-extrait du 5 octobre-
Il est 22 heures.
J'ai envie d'écrire pour partager mon histoire. Pour les gens comme moi, pour me sentir moins seul.
Parfois, même si je sais qu'on est beaucoup à être trans, je me sens seul.
Au début, je me sentais seul parce que je ne souffrais pas de dysphorie de genre. Alors je me disais ''ouais, je suis pas trans, c'est juste que ma vie est compliquée et que je fuis'' (oui vraiment).
Du coup ça amène à cette fameuse question: c'est quoi être trans?C'est compliqué à expliquer. Enfin techniquement, être trans, c'est ne pas être en accord avec son sexe biologique.
Comment ça peut exister?
Même moi je n'en sais rien. Il y a pleins de gens qui pourraient répondre à ces questions avec pleins d'arguments de fou, mais moi, j'ai l'impression d'être un petit bébé en pleine découverte dans le milieu. Et en soit je pense qu'on passe tous par là, donc si ça se trouve dans 1 an, je serais comme eux, j'arriverais à tout expliquer.
Moi tout ce que je sais c'est que je suis un gars.
Enfin parfois je me sens plus dans la non-binarité. Ça aussi c'est compliqué. Parce que, c'est complètement con comme pensée, mais j'ai l'impression d'être trop féminin pour être considéré comme un mec.
En soit c'est en train de passer. Parce que je grandis et que je fais de nouvelles rencontres, et j'apprends beaucoup grâce à eux.
Maintenant, quand on me demande mes pronoms, je dis ''il et iel''. Avant je disais juste ''il''. Mais je ne pense pas être non-binaire. C'est con mais je crois que je ne veux juste pas qu'on m'associe au féminin.
J'ai envie de dire, à tous ceux qui pourront comprendre, je suis un garçon trans, mais sur une échelle de féminin à masculin, je suis à 80% de ''masculin'' et à 20% de ''féminin'' (enfaite dis comme ça je crois que c'est encore plus compliqué à comprendre).Après avec le temps, j'ai commencé à faire de la dysphorie. Mais je pense que j'ai quand même un peu de chance dans mon malheur par rapport à certain.es?
Je veux dire, je déteste ma poitrine, mais je déteste toutes les poitrines. Enfin c'est pas que je les déteste, mais c'est une partie du corps que je n'aime pas, que ce soit sur moi ou sur les autres.
Ça fait vraiment connard de dire ça et ça peut blesser des gens et j'en suis désolé.Et je m'estime chanceux de ne pas être obligé de prendre des douches dans le noir parce que je déteste mon corps.
Enfin je me suis déjà retrouvé en boule dans la douche à me demander ''pourquoi?'', mais c'était pas forcément par rapport à la vue de mon corps nu.Parfois je me demande si ça ne vient pas juste de mes traumas? Le côté moins joyeux de l'histoire, c'est que souvent, mes proches pensent que je veux juste attirer l'attention.
Donc parfois, je me dis qu'ils ont peut-être raison? Est-ce que je veux juste qu'on me remarque? Est-ce que c'est juste pour fuir mes problèmes?J'ai une amie qui m'a parlé de ça un jour. Que pour certains, être trans c'est un moyen pour eux de choisir la facilité.
Mais bon, soyons honnête, et je pense qu'on est beaucoup du même avis,
Mais être trans, au contraire, c'est accepter que notre vie sera très, très compliquée.
Et si il y a certaines personnes qui vivent très très bien leur transidentité, qu'on me les amène.
Parce que même s'ils acceptent leur transidentité, qui qui ne passe pas devant le miroir et ne pense pas, parfois, ''non ça ne va pas, je suis trop féminin/masculin''?
Ce genre de choses.Je sais plus trop dans quel but j'ai commencé à écrire.
Un peu comme à chaque fois. Je commence à écrire et je ne m'arrête plus, j'écris pendant des heures.
J'ai beaucoup trop de mal avec la parole.
Mais j'aime bien jouer les textes. Comme au théâtre, ou quand ma prof de philo m'a demandé de lire un discours tout en le jouant parce qu'on travaille sur l'art de la parole.
Mais sinon, je n'ai jamais été à l'aise avec ça.
Même quand on m'écoutait, je préférais me taire, et rester dans ma bulle.
J'ai toujours aimé ce mot ''bulle''. Je le trouve rassurant.
C'est beau une bulle. C'est fragile mais ça tient quand on y prend soin.
Et savoir que j'aurais toujours ma bulle à moi, ça me rassure.Parfois je trouve le monde est trop réel.
Parfois je me sens trop déconnecté.
Je n'arrive pas forcément à faire de nouvelles rencontres. Mais bon, je suis le genre de personne à croire au destin.
Du coup je m'accepte un peu plus.
Comme ma transidentité. Au début ce mot avait du mal à sortir de ma bouche, et maintenant, je suis fier d'être vu comme un mec trans, et je veux en faire mon combat (enfin il faut dire que mes 15 coming out que j'ai fait à mes profs en début d'année m'ont beaucoup aidé, même si je me suis retrouvé en PLS pendant les 2 semaines suivantes parce que c'est quand même super dur. Même si les profs font face à nous, personnes trans, au moins une fois dans leur carrière, ils posent quand même parfois des questions cons, et qui blessent, sans qu'ils ne s'en rendent compte).Parce que oui, même si savoir que je ne serais jamais un mec cisgenre me fait hyper mal, je veux faire de ma transidentité un combat. Je veux aider ceux qui se posent des questions, je veux que tout le monde sache que personne n'est jamais complètement seul.
Un peu comme si l'univers m'avait donné un cadeau empoisonné que j'ai détourner contre lui même.
C'est aussi ce qui fait que parfois je me sens seul.
Comme si je me devais de détester ma transidentité.
Mais moi je n'ai jamais aimé être ''comme tout le monde''.
Du coup, je ne la déteste pas. C'est comme une amie. Pas la meilleure, parce qu'elle a plus de défauts que la moyenne, mais une amie.J'écris pas mal aujourd'hui. C'est cool d'avoir un objectif, ça donne des ailes.
Souvent quand j'écoute les récits d'autres personnes trans, iels disent que dès petit.es, iels reniaient déjà les trucs que la société à associé aux garçons ou aux filles.
Par exemple, un AFAB qui a toujours détesté porter des robes.
Moi j'ai jamais eu ce genre de trucs.
J'ai beaucoup aimé porter des robes, et je suis sûr que même encore maintenant, je ne détesterais pas ça.C'est fou comme j'ai l'impression que pour moi, si, je me suis levé un matin et j'étais sûr que j'étais un garçon.
Bon enfin il y a quand même eu une année ou deux de ''flou''.
Au début quand j'ai compris que je n'étais pas cisgenre, c'est quand je suis tombé sur une interview d'une personne non-binaire et sa mère.
Je me suis reconnu dans ce qu'iel disait.
Je pensais être non-binaire, puis genderfluid. Et quand on me demandait ''tu te sens quoi aujourd'hui?'' je répondais ''je ne sais pas'', tout en sachant que je n'osais juste pas dire ''garçon''.Et puis je suis arrivé au lycée. La première nuit à l'internat, j'ai raconté ma vie à une de mes colocs de chambre et je lui ai dis ''je crois que je suis trans ftm'' puis 5 min après '' ouais mais non, c'est une évidence, je suis un gars''.
J'ai fais mon premier coming out trans ftm en même temps que mon coming in.
Random moi :'
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Ftm: female to male (né femme)
AFAB: Assigned female at birth (assigné femme à la naissance)
Coming-out: annoncer son identité de genre a quelqu'un
Coming-in: se rendre compte de notre identité de genre
__________________________Je tiens à préciser que tout ce qui paraîtra dans ''trans kid'' vient d'une sorte de journal que j'écris, sans aucun but.
Je ne suis pas un pro dans tout ce qui est identité de genre, je ne connais pas tout, je peux donc me tromper et dire des erreurs.
Aussi, merci de rester bienveillant envers ma façon de penser, même si elle peut vous blesser, ne prenez rien personnellement et n'hésitez pas à m'en faire part en toute bienveillance.
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trans kid
Novela Juvenilun jour je me suis dit que mon histoire pouvait servir à d'autres. Alors je me suis mis à écrire pour moi et les autres.