Cher étranger,
On se croise dans la rue, on ne se voit pas.
Aujourd'hui, tu es en face de moi.
Tu tiens dans tes mains ce petit carnet brun usé, noirci d'écriture en biais.
Tu m'intrigues. D'où viens-tu ? Où vas-tu ? Qu'écris-tu ?
D'où viennent ces cernes sous tes yeux ? Du manque de sommeil ou d'une fatigue herculéenne ?
Écris-tu aussi sur moi ? J'imagine ta vie en te scrutant sur le siège d'en face.
Qu'as-tu vécu ? Que se cache-t-il sous la surface ? Est-ce que nous serions amis si nous nous étions croisés en d'autres circonstances ?
Des regards échangés, des sourires gênés.
Et si, par ces tout petits gestes, j'avais changé ta destinée ?
On partage une heure, on fait semblant, on s'évite. À croire que tenir mon regard pourrait faire exploser de la dynamite.
Le train s'arrête. Dans la plus grande l'agilité, tu pars.
Tu pars, tu ne sauras jamais que tu as été ma réflexion. L'agitation de mon cerveau sans raison.
Tu traverseras peut-être le monde ou la rue d'en face. Ton carnet presque fini, tes idées mises à l'écrit.
Penseras-tu alors à la fille qui t'a souri ?
Rosalind Hellman.

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Étranger
Poesía- samedi septembre 2024 - À mon étranger dans le train, et a tout ce qu'il représente.