Chapitre 62

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"Ma mission était claire, je devais tuer Albus Dumbledore, par tous les moyens possibles."

Théodore ferma le carnet et resta immobile, le regard fixé sur ses mains, pendant de longues minutes. Il venait de passer les deux dernières heures à lire la première partie du récit de Drago. Il l'avait reçue par hibou dans la journée et s'était aussitôt installé sur le balcon de la bibliothèque pour la lire.

Son cœur battait bruyamment dans sa poitrine, il avait mal à la tête. Il avait des fourmis dans les mains, il serrait si fort ses doigts autour du carnet qu'ils étaient douloureux. Et surtout, il se sentait lourd. Lourd de tout ce qu'il avait appris en lisant les mots de son meilleur ami. Lourd de toutes ces souffrances et toutes ces révélations.

Lui qui avait cru tout savoir de ce qu'il avait vécu avant sa sixième année. Lui qui avait cru être assez proche de Drago pour le connaître par cœur. Il ne savait rien. Rien.

Il s'en voulait de ne rien avoir vu de tout ça, trop concentré sur son propre père. Théo avait passé sa scolarité renfermé sur lui-même à recevoir des lettres de son géniteur le menaçant de faire du mal à sa mère s'il ne se comportait pas de la bonne façon. Il avait été éduqué pour devenir la parfaite copie de Nott Sr., un homme d'une cruauté évidente et d'un tempérament plein de folie.

Il avait eu cependant la chance de n'avoir personne d'autre que son père pour le martyriser. On ne l'avait jamais poussé à quoi que ce soit si ce n'était des menaces qu'il savait pourtant réelles. Théodore n'avait jamais lancé d'Impardonnable et n'en n'avait jamais reçu non plus. Sa mère subissait tout à sa place. C'était ainsi qu'elle avait perdu la vie, sous les sorts de son mari.

Il avait été marqué bien plus tard que Drago, seulement quelques jours avant la Bataille Finale. Avant cela, il avait réussi à rester caché à Poudlard, suffisamment longtemps pour que son père le pense mort. C'était jusqu'à ce que l'un des jumeaux Carrow l'aperçoive au détour d'un couloir. Il avait été amené de force au Manoir Nott et avait été marqué dans les heures qui avaient suivi. Son père ne lui avait pas lancé un seul sort. Sa mère était morte le soir-même.

Il était revenu à Poudlard le jour de la Bataille Finale. Il y avait vu Harry pour la dernière fois. Il se souvenait souffrir encore de sa Marque ce jour-là, il se souvenait ne s'être que peu battu, incapable de lever sa main gauche pour se défendre. Il s'était caché, lâchement. Harry l'avait trouvé et pendant quelques minutes, Théo avait eu de l'espoir, il avait cru que les choses finiraient bien pour lui, qu'Harry pourrait le protéger.

C'était la dernière fois qu'il l'avait vu.

– Maître ? Maître, tout va bien ?

Théo se tourna brusquement vers Satine, qui l'observait d'un regard inquiet quelques mètres plus loin. Elle semblait défaite, terrifiée et le regardait avec de grands yeux pleins de larmes.

Il réalisa alors que ses propres joues en étaient couvertes. Il pleurait silencieusement depuis quelques minutes, sans l'avoir remarqué. Les mots de Drago étaient encore imprimés dans son esprit. Il revoyait ses phrases, ses paragraphes emplis d'une souffrance certaine pourtant cachée derrière une objectivité et un ton neutre. C'était destructeur.

Il s'empressa d'essuyer ses pommettes avec le revers de sa manche et sauta sur ses pieds, le carnet de Drago serré contre son torse.

– Tout va bien, Satine, la rassura-t-il aussitôt. J'ai juste... Ce sont mes allergies, avec le printemps, le pollen, mes yeux pleurent tout seul.

Elle ne sembla pas convaincue, mais elle hocha tout de même la tête. Elle se balançait d'un pied sur l'autre.

– Voulez-vous quelque chose, Maître ? Satine peut vous ramener un thé, ou bien un chocolat chaud, comme quand vous étiez enfant, Maître !

BasorexieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant