Chapitre 7

2 1 0
                                    

Ce qui se trouvait dans l'assiette posée devant moi était tout sauf comestible. L'odeur de brûlé et l'aspect peu appétissant de cette chose me donnèrent la nausée et je n'étais pas la seule. Les cheveux dressés par endroits et les yeux voilés par la fatigue, Hunter grimaçait et semblait chercher une échappatoire.


- Qu'est-ce que c'est ? Finis-je par demander après avoir réfléchi pendant de longues minutes comment éviter de manger cette chose sans vexer le cuisinier.


Godrik, qui était attablé juste en face de moi, pouffa de rire et me lança un regard peu compatissant. Ses yeux écarlates semblaient me mettre au défi de goûter une bouché sans rien recracher.


- Une recette de famille, répondit Nicolaï d'une voix enjouée. Je vous en prie goûté.


Un haut-le-cœur bruyant échappa au changeur de formes, mais notre hôte ne le releva pas et continua à nous sourire. Sur les cinq personnes assises, mon ami et moi étions les seuls à avoir une assiette. Tous nous regardaient, comme s'ils étaient impatients et totalement au courant que cette bouillie était non comestible.


- C'est un bizutage, c'est ça ? Demanda Hunter en ronchonnant et repoussant l'assiette le plus loin possible.


Avant même que Nicolaï n'ait le temps de dire quelques choses, je pris une grande inspiration et enfournais l'horreur dans ma bouche. Un goût atrocement amer s'empara de mes papilles et des larmes se formèrent aux coins de mes yeux tant cette chose était infecte. Difficilement et en restant digne malgré l'envie de vomir, j'avalais, pris une grande gorgée d'eau et lançais avec un magnifique sourire crispé :


- Je vais me balader, à toute à l'heure.


Aucun des hommes présents à table n'osa me demander de rester. Seul le petit Aden lâcha un soupir d'admiration. Le gâteau que je venais de manger n'était pas une pâtisserie ordinaire, mais un "flan de vérité" très mal fait. Son but était de dévoiler la véritable nature de la personne qui le mangeait. Sur moi, il y avait très peu de chance que ce petit tour fonctionne. Ma magie était bien trop puissante, je resterais donc un simple humain aux yeux des Bort. Par contre sur Hunter, c'était une tout autre histoire.
Avant même de sortir de la pièce, je m'arrêtais et fis signe à mon ami de me suivre. Pour la première fois depuis notre départ, il ne posa aucune question et m'emboîta le pas.


- Surveille-les, murmurais à l'esprit sylvestre caché dans la poche de mon pantalon.


La créature lumineuse s'éleva alors dans les airs et disparut dans un sifflement léger. Mon cœur se serra, qui étaient les Bort et comment avaient-ils eu connaissance de cette recette pourtant gardée secrète par les chasseurs de surnaturel depuis des milliers d'années ?


₊∘✧──────✧₊∘


- Nous ne pouvons pas rester ! S'écria Hunter en shootant de toutes ses forces dans une pomme de pin. Surtout si c'est des loups-garous ou pires des chasseurs !


Assise sur une souche d'arbre, je ne mis qu'un fragment de seconde pour éviter le projectile.


- Pour aller où ? L'interrogeais-je sèchement. Dans cinq jours, c'est la pleine lune de sang. Nous ne sommes même pas sûrs de leur race et un voyage supplémentaire risquerait de déclencher mes pouvoirs et c'est ce...
- Ce que cette enflure Draal attend avec impatience, me coupa-t-il. Je connais le refrain ...


Un soupir m'échappa.


- Je préfère vivre chez des chasseurs ou des loups-garous plutôt que reprendre la route, m'énervais-je. Et puis avec un peu de chance, ils pourraient comprendre...


Hunter se planta violemment devant moi.


- Je t'interdis de leur dévoiler ta véritable identité, beugla-t-il si fort que les oiseaux autour de nous s'envolèrent. Le sang des elenwen est extrêmement convoité et je te rappelle que ta tête est mise à prix !


Mes yeux roulèrent vers le ciel. Je me cachais à tout bout de champ à un point que s'était presque de la paranoïa. Je n'étais pas une créature fragile comme l'imagine une bonne partie des êtres magiques vivants sur terre et ça, Hunter avait un mal fou à le reconnaître.
Tout en soutenant son regard furieux, je me levais de mon trône. Un craquement lugubre raisonna alors dans toute la forêt et la souche, qui était morte depuis des années, reprit doucement vie et se mis à pousser. Au départ, ce n'était qu'un tronc dégarni, mais plus il prenait de l'altitude plus de fines branches touffues apparaissaient et l'habillaient d'une délicate toison de feuilles bien vertes.


Ni Aerin, Aranel i ondolindaron, explosais-je sèchement. Ce n'est pas deux loups-garous ou de pauvres chasseurs qui vont me faire peur...


L'elfe changeur de formes, malgré sa tête haute, blanchit légèrement et rétorqua d'une voix teintée de colère :


- Tu te mets en danger et au fond de toi, tu le sais. Tu t'en veux d'être encore en vie, mais sache que c'est une bénédiction des dieux.


Il me lança un dernier coup d'œil puis en un claquement de doigts, il se transforma en un magnifique hibou et s'envola. Il me laissa ainsi seule avec moi-même et mon ego.


_________

Ni Aerin, Aranel i ondolindaron : Je suis Aerin, princesse des montagnes étoilées

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Danse d'OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant