En ligne ~ Carlos x Lando

966 53 54
                                    

«Dans un monde comme le nôtre régi par l'informatique, où le bout du bras de l'homme n'est plus une main mais un téléphone, y a-t-il encore en l'humain une once d'humanité ? Dans un monde où les bruits environnants sont fades, où marcher un casque aux oreilles est bien plus agréable qu'entendre le bruit des voitures recouvrant le chant des rossignols, reste-t-il une place pour les rencontres ? Dans un monde où les conflits s'enchaînent, où on se promet que, cette guerre, c'était la dernière avant d'en créer une nouvelle, où des hommes, des femmes et des enfants meurent sous les divergences, peut-on toujours aimer ? Peut-on toujours croire en l'amour ? A-t-il disparu à travers nos écrans ? S'est-il envolé, fuyant la fin du monde ? A-t-il trouvé la mort auprès de la haine humaine ?

On nous répète qu'il faut chérir et aimer, on nous mitraille de pubs pour les sites de rencontres, on nous parle de "réarmement démographique" comme si les enfants étaient la finalité à l'amour. Quand je nous regarde, je ne vois pas l'amour. Je vois de l'intérêt, des arrangements, de l'attirance au grand maximum. Où est passé l'amour ? L'amour qu'on trouve dans un coin perdu ? L'amour qu'on rencontre dans un coin de rue ? L'amour profond et sincère ? L'amour merveilleux et inutile ? Où est-il, cet amour-là ? Je ne sais pas et je ne suis pas sûr de vouloir le savoir. Il paraît  — et c'est peut-être vrai —  que l'amour ne se présente à nous seulement quand on s'y attend le moins.

Vous vous demandez sûrement qui je suis et ce que je raconte. C'est simple, je suis un jeune homme perdu. Je cherche un sens à la vie et à la stupide complexité humaine. Du haut de mes quelques années, je préfère rester seul chez moi à me poser des questions auxquelles je n'ai pas de réponses que de sortir en boîte. Vous devez sûrement vous dire que je suis bête, que l'amour je ne le trouverai jamais en restant enfermé. Et peut-être que vous avez raison. Et peut-être aussi que mes critères sont trop hauts ou trop curieux. Je n'ai jamais connu l'amour, je ne peux pas vraiment savoir. Cependant, je sais que je ne veux pas d'une histoire qui ressemblerait aux films cuculs. Je n'aime pas ces films à l'eau de rose où Catherine, vingt-sept ans et divorcée, emménage dans une nouvelle ville pour commencer une nouvelle vie, où Doug, le chien du voisin, la renverse en lui fonçant dedans et où ce fameux voisin, voulant l'aider à se relever, a le coup de foudre. Le coup de foudre... curieuse invention humaine, ça encore.

Vous savez ce que je préfère ? Non ? Je vais vous le dire : ce que je préfère, c'est les films où l'amour est impossible, où les personnages doivent cacher cet amour de peur que de terribles choses n'arrivent, où l'amour est vrai car, sinon, ils ne prendraient pas le risque de s'aimer. C'est ces films-là que j'aime. Ces films où un des deux amoureux meurt à la fin et où on pleure de voir la douleur de l'autre qui doit rester dans ce monde dans lequel la personne qu'il aime n'existe plus. C'est cet amour inconditionnel que j'aimerais connaître. Mais il n'existe pas dans mon monde. Alors, comprenez que je préfère rester seul pour le reste de ma vie plutôt que vivre un "amour" superficiel et sans saveur.»

Il appuya sur "publier" et éteignit son ordinateur. Lando, car c'était ainsi que s'appelait le jeune homme perdu, tenait un blog dans lequel il se posait des questions sur la vie. Au début, il se posait réellement toutes ces questions mais, au fur et à mesure, il avait vu un certain succès arriver à lui et désormais, il en jouait un peu. Il savait que bien des personnes se posaient les mêmes questions que lui, il savait que ça faisait lire. Il ne postait plus quand il était vraiment perdu ; maintenant, il le faisait régulièrement et se forçait à se poser des questions. Il n'avait plus la même spontanéité qu'au début mais il s'en fichait un peu.

Il allait se préparer pour aller en cours, quand il entendit la sonnerie de son téléphone lui signifiant qu'il avait reçu une notification. Ça n'avait rien de surprenant : à chaque fois qu'il postait, un nombre incalculable de personnes lui envoyait des messages. En général, ces messages ressemblaient à des "t'inquiète pas, un jour tu trouveras l'amour" ou à des "je comprends tellement ce que tu dis". Des messages qui, selon lui, n'avaient pas beaucoup d'intérêt. Mais cette fois-ci, il ne s'agissait pas de ça, le message qu'il avait reçu était bien différent. En effet, sans même un "bonjour", un mystérieux 'Chili55' avait simplement écrit :

Recueil d'OS F1 ~ saison 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant