1. Jean-Michel Trucmuche (Épreuve Citrouille)

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Épreuve 1/4 : épreuve Citrouille.

Thème :

Écrire un récit d'horreur d'environ 500/600 mots en s'inspirant d'une phobie. Prenons l'exemple de l'arachnophobie (phobie des araignées) : le protagoniste peut être confronté à une araignée gigantesque, à un démon à moitié arachnide venu des enfers, ou que sais-je, du moment que ça fait peur.

Vous avez jusqu'au 13 octobre pour publier le rendu !

Mon texte :

Cette année-là, l'automne était arrivé comme un couperet. Le cœur des passants se serrait le soir venu. Les feuilles dansaient sous un souffle glacial. Transies de froid, les religieuses se hâtaient de regagner leur couvent. Depuis quelques jours, la Cathédrale de l'Immaculée-Conception de Georgetown avait subi plusieurs dégradations : les Christs avaient été mis à l'envers, des larmes de sang avaient été peintes sur les joues des Madones, des citrouilles avaient été disposées sur l'autel. Comme si c'était trop peu, la mairie avait décidé de diffuser dans la rue, dès la tombée de la nuit, une musique avec des cloches tubulaires. Censée insuffler aux habitants la joie de vivre, cette ritournelle, bien au contraire, accentuait leur détresse.

Alistair Surfeterre rentrait chez lui. Il roulait entre les maisons de style et les rangées d'immeubles soignés. Il avait faim. Il avait froid.

Trêve de plaisanterie, il n'avait ni faim ni froid. Sa Mercedes AMG-GT-63S diffusait une agréable chaleur. Tout en se grattant négligemment l'entrejambe, il appuya sur un bouton. Avec une petite vibration caractéristique, une vodka-citron sortit de la boîte à gants.

Il venait de pleuvoir et il aperçut une jolie fille. Un petit coup de volant dans une grosse flaque et il parvint à éclabousser la s...pe d'une grande gerbe grisâtre et nauséabonde.

« Yes ! » s'exclama-t-il.

Il était rare qu'il ne remplisse pas son objectif. Et à chaque fois, il lâchait un petit rire enfantin.

Alistair Surfeterre avait tout lieu d'être content : rien ne lui résistait. Dans deux ans, il aurait certainement gagné suffisamment de pognon pour s'installer à Ibiza et se dorer les doigts de pieds au soleil.

Mais ce n'était pas tout : il s'apprêtait à conclure avec sa collègue Millie. Sous ses petits airs pincés, certainement dissimulait-elle un goût prononcé pour les galipettes. Il lui avait fallu plusieurs semaines pour la convaincre et il lui tardait de la déshabiller. Il l'avait invitée chez lui et C'ÉTAIT CE SOIR.

Seule ombre au tableau : Alistair Surfeterre était atteint de jeanmicheltrucmuchophobie.

Bon, revêtons notre toge de professeur. Qu'est-ce donc que cela ? Eh bien, les amis, il s'agit d'une phobie extrêmement rare. Des arachnophobes, des cynophobes, des coulrophobes, on en trouve des tas. Mais des jeanmicheltrucmuchophobes, y en a très très peu. Ceux qui en sont atteints n'ont pas de chance : ils sont terrorisés à l'idée que leur apparaisse Jean-Michel Trucmuche. Pourtant, ils ne savent pas qui c'est, ils n'ont aucune idée de son apparence physique... Mais ils ne démordent pas qu'ils le rencontreront un jour et cette seule idée leur glace le sang.

Alistair Surfeterre rentra dans son appartement du sixième étage. À peine avait-il commencé à se servir une autre vodka qu'il entendit quelqu'un monter les escaliers de l'immeuble en ricanant : Gnihihi... Héhéhé... Rognfhihihahaha...

Pas de doute : c'était Jean-Michel Trucmuche !

Alistair recula. Non, pas maintenant. Pas déjà. Pas le jour où il pourrait enfin déshabiller Millie Burstyn.

Gnihihihihahahaaaaaaaaaa...

L'être démoniaque enfonça la porte d'un coup de pied et il apparut à Alistair Surfeterre dans toute son horreur trucmuchienne : sous ses cheveux trucmuchés, un visage top trucmuche où se découpaient des yeux pétillant de trucmucheries.

Sous le coup de la terreur, Alistair recula de nouveau et finit par tomber dans le fauteuil où, quelques minutes auparavant, il s'imaginait encore qu'il s'accouplerait avec Millie (eh oui, c'était son fantasme de s'accoupler dans un fauteuil et pas dans un lit).

Tels des vers de terre nourris avec de la confiture de Trucmuche, Jean-Michel T. approcha avec un art consommé de la trucmucherie ses petits doigts boudinés du visage terrorisé d'Alistair.

« AU SECOURS ! AUSECOUUUUUUUUUUUUUUUURS ! » hurla notre héros.


608 mots


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