que le briefing ou encore la parade des pilotes.

La course commence dans une trentaine de minutes. J'ai fait mes exercices de réflexes. Physiquement, je suis fin prêt. Mais mentalement, j'ai l'impression que tout s'écroule autour de moi. Tout le monde me regarde. Tout le monde attend quelque chose de moi. Mais je ne pense pas avoir le niveau pour leur offrir.

Je baisse mes yeux et regarde mes mains qui tremblent. Non. Non, ce n'est vraiment pas le moment. Trembler de stress, c'est des choses qui m'arrivent parfois  — souvent —. Il paraît que c'est normal. Mon médecin m'a donné des pilules pour ça, des anxiolytiques. Il paraît que j'en ai besoin parce que j'ai des crises d'anxiété. Je n'aime pas les prendre, je suis sûr qu'elles affectent mes performances.

Néanmoins, j'en garde toujours une boîte dans mes affaires, "au cas où". Et je dois admettre que j'en ai peut-être besoin aujourd'hui. Alors, j'entre dans ma loge et trouve la fameuse boîte. Je fais le tour de la pièce à la recherche d'eau mais il n'y en a pas. Merde ! Quel genre de sportif n'a pas d'eau avec lui ? Aucun, à part moi, visiblement. Quel idiot. Il ne me reste qu'à aller aux toilettes interdites au public du paddock.

Recueil d'OS F1 ~ saison 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant