L'Ombre de Hawkins

Chapitre 3 : Les Ombres de Hawkins

Cela faisait quelques jours que Gloria avait rejoint le Hellfire Club. Elle n'aurait jamais cru que ce groupe d'« outsiders » deviendrait un refuge pour elle. Eddie, en particulier, la fascinait de plus en plus. Derrière son attitude rebelle et son sens de l'humour sarcastique, il y avait quelqu'un de profondément loyal et bien plus sensible qu'il ne le laissait paraître.

Ce soir-là, après une autre longue session de jeu, Eddie l'avait raccompagnée jusqu'à sa voiture, garée sur le parking presque désert du lycée. Le soleil se couchait à l'horizon, projetant une lumière dorée sur les murs en briques.

« Tu t'intègres plutôt bien, tu sais, » dit Eddie en s'adossant à la portière de sa propre camionnette. « C'est rare de voir quelqu'un comme toi... avec nous. »

Gloria esquissa un sourire, jouant nerveusement avec la clé de sa voiture. « Quelqu'un comme moi ? »

« Oui, tu sais... populaire. Enfin, tu es la sœur de Steve Harrington. J'imagine que t'as une certaine réputation qui te précède. »

Elle leva les yeux au ciel. « Steve et moi ne sommes pas les mêmes personnes. Tu l'as remarqué, non ? »

Eddie la regarda en silence pendant un moment, ses yeux s'attardant sur ses traits. « Oh, je l'ai bien remarqué, ouais. »

Leur regard se croisa, et pendant un instant, le monde autour d'eux sembla s'effacer. Gloria sentit son cœur battre un peu plus vite. Mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, un cri perçant déchira l'air, venant de l'autre bout du parking.

Ils se tournèrent tous les deux vers la source du bruit, leurs visages marqués par l'inquiétude. Eddie fronça les sourcils. « C'était quoi, ça ? »

Sans répondre, Gloria se mit à courir vers la direction du cri, Eddie sur ses talons. Ils contournèrent un bâtiment et arrivèrent sur une petite cour de service. Là, sous une lumière vacillante, une silhouette tremblait de terreur. C'était Chrissy Cunningham, la pom-pom girl du lycée.

Elle était recroquevillée contre un mur, son visage figé dans une expression d'horreur absolue, ses yeux grands ouverts comme si elle voyait quelque chose que les autres ne pouvaient pas percevoir.

« Chrissy ! » s'écria Gloria en s'agenouillant à côté d'elle, paniquée.

Chrissy ne réagit pas. Ses lèvres bougeaient faiblement, comme si elle murmurait quelque chose, mais aucun son distinct ne sortait. Eddie la regarda, abasourdi. « Qu'est-ce qui lui arrive ? »

Gloria secoua Chrissy par les épaules. « Chrissy, parle moi ! Qu'est-ce que tu vois ? »

Mais rien. C'était comme si Chrissy était enfermée dans son propre cauchemar, une prison invisible dont elle ne pouvait s'échapper. Gloria sentit son propre cœur s'emballer alors que des souvenirs flous de ce qu'elle avait entendu à propos de Vecna resurgissaient dans son esprit. Des visions, des cauchemars... c'était tout ce que Steve, Dustin et les autres lui avaient raconté.

« C'est Vecna... » murmura-t-elle, effrayée. Eddie tourna immédiatement la tête vers elle, les yeux écarquillés. « Vecna ? De quoi tu parles ? »

Gloria serra les poings. « C'est ce qui est en train de se passer à Hawkins. Steve et les autres... ils m'en ont parlé. Il y a quelque chose... ou quelqu'un qui s'en prend aux gens, dans leurs cauchemars. »

Eddie la regarda avec une peur croissante. « Et ça arrive ici ? Maintenant ? »

Gloria hocha la tête, avant de se pencher plus près de Chrissy. Elle prit doucement son visage entre ses mains. « Chrissy, je sais que tu peux m'entendre. Tu dois te battre. Ne laisse pas ça t'emporter. »

Soudain, Chrissy se mit à trembler plus violemment, et un cri perçant sortit enfin de sa gorge. Gloria recula, horrifiée, alors que Chrissy s'effondrait au sol, inconsciente.

Eddie se précipita vers elle. « On doit l'emmener à l'hôpital ! »

Mais Gloria le retint par le bras. « Non... ce n'est pas comme ça qu'on peut la sauver. Il y a autre chose qui se passe ici. »

Chez les Harrington – Tard dans la nuit

Une fois Chrissy emmenée chez elle, Gloria rentra chez elle avec Eddie, la tête pleine de questions. Elle savait que quelque chose de terriblement dangereux s'approchait, et elle devait prévenir Steve et le reste du groupe.

Assise dans sa chambre, elle commença à composer le numéro de Steve, mais hésita. Steve la protégerait, bien sûr, mais il voudrait l'éloigner du danger. Il penserait qu'elle n'était pas prête à affronter ça, que ce n'était pas son combat.

Mais quelque chose au fond d'elle savait qu'elle ne pouvait plus rester en dehors de cette histoire. Elle avait vu ce qui s'était passé avec Chrissy. Elle avait ressenti l'ombre de Vecna autour d'elle. Et Eddie... il comptait sur elle maintenant.

Elle raccrocha le téléphone et se tourna vers la fenêtre, où la lune éclairait faiblement le jardin en contrebas. Sa décision était prise.

Soudain, quelqu'un frappa doucement à la porte. Eddie apparut dans l'entrebâillement, ses cheveux encore plus en désordre que d'habitude. « Ça va ? »

Gloria hocha la tête. « Je pense qu'on doit avertir les autres. Steve... et même Dustin. Ils savent ce qui se passe. »

Eddie entra dans la pièce et s'assit sur le bord de son lit, son visage marqué par la fatigue. « Ouais. Mais je pense que tu as raison. Ce n'est pas juste une question d'appeler à l'aide. On doit agir. »

Gloria le fixa, surprise par sa détermination. Eddie, le gars qui jouait les rebelles insouciants, était prêt à se battre pour cette ville. Et pour elle.

« Tu comptes faire quoi ? » demanda-t-elle doucement.

Eddie croisa ses bras et se pencha en avant, son visage proche du sien. « Ce que je fais toujours, Harrington. Me battre avec tout ce que j'ai. »

Un silence tendu s'installa entre eux. Gloria sentit son cœur battre plus fort dans sa poitrine. Elle s'était rapprochée de lui ces derniers jours, bien plus qu'elle ne l'aurait jamais imaginé. Eddie avait ce don de la faire se sentir vivante, comme si elle pouvait enfin s'échapper de l'ombre de Steve et devenir sa propre personne.

Sans réfléchir, elle posa une main sur la sienne. « On va le faire ensemble, alors. »

Eddie lui sourit, mais cette fois, il y avait quelque chose de plus profond dans son regard. Quelque chose qu'ils n'avaient pas besoin de dire à voix haute.