Chapitre 7 les emplettes

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La semaine a été très chargée, plusieurs audiences au tribunal ont eu lieu, dont une qui n'a pas été évidente, j'ai dû plaider pour une femme victime de violences conjugales depuis 10 ans. Elle avait décidé de se murer dans un silence, mais la dernière altercation violente avec son futur ex-mari, l'a conduit directement à l'hôpital avec une fracture du poignet droit ainsi que de l'index et du majeur, plusieurs ecchymoses au visage, bras, ventre, cheveux arrachés. Le médecin qui l'a auscultée, a estimé que son état de santé nécessitait des ITT de 10 jours. Pour une ITT supérieure à huit jours, le coupable peut obtenir une peine maximale, correspondant à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende, ou dix ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende. Ma cliente veut juste qu'il soit jugé convenablement et qu'il la laisse tranquille. Tout le long du procès, j'ai serré les dents, au départ je ne voulais pas accepter ce dossier, trop douloureux pour moi et je craignais de ne pas avoir la capacité de défendre convenablement ma cliente. Mais lors de l'audience, j'étais déterminée, j'ai pensé à mon père qui fracassait la tête de ma mère contre le mur dans l'entrée dès qu'elle rentrait du travail, des noms d'oiseaux proférés à la volée, comme si on disait « bonjour » ou « je t'aime » sauf qu'à coté, il y avait une petite fille de 6 ans qui entendait, qui regardait cette violence physique et verbale tous les jours. J'ai pensé aux pleurs de ma mère qui résonnait au fond de mes cauchemars toutes les nuits, aux marques visibles et celles invisibles encrées dans son cœur mais aussi dans le mien. J'ai pensé à toutes ces femmes qui se sont battus, qui ont réussi à partir et celles dont la mort a été une délivrance. Alors pour toutes, j'ai plaidé magistralement en évoquant les 10 années d'enfer, de silence, de peur et qu'il fallait aujourd'hui que la honte change de camps et permettre à ma cliente de vivre une vie paisible et sécuritaire. Nous avons gagné le procès, le coupable a été condamné à 15 000 euros d'amende et 3 ans de prison avec sursis et interdiction de s'approcher de la victime et obligation de soin. Vous me direz c'est peu, mais la plupart des victimes ne s'expriment jamais alors il faut savourer les victoires quand il y en une.

Après ce procès, j'étais tellement lessivée que j'ai pris deux jours de repos. Aujourd'hui on est jeudi, je vais en profiter pour faire les magasins pour notre soirée de samedi. Je pense que je vais dévaliser les magasins, je veux de la nouveauté pour l'occasion et impressionner mon amour. Je commence par me rendre dans un magasin de cosmétiques, « sephora » je prends du mascara noir, un rouge à lèvres bois de rose et quelques paillettes pour les joues, je veux que ça reste naturel. En plus j'ai regardé le club où on va, et il est très grand et possède deux jacuzzis, sauna et hammam, donc le mascara je vais le prendre waterproof, ça m'évitera d'avoir des yeux de panda toute la soirée (rire).

Je sors et je me dirige vers « Etam » pour de la lingerie, quand je rentre je vois un ensemble noir à dentelle. Je veux quelque chose de chic, sans trop en faire. Celui-ci ira très bien et comme ça j'ai le temps de poursuivre mes emplettes et de rentrer à la maison avant que Ludovic rentre.

Je sors du magasin et me dirige vers une enseigne de chaussures, que j'apprécie car elle a toujours des talons pour des petits pieds, avec mon 35 je rencontre souvent des difficultés à me chausser, j'espère trouver mon bonheur. Sur le chemin, je tombe nez à nez avec Samantha, qui s'arrête.

- Holà, comment vas-tu Vic ?

- Euh bien, j'aurai aimé te voir à la soirée surprise organisée pour mon anniversaire, sachant qu'ensemble cette année on n'a rien fait.

- Oui je sais, mais je suis très occupée en ce moment et je n'étais pas disponible.

- Oui oui, toujours le même refrain, Ludovic m'a dit qu'il avait décalé à plusieurs reprises afin que tu sois présente...

- Écoute Vic, je n'étais pas disponible, un point c'est tout. Je n'ai pas d'explication à te donner et si cela ne te convient pas, il faut que tu t'y fasses.

- Tu as raison, il faut que j'arrête de croire que notre amitié est éternelle. Chacun sa vie et ses préoccupations ...

Je décide de poursuivre mon chemin, parce qu'il ne sert à rien d'espérer quand vous êtes seule à vous battre pour une amitié qui n'existe plus. Pourtant je me rappelle encore quand on s'est rencontrée, deux adolescentes de 14 ans quittant Paris pour partir à 700 kilomètres. On ne se connaissait pas encore, mais nos parents avaient décidé de quitter la grisaille, les bouchons, la surpopulation pour partir à la campagne du sud loin de tout et surtout entouré de forêt, de champs remplis de vaches et du soleil.

Vous vous doutez bien que je n'étais pas ravie de quitter mes copines, la danse, les magasins et le cinéma à proximité surtout quand vous atterrissez dans un petit village de 200 habitants. L'établissement scolaire situé à 30 min je devais prendre le bus tous les matins. Mais je ne regrette rien, à la rentrée scolaire, j'ai fait sa connaissance et c'était comme une évidence. Notre amitié est née ce jour-là. En dix ans d'amitié, on en traversé des moments, bon comme mauvais, mais surtout soudées avec la promesse d'être là l'une pour l'autre jusqu'à ce que la mort nous sépare. On ne se quittait jamais, on était tout le temps en cours à coté, elle venait dormir à la maison et réciproquement et on se soutenait. On était comme des jumelles, au point où on s'habillait pareil sans même se concerter. Samantha et moi, ce sont des rires à en pleurer, ce sont des journées bloquées sous la neige, des confidences sous l'oreiller, des centaines de secrets, des premières expériences inavouables et il va falloir faire une croix dessus. Parce que je ne peux plus souffrir constamment de son absence et que j'aurai tenu ma promesse jusqu'au bout, j'ai toujours été là et ce n'est pas réciproque.

Je crois qu'une page se ferme pour en ouvrir une autre. Il n'y a pas de hasard dans la vie, si c'est comme ça c'est qu'il y a une raison. Alors je vais avancer pour moi et pour Ludovic et je vais continuer d'acheter tout ce qu'il me faut pour cette soirée.

Je regarde la vitrine, je vois une paire de sandales ouvertes à talons, elles sont noires avec une attache fine pour les chevilles. Je vais demander s'ils ont ma pointure. Par chance c'est le cas, rien qu'à les regarder je suis en amour pour elles, je les essaye et elles me vont parfaitement, je crois qu'aujourd'hui je suis comme cendrillon avec ses pantoufles de verre.

Il me manque plus que la tenue, je ne mettrais pas de bijoux, j'ai trop peur de les perdre ou d'être obligée de les retirer pour les coins humides. Enfin dans ce genre d'endroit tous les espaces doivent être mouillés ainsi que les personnes présentes ...

Je rentre chez « Morgan », j'adore ce magasin, je trouve toujours que les vêtements sont chics sans être vulgaires. Au loin j'aperçois une jupe en simili-cuir et un chemisier blanc, c'est simple mais classe et pour une première, je ne veux pas en faire trop. J'ai trouvé » tout ce que je souhaitais pour l'occasion, je décide de faire une halte au restaurant japonais afin de prendre des sushis, des makis, des californias, des gyozas et pour le dessert des mochis glacés à la mangue et à la framboise, et pour finir deux bières japonaises afin de nous faire une soirée film en amoureux.

Sur le retour en conduisant, la tension monte, je suis excitée pour cette future soirée mais j'ai également peur. Peur que ça ne me plaise pas, peur de décevoir Ludovic, peur de ma timidité, peur de mes fantômes qui sont là constamment, peur de m'enfuir en courant. J'essaye de reprendre le contrôle et de me rassurer, je ne serais pas toute seule. Je lui en parlerai en rentrant je sais qu'il aura les mots pour me comprendre et m'apaiser.

En arrivant à la maison, je rentre et je me dirige directement vers la chambre afin de cacher mes achats pour en faire la surprise à Ludovic. Je nous prépare un plateau pour notre dégustation et je vais regarder sur Netflix quel film ou quelle série, on choisit de visionner. J'ai trouvé, moi qui adore l'ère viking, je vais mettre « the last kingdom »

J'entends la porte, je sais que mi amor est présent.

Je suis comme une enfant surexcitée, j'aimerai porter ce que j'ai choisi, mais je garde la surprise.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 09 ⏰

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L'âme d'une libertineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant