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Assise sur mon balcon, je savoure quelques lamelles de bœuf séché tout en contemplant le paysage. Malgré les efforts, je n'arrive pas à chasser Glenn, mon ex-petit ami toxique, de mes pensées. Il a dû déjà se trouver une nouvelle petite amie pour me remplacer... Avec son charisme et ses beaux yeux verts hérités de son père, M. Richardson, le directeur de mon ancien établissement, il a toujours su manipuler les sentiments des autres.

J'aimerais tant le reconquérir, mais il est trop tard. Me voilà maintenant coincé chez ma grand-mère Edna, suite à l'accident de travail de mon père et la démence de ma mère. Ma mère à été placé en France chez son frère, que je ne connais à peine et qui est censé être mon oncle. Me voilà donc échoué à Astoria, cette petite ville côtière de l'Oregon, entourée de forêts de conifères et sous un climat pluvieux.

Quelle ironie, je me retrouve dans la même situation que ma mère étant plus jeune ! Il me reste encore une semaine avant la rentrée des classes, j'espère pouvoir m'acclimater un peu à ce nouvel environnement.

Je descends lentement les marches, veillant à ne pas trop les faire craquer, pour ne pas réveiller Edna. Une fois en bas, je fouille avec soin dans les tiroirs des vieilles commodes en bois de l'entrée, magnifiquement sculptées par l'un de mes ancêtres. Enfin, je mets la main sur la splendide clé en forme d'ours. Quelle merveille ! Elle semble là pour me mettre en garde, car les attaques d'ours sont nombreuses en cette saison.

- Oui, oui, je serai prudente, ma petite, dis-je en chuchotant, le cœur rempli de joie et d'excitation.

Après avoir soigneusement refermé la porte derrière moi, je m'élance d'un pas énergique en direction du centre-ville. Mon objectif : le Wet Dog Cafe, ce charmant établissement réputé pour ses savoureux plats et ses cocktails de caractère.

C'est vrai qu'il en existe deux portant ce même nom alléchant, mais celui-ci en particulier a su développer une spécialité dans ces domaines. Pour m'y rendre, j'ai choisi d'emprunter la fidèle petite camionnette d'Edna, que j'ai affectueusement surnommée "Le Rodeur" tant elle a parcouru de kilomètres à travers la région.

Une fois confortablement installé, la ceinture bouclée et le moteur ronronnant, je peux enfin démarrer et prendre la route, le GPS à portée de main pour me guider jusqu'à ma délicieuse destination.

Une fois sur la route, je conduis avec prudence, profitant du paysage qui défile par la fenêtre. Le Rodeur d'Edna ronronne doucement, me rappelant les nombreux trajets que nous avons effectués ensemble par le passé.

Alors que je m'approche du centre-ville, je commence à apercevoir les toits caractéristiques des vieux bâtiments d'Astoria. Le Wet Dog Cafe ne devrait plus être très loin maintenant. Je ralentis un peu, cherchant une place de stationnement libre du regard. Ah, là-bas, juste devant l'entrée, un emplacement vient de se libérer ! Je m'y gare avec délicatesse, éteins le moteur et m'extirpe du véhicule.

Une délicieuse odeur de café frais et de viennoiseries me parvient déjà aux narines. J'ajuste rapidement ma tenue, lisse quelques plis imaginaires sur mon pull et me dirige d'un pas décidé vers l'entrée du café. J'ai hâte de découvrir les plats et cocktails dont on m'a tant vanté les mérites.

Une fois à l'intérieur du Wet Dog Cafe, je suis immédiatement séduite par l'ambiance chaleureuse et accueillante qui y règne. Les murs sont recouverts de vieux cadres et de photographies évoquant l'histoire du lieu, lui conférant un charme suranné des plus agréables.

Je m'approche du comptoir, où une serveuse à l'allure sympathique m'adresse un sourire engageant. "Bonjour, que puis-je vous servir ?" me demande-t-elle d'une voix mélodieuse. Après avoir hésité un instant, je lui commande un délicieux cocktail signature du Wet Dog, ainsi qu'une part de leur fameuse tarte aux pommes, réputée dans toute la ville.

Je repère une table libre près de la fenêtre et vais m'y installer, mon regard se perdant un instant à travers la vitre. La rue grouille de passants, certains pressés, d'autres flânant tranquillement.

