Chapitre 1 : La rencontre
C'est dans une ruelle grise, au détour du quartier de mon ex-flirt, que ma vie a pris une tournure inattendue. Ça faisait plusieurs jours que je traînais dans le coin, espérant croiser son regard, me demandant ce qui avait bien pu le pousser à m'ignorer soudainement. Le silence radio après des semaines d'échanges intenses me rendait folle. Je ne comprenais pas. Tout allait bien, ou du moins, je le croyais. Alors je me raccrochais à cette infime chance de tomber sur lui, peut-être le surprendre, peut-être même provoquer une confrontation.
Mais cette fois, je n'étais pas là juste pour le voir. Mon plan, bien que complètement impulsif et un peu ridicule, avait pris forme dans ma tête après des jours de frustration. J'étais venue trouver sa voiture. Pas pour une discussion sérieuse ou des explications – non, ça, je savais déjà qu'il n'y en aurait pas. J'avais plutôt opté pour une petite vengeance créative. J'avais apporté tout un kit dans mon sac : des œufs, de la farine, du lait, et des confettis en forme de cœur – un clin d'œil à mon côté "coquette", même dans la vengeance. L'idée était de lui laisser un souvenir... mémorable. Je me voyais déjà éclater les œufs sur le capot, mélanger la farine avec le lait pour faire une belle pâte gluante, et couronner le tout avec les confettis en forme de cœur, pour bien signer mon "crime". Ce n'était pas méchant, juste un petit rappel qu'on ne pouvait pas disparaître de ma vie sans en payer le prix.
Je m'imaginais déjà la scène, mon sourire en coin à l'idée de le voir découvrir son précieux véhicule ainsi décoré. Je ne savais pas trop ce que j'espérais obtenir avec ce coup-là. Peut-être un sursaut de culpabilité de sa part ? Ou simplement la satisfaction de reprendre le contrôle, d'une manière ou d'une autre. Mais au lieu de sa voiture, ce jour-là, c'est un autre visage que j'ai croisé.
Il était là, adossé à un mur, l'air tranquille, presque invisible dans cette ruelle terne. Un guetteur, à première vue, le genre de gars qu'on ne remarque pas si on ne fait pas attention. Son regard était perçant, comme s'il voyait au-delà de la surface, mais il ne bougeait pas, comme une ombre figée. Ses vêtements sombres et sa posture détendue le fondaient dans le décor, mais il y avait quelque chose dans son attitude qui dégageait une autorité silencieuse, une présence qu'on ne pouvait ignorer une fois qu'on l'avait remarquée.
Je m'étais arrêtée, instinctivement, sentant son regard sur moi. Il ne m'avait pas lâchée des yeux, comme s'il essayait de deviner ce que je faisais là. Puis, sans bouger de sa position, il m'a interpellée d'une voix calme mais rauque, empreinte d'un certain désintérêt.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Tu cherches quelqu'un ? Sa question était posée avec une indifférence calculée, comme s'il savait déjà que je n'avais rien à faire ici.
J'ai hésité, cherchant mes mots. Mon cœur battait encore à cause de l'adrénaline, cette sensation qui montait à chaque fois que j'approchais du quartier, espérant tomber sur mon ex-flirt. Je n'avais jamais prévu d'être remarquée, encore moins par quelqu'un comme lui.
— Euh... je... je passais par là, ai-je fini par balbutier, un peu tremblante.
Un sourire en coin est apparu sur son visage, un sourire qui disait qu'il ne croyait pas une seconde à mon excuse.
— Tu veux toucher ?* demanda-t-il, un air mi-moqueur, mi-curieux sur le visage, son sourire s'élargissant légèrement.
Je l'ai regardé, perplexe.
— Toucher quoi, exactement ? Mon esprit était déjà embrouillé par ma mission et la situation devenait de plus en plus étrange.Non... euh, non, pas vraiment, répondis-je, essayant de cacher l'inquiétude qui montait en moi.
Il éclata de rire, un rire franc et plein de malice, brisant un peu l'ambiance pesante. C'était à la fois rassurant et déconcertant.
— J'vais pas te manger, mon sang ! lança-t-il en riant. Il me fixait avec cet air amusé, comme si j'étais une bête curieuse. Puis son visage reprit un sérieux intrigué. T'es là pour quoi alors ? C'est pas un endroit pour une fille comme toi, ajouta-t-il, son regard toujours posé sur moi, plus analytique qu'intimidant.
C'est là que, contre toute logique, je me suis retrouvée à lui raconter l'histoire de cet ex-flirt qui me hantait. J'ai parlé de ce silence soudain, de ces messages sans réponse, et de mes espoirs frustrés. Je ne savais pas pourquoi je lui disais tout ça, à ce gars que je ne connaissais même pas. Mais quelque chose dans son attitude m'incitait à me confier, peut-être parce que je savais qu'il ne prendrait pas tout ça trop au sérieux. Et je ne m'étais pas trompée.
À ma grande surprise, il explosa de rire, cette fois-ci encore plus fort que la première fois.
— Ce gars-là t'ignore et toi, tu viens quand même ? Pas possible. T'as vraiment un grain, toi wAllah. Ses yeux pétillaient d'un amusement franc, mais pas méchant.
Son rire m'a déstabilisée, mais aussi désamorcé un peu la tension. J'ai fini par sourire moi aussi, réalisant à quel point tout cela était absurde. Il avait raison, dans le fond. Ce que je faisais n'avait aucun sens, pourquoi revenir sans cesse ? Peut-être parce que j'avais encore de l'espoir ou bien parce que je ne savais pas quoi faire d'autre? L'idée de perdre le contrôle de la situation m'était insupportable, après tout c'est lui qui était venue me draguer en premier ! Et puis, qu'avais-je à perdre ?
Après quelques échanges, alors que je me préparais mentalement à mettre mon plan à exécution, il m'a fait une proposition des plus étranges.
— Dis, tu pourrais me rendre un service ? demanda-t-il, toujours avec ce demi-sourire narquois. Ça te dit de devenir ma chauffeur ?
J'ai cligné des yeux, surprise par l'absurdité de sa demande.
— Pardon ? Je fronçais les sourcils, croyant à une blague.
— Ouais, j'ai pas le permis et j'ai besoin de rentrer chez moi, ajouta-t-il nonchalamment. Si tu m'emmènes, je te paye, fit-il en haussant les épaules, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.
Je ne savais pas quoi dire. Ce guetteur dont je connaissais même pas le nom et que je venais à peine de rencontrer me proposer de le ramener chez lui comme si c'était une offre d'emploi spontanée. Il avait l'air tellement détendu, tellement sûr de lui. Une partie de moi voulait refuser et partir loin de cette situation étrange. Mais l'autre partie, celle qui était venue ici avec des œufs, de la farine et des confettis, trouvait tout cela... amusant. Après tout, ma journée ne se déroulait pas exactement comme prévu, alors pourquoi ne pas jouer le jeu ?
— D'accord, dis-je finalement, un sourire en coin, prise dans un mélange d'amusement et de curiosité.
— Ça va, tu commences demain. Me lança t-il avec un hochement de tête et un clin d'œil en s'éloignant.À cet instant, je ne le savais pas encore mais cette décision, aussi banale et spontanée qu'elle paraissait, allait tout changer.
**toucher est un terme employé dans les quartiers signifiant acheter de la dr*gue

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Le guetteur et moi
RomansaQuand celui que je fréquentais a décidé de m'ignorer, j'aurais dû tourner la page. Mais au lieu de ça, je me suis retrouvée à arpenter son quartier, espérant le croiser. Ce que je n'avais pas prévu, c'était de tomber sur lui-le guetteur du coin, mys...