Épreuve 3/4 : Épreuve Chocolat.
Thème :
Raconter comment un de vos personnages va finir par mourir à cause d'un empoisonnement par du chocolat.
...
QUELQUES EXEMPLES :
1) En fait, c'est le roi d'un royaume, et son fils voulait le trône. Le chocolat étant son péché mignon, le fils a truffé toutes ses tablettes avec de la mort au rats.
2) Ce n'était pas intentionnel, le cuisinier du restaurant où il a mangé s'est planté dans les dosages (c'est con ça !).Vous avez jusqu'au 16 novembre. Je ferai un rappel quelques jours avant (sur les conseils d'Alan-na).
Mon texte :
Connaissez-vous la République du Contrôle Total ? Elle est bordée à l'Ouest par la Moldavie et à l'est par l'Ukraine. Cette entité territoriale n'est reconnue par personne, elle ne figure sur aucune carte mais elle existe bel et bien.
Aélian Ventrose habitait la capitale de cet État-fantôme. Ce jour-là, il se dirigeait d'un pas empressé vers une chocolaterie. La chocolaterie du bout de la rue. Située en périphérie, cette boutique était peu connue. On murmurait son nom de bouche en bouche, comme un sésame. On se demandait si ce n'était pas une légende.
Aélian soupira. Il se remémora son enfance dégueulasse, son adolescence torturée, ses débuts minables dans le monde professionnel. Il exerçait le noble métier de programmateur et mettait au point des logiciels-espions.
Où qu'il se tournât, un monument à la gloire du dictateur Mikhaïl Dragunov se dressait sous ses yeux. À moins que ce ne fût une immense affiche célébrant la bravoure, la gentillesse et la bogossitude du potentat pédophile.
Il croisa une petite fille rousse aux bonnes joues rondes et son cœur se serra. Beaucoup d'enfants mouraient à cause de la pollution devenue extrêmement nocive. Des nuages toxiques planaient en permanence sur la ville et une pluie acide se déversait de façon à peu près ininterrompue. Les habitants ne prenaient même plus la peine de se protéger.
À quoi bon ? Dans la République du Contrôle Total, vivre était un véritable calvaire. Une puce avait été implantée dans le cerveau de chaque habitant et surveillait avec attention son activité cérébrale. Une oreillette, par ailleurs, lui avait été greffée.
Dès que vos pensées s'écartaient de la ligne du Parti, une voix vous hurlait que vous étiez un crétin et un gros débile.
Seules les personnes très intelligentes parvenaient à tromper la puce en ayant deux flux de pensées. Le premier se trouvait en surface et nourrissait des sentiments enthousiastes à l'égard du régime. Le second se dissimulait sous la surface et s'autorisait des idées loufoques, des pulsions contestatrices, des élans amoureux.
Il était interdit d'exprimer une pensée originale, votre conjoint vous était imposé (du reste, il y avait moins de filles que de garçons et seuls les hommes appréciés par le régime avaient accès au mariage), — le suicide, il va sans dire, était impossible tant la surveillance sur la population était étroite.
Las d'exister, Aélian luttait en vain contre la dépression. Il s'efforçait constamment d'avoir des élans patriotiques et de nourrir une admiration sans faille pour le dictateur. Cette lutte l'épuisait et il aspirait à mourir au plus vite. Il avait eu vent qu'il existait en périphérie un chocolatier grâce auquel il était possible de franchir le pas.
Il atteignit les limites de la ville. Il lui fallait se glisser dans un lacis de ruelles où se dressaient des immeubles insalubres. C'est là que se trouvaient confinés tous ceux qui avaient été rendus fous par le contrôle exercé sur leur pensée. Vêtus de loques, ils erraient avec un regard vide, — pour la plupart, ils avaient oublié comment ils s'appelaient.
Enfin, il repéra la chocolaterie. Elle ne payait pas de mine. Quand il entra, il ne put retenir un sursaut de stupeur. On ne trouvait rien d'autre que des dictateurs en chocolat sous toutes les formes : debout en train de haranguer la foule. Ou alors bras croisés. Ou encore seulement la tête avec un air infiniment jovial...
Notre héros se demanda si c'était bel et bien ici qu'on pouvait trouver du poison. Mais le chocolatier, un vieil homme à l'œil vif auquel n'avait pas échappé l'air particulièrement déprimé de son client, lui glissa dans la main un petit œuf en forme de citrouille d'Halloween. Puis il lui murmura à l'oreille :
« C'est gratuit ! Absorbe-le quand tu veux. Dis-toi simplement que l'effet ne se fera sentir que cinq minutes plus tard. Arrange-toi pour te trouver en public. Et loin d'ici ! On croira que tu as succombé à un arrêt cardiaque.
— Mais, osa Aélian, pourquoi prends-tu le risque de...
— Tais-toi. Tant que je serai en vie, j'aiderai les personnes comme toi. Je t'avoue que je préférerais largement me trouver dans la tombe. Mais j'ai préféré rester : vois-tu, ces œufs constituent la seule porte de sortie pour des personnes qui n'en peuvent réellement plus... »
Il avait oublié toute prudence dans ses propos mais semblait ne plus s'en préoccuper.
« Le pouvoir est forcément au courant, ajouta-t-il avec un soupir. Je crois bien que ça l'arrange... Sinon, ils m'auraient déjà attrapé, torturé, exécuté en place publique ! À présent, déguerpis ! »
Tout songeur, Aélian se rendit sur la place de l'Hôtel-de-Ville. Il prit son œuf, l'examina. Autour de lui, les habitants s'empressaient de rentrer chez eux : une pluie acide avait commencé à tomber.
Aélian prit sa respiration. C'était maintenant...
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Nouvelles et rendus de concours
Historia CortaHé hé, vous trouverez dans ce livre mes nouvelles et les textes que j'ai écrits dans le cadre de concours divers et variés. Ouvrage appelé, je l'espère, à s'étoffer au fil des mois !