Alors que je savoure tranquillement mon cocktail, mon regard est soudain happé par l'entrée d'un jeune homme à l'allure pour le moins remarquable. Grand, élancé, les cheveux d'un blanc pur contrastant avec son visage pâle, ses yeux d'un bleu perçant - il ne passe pas inaperçu. Malgré son apparence juvénile, qui ne lui donnerait guère plus de 17 ans, il dégage une aura de mystère et de maturité qui m'intrigue.

Il s'installe à une table non loin de la mienne, commandant simplement un expresso. Ses gestes sont précis, presque félins, et son regard semble scruter attentivement l'ensemble de la salle. Je ne peux m'empêcher de l'observer discrètement, fasciné par cette silhouette sombre et élégante.

Nos regards finissent par se croiser l'espace d'un instant, électrisant l'atmosphère autour de nous. Quelque chose passe entre nous, une connexion fugace mais intense qui me trouble. Je sens mes joues s'empourprer légèrement, comme pris en faute, et je détourne rapidement les yeux, le cœur battant.

Qui est donc ce jeune homme ? D'où vient-il ? Que fait-il ici, seul dans ce café ? Tant de questions se bousculent dans mon esprit alors que je tente de me reconcentrer sur mon propre verre.

Soudain, le jeune homme aux cheveux blancs lève les yeux et plonge son regard captivant dans le mien. Un subtil sourire étire ses lèvres, et une lueur de malice brille dans ses prunelles d'azur. Une délicieuse sensation de trouble s'empare de moi face à cette attention soudaine.

Une petite voix dans ma tête me murmure avec insistance de prendre la fuite, de ne pas m'attarder davantage sur cette rencontre troublante. Mais je reste là, comme hypnotisé par cette beauté sombre et mystérieuse, qui semble défier toute comparaison avec les plus beaux acteurs d'Hollywood.

Je le vois commander un simple expresso, qu'il ne touche pas, comme s'il n'avait pas réellement faim. Soudain, une jeune femme brune au visage banal s'approche de lui. Ils commencent à échanger des chuchotements, entremêlant leurs cigarettes dans un geste intime.

Étrangement, je parviens à saisir avec netteté chacun de leurs mots, comme si une faculté inconnue me permettait de capter les conversations alentour. Le jeune homme murmure alors à l'oreille de sa compagne : "Ma douce, ne devrais-tu pas te sustenter ? Ce serait dommage qu'une beauté telle que toi ne s'éteigne, faute d'avoir le ventre plein."

Je ne peux détacher mon regard de cette scène, happé par l'étrangeté de la situation. La petite voix dans ma tête me somme de me concentrer sur une seule conversation, et lorsque je m'exécute, je parviens à isoler avec précision les échanges entre le mystérieux jeune homme et sa compagne.

Après environ une demi-heure, ils quittent finalement le café, le bras du jeune homme enveloppant tendrement les frêles épaules de la brune. Ils disparaissent dans une petite ruelle adjacente, et je décide alors de regagner ma voiture pour rentrer, le cœur encore emballé par cette rencontre inattendue.

De retour à la maison, je me fais sévèrement réprimander par ma grand-mère. Apparemment, cette ville serait devenue dangereuse en raison de mystérieux homicides, et elle ne pense pas que ce soit l'œuvre d'ours. Baissant la tête, j'admets que mon comportement a été irréfléchi. Je lui affirme ensuite que je n'ai pas faim et décide de me réfugier dans la chambre de ma mère pour y trouver le réconfort.

Allongée sur le lit, je me laisse bercer par les doux accords de la boîte à musique familiale, jouant inlassablement "Le ronronnement de l'ours". Cette mélodie apaisante m'invite à plonger dans mes pensées, encore hantées par l'image fascinante du bel inconnu aux cheveux blancs. Son visage et son regard envoûtant refusent de quitter mon esprit, comme s'il avait laissé une empreinte indélébile en moi.

Malgré les mises en garde de ma grand-mère, je ne peux m'empêcher d'être captivée par le mystère qui entoure cet homme. Qui était-il réellement ? Que faisait-il dans ce café ? Tant de questions sans réponse tourbillonnent dans mon esprit, attisant ma curiosité.

Bercée par la mélodie familière et enveloppée dans les draps chéris de ma mère, je finis par sombrer dans un sommeil profond, hanté par des rêves où son visage d'albâtre et ses yeux d'azur occupent une place centrale. L'étrangeté de cette rencontre semble vouloir s'immiscer jusque dans mon inconscient.

Bear's BloodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant