En rentrant dans la salle de classe, je sens déjà que l'ambiance est lourde. Je ne peux expliquer pourquoi mais j'ai un mauvais pressentiment qui ne fait que s'accentuer au fur et à mesure que l'heure du cours se rapproche. Quand la sonnerie retentit, tous mes chers bourreaux regagnèrent leurs places en ricanant. Je ne préfère pas penser à ce qu'ils me réservent pour la pause et me concentre sur le déroulé du cours. Le professeur de français s'avança vers son bureau et comme à son habitude, nous salua avant de nous annoncer la venue d'un nouvel élève dans notre classe :
- Cet élève s'appelle Berith. Il vient d'un lointain pays et intégrera votre classe à partir d'aujourd'hui. Comme Nyx est seule, Berith va s'asseoir à côté d'elle.
La classe ricanait et murmurait tout bas puisque j'allais me refiler le nouveau. Je m'affalais sur mon bureau en soupirant : il faudrait peu de temps avant que ce Berith rejoigne le camp de mes harceleurs. Je me sentais fatiguée rien qu'en y pensant. Le professeur invita le nouveau à rentrer dans la salle de classe et lui demanda de se présenter. Les murmures reprirent de plus belle, mais pas à cause de moi : le dénommé Berith était d'une telle beauté qu'on aurait pu le confondre avec un ange. Il avait de longs cheveux aux reflets bleu foncés attachés en queue de cheval, des yeux quasiment noirs et des traits efféminés. Mais je fus la seule à remarquer son expression arrogante et l'aura sombre derrière lui. Je réprimais un tremblement alors qu'il s'asseyait à côté de moi et sentis les regards brûlants de jalousie dont les filles me fusillaient. A la pause de midi, alors que je descendais dans la cour pour m'acheter quelque chose à la cafétéria, je crus voir Alrune. Je m'apprêtais à lui parler mais me ravisa : je sentais une aura glaciale dans mon dos et vis mes bourreaux se placer derrière moi.
- Eh bien, la cinglée, tu parle de nouveau toute seule ?
Je ne dis rien. J'allais retourner en classe quand je vis d'un coup le sol se rapprocher... et m'étalais de tout mon long sur le sol froid du couloir. Une des filles m'avait fait un croche-patte et riait à pleins poumons.
- Tu ne réponds pas quand on te parle ? On va devoir refaire ton éducation, la tarée !
Toujours en ricanant, cette fille balança son pied et me l'envoya dans l'estomac. La douleur fut si intense que pendant un moment, ma vue se brouilla. Je me félicitais intérieurement de ne rien avoir avalé sinon, voilà bien longtemps que j'aurais vomi. Puis, toutes les filles suivirent l'exemple de leur camarade et je me fis frapper de tous les côtés. J'aurais sans doute eu plusieurs côtes cassées si je ne m'étais pas renforcée comme ça. Un coup plus violent que les autres m'arracha un cri, et je sentis une grande chaleur au dessus du cœur. Ça, c'était fait, j'avais bien une côte fracturée. La chef des harceleuses et m'attrapa par le col pour me remettre debout. Je m'appuyais contre la fenêtre en cherchant à retrouver mon souffle. La chef, Claire si je me souviens bien, me décocha une gifle avant de se préparer à m'en envoyer une deuxième :
- Tu sais quoi, la tarée ? N'essaie rien avec le nouveau. Pas la peine d'essayer de faire ami-ami avec lui...
Non, sans blague... la troisième gifle arriva, plus forte que les précédentes...
- Dès qu'il se rendra compte à quel point tu es pathétique et folle, il se mettra à t'éviter comme toute la classe...
Il ne lui faudra pas longtemps, dans tous les cas... je sentis la douleur devenue intense sur ma joue...
- Et puis, il ne pourra jamais s'intéresser à la fille du Démon, lui qui a un visage si parfait, si angélique ! Toi et lui, c'est comme le vinaigre et l'eau ou comme le jour et la nuit ! Vous ne serez jamais compatibles, c'est avec moi qu'il sera ! Il n'y a que moi qui le mérite !
Je me demandais qui était maintenant la plus cinglée de nous deux. Moi, je n'étais pas aussi narcissique. Enfin, je crois...
Après plusieurs minutes qui me semblèrent une éternité, la sonnerie de reprise des cours carillonna. Je me demande si elle a toujours été aussi forte et désagréable. Quand j'ai essayé de me lever, des vertiges si violents me firent tant tourner la tête que j'ai dû m'asseoir à nouveau, jusqu'à ce que ces derniers cessent enfin. J'aurais sans doute des bleus demain.
Quand je réalisais que j'allais être en retard, je n'étais pas le moins du monde paniquée. J'avais du mal à respirer et mes maux de tête allaient et venaient.
Puisque de toute manière je serais en retard, autant avoir une bonne excuse, murmurais-je alors. J'ai l'impression que je vais tomber dans les pommes...
Je me dirigeais donc vers l'infirmerie. Une douleur lancinante dans le crâne m'obligea à m'asseoir dans le couloir. Ma tête partit en arrière et malgré toute la volonté dont je faisais preuve, mes yeux se fermèrent. Avant de perdre connaissance, j'eus l'impression de sentir des bras fermes me soulever et une longue mèche de cheveux me caresser la joue. Puis, ce fut le noir...
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The demon and goddess of the night
ParanormalElle, c'est Nyx. Nyx n'a jamais été aimée par autre chose qu'eux. Eux, ce sont ses amis, ses frères et ses confidents depuis son enfance. Et lui, c'est Berith. Toujours arrogant et mystérieux. Mais, étrangement, il a pris en affection Nyx, elle ains...