Chapitre I | 𝕽𝖊𝖓𝖊𝖘𝖒𝖊𝖊

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Renesmée

Deux ans, vingt-quatre mois, sept cent trente jours passés loin de cette ville.

Il fait nuit, et l'atmosphère de Blackridge est aussi lourde que les souvenirs que je porte en moi. Les lumières de la ville vacillent faiblement, comme si elles s'attendaient à ce qu'il se passe quelque chose. Je me déplace dans les rues silencieuses, mon cœur lourd d'être de retour à Blackridge. Cette petite ville que l'on peut considérer comme maudite. Les ombres des bâtiments délabrés s'étirent sinistrement sur le pavé, reflétant l'obscurité de mon esprit.. Chaque pas que je fais résonne dans ce silence pesant, brisant la tranquillité oppressante de cette nuit noire.

Je n'ai jamais cessé de considérer Blackridge comme maudite, une ville pleine de fantômes, de fantômes du passé, des spectres de mes souvenirs, et des ombres de ce qui aurait pu être. Le vent souffle à travers mes cheveux bruns et longs, et je sens chaque rafale comme une caresse froide qui me ramène au manoir familial, cette demeure qui m'a vu grandir. Mais aujourd'hui, elle est bien plus qu'une simple maison : c'est une tombe. Une tombe pour mes souvenirs, une tombe pour ma famille.

Quand j'arrive devant le manoir, je m'arrête un instant, observant la silhouette imposante qui se dresse dans l'obscurité. Les volets sont fermés, les murs ternes, rongés par le temps. Une tristesse incommensurable s'empare de moi. Le manoir, autrefois si bien entretenu, n'est plus que l'ombre de lui-même, comme moi. Il semble même plus froid que dans mes souvenirs, avec ses fenêtres à vitraux qui filtrent une lumière lunaire froide et distante, illuminant à peine l'entrée où je me tiens. Les vieilles pierres du bâtiment suintent le passé, comme si elles se nourrissaient des vies brisées qui ont habité ici.

En poussant la lourde porte en bois, un craquement sinistre résonne. Ce son me fait frissonner, non seulement à cause du froid qui s'engouffre à l'intérieur, mais aussi à cause de l'atmosphère lugubre qui m'accueille. Le hall est vaste, mais étrangement vide, comme si la maison elle-même refusait de me reconnaître, comme si elle me rejetait. Mes pas résonnent lourdement sur le parquet qui grince sous mon poids, chaque craquement rappelant la fragilité des fondations, et peut-être même celle de ma propre vie.

Je m'arrête un instant au pied de l'escalier principal. Mon regard se pose sur la grande horloge en bois sculpté. Elle est arrêtée, figée à l'heure du drame. Une boule se forme dans ma gorge, et mes pensées défilent à une vitesse vertigineuse. Je ne peux pas ignorer ce souvenir, celui qui me hante depuis des années. C'est comme si la maison elle-même essayait de me rappeler cet instant où tout a basculé.

Je sens mon cœur s'alourdir, oppressé par le poids des non-dits et des secrets qui flottent dans ces murs. L'air est épais, chargé d'une tension que je ne peux ignorer. Pourquoi suis-je revenue ? Suis-je prête à affronter ce qui m'attend ici ? La vérité, c'est que je ne pense plus avoir le choix.

En avançant vers le salon, je sens mes mains trembler légèrement. Chaque meuble, chaque rideau, chaque tableau est à sa place, comme si le temps s'était arrêté. Mais l'aura réconfortante qui régnait ici autrefois a disparu, remplacée par une froideur déconcertante. Les ombres des vitraux ornent les murs de motifs complexes, semblant danser sinistrement sous la lumière pâle de la lune.

- Renesmée ? Que fais-tu ici ?

Je sursaute, surprise par la voix. En me retournant, je découvre ma mère, assise dans l'ombre face à la cheminée. La lueur vacillante du feu éclaire à peine son visage, mais je peux discerner une expression de mépris et de dédain qui ne m'est que trop familière. Ses traits sont figés dans une posture froide, et elle serre un verre de vin entre ses doigts, le faisant lentement tourner. L'atmosphère est glaciale, comme si mon retour ne faisait que raviver de vieilles rancœurs, de vieilles blessures.

- Maman... dis-je, ma voix faible et tremblante. Je pensais t'avoir prévenue que je rentrais plus tôt que prévu.

Elle reste silencieuse, ses yeux rivés sur moi, pesants. Le poids de son regard me fait frissonner, comme si elle analysait chacun de mes mouvements, chacune de mes pensées. Je sens cette vieille peur refaire surface, cette peur que je pensais avoir laissée derrière moi il y a longtemps.

- Je... je suis sûre de t'avoir...

Elle m'interrompt brusquement, posant bruyamment son verre sur la table basse, avant de se lever d'un geste sec. Sa démarche est raide, ses épaules tendues. Ses lèvres s'incurvent en un rictus de dégoût.

- Peu importe, Renesmée. Personne ici ne veut de toi. Tu es un fantôme. Un être inexistant à Blackridge. Tout ce qui s'est passé ne serait jamais arrivé si tu n'étais pas une causeuse de troubles.

Ces mots me frappent comme une gifle. Mon cœur se serre, et une vague de tristesse m'envahit. Je reste silencieuse, submergée par l'intensité de sa haine. Ses paroles tournent en boucle dans ma tête. "Un fantôme". C'est ainsi qu'elle me voit. Et peut-être a-t-elle raison, après tout. Mon retour ici ne fait que raviver des souvenirs douloureux, des souvenirs que j'ai longtemps tenté de fuir.

Le visage de mon frère me revient en mémoire. Ses rires, ses sourires, puis cette image, celle de lui étendu, sans vie. Je sens la culpabilité me ronger, me dévorer. Ai-je réellement été égoïste ? Est-ce que j'aurais pu l'empêcher ? Mon esprit lutte pour trouver une justification, une explication qui pourrait alléger ce poids. Mais rien ne vient. Rien ne peut effacer ce sentiment de culpabilité qui grandit en moi, m'enfermant dans une spirale de douleur.

- Tu sais très bien que ce qu'il s'est passé n'avait rien à voir avec...

- Ne te fatigue pas, me coupe-t-elle, sa voix pleine de rancune. Tes explications ne me ramèneront pas mon fils.

Son ton est glacé, dénué de toute émotion. Elle tourne lentement les talons, s'éloignant de moi. Chaque pas qu'elle fait semble marquer un point final à tout espoir de réconciliation. Ses mots résonnent dans ma tête, comme des coups de marteau, brisant un peu plus ce qu'il me restait de confiance en moi.

- Tu l'as tué, Renesmée. Ton égoïsme a pris la vie de mon fils.

Ces paroles résonnent dans la pièce, chargées d'une haine si intense qu'elle m'en coupe le souffle. Le silence qui s'installe est insupportable. Je reste figée, incapable de bouger, le regard perdu dans le vide. Elle disparaît dans l'ombre, et je me retrouve seule, entourée de ces murs témoins de tant de douleur.

Je sens mes jambes trembler, et mes pensées s'entremêlent. Était-ce vraiment de ma faute ? Et si je n'avais pas insisté pour que nous partions à cet endroit ce jour-là ? Mon esprit me torture avec des "et si". Je ne peux plus respirer correctement. L'air me manque. Je veux crier, hurler, mais aucun son ne sort de ma bouche. Seuls mes souvenirs s'élèvent, hurlant à ma place.

***

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See ya soon my lovelies <3

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