Chapitre 5 - la désillusion

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Je rentre du travail, il est 18h00, je retire mes chaussures que je pose dans l'entrée, aujourd'hui, je portais une petite robe noire vaporeuse avec des collants noirs transparents à pois, je l'avais donc assortie à une paire de boots à talon, un look working girl comme j'aime. J'avais coiffé mes cheveux en laissant mes boucles se poser sur mes épaules et j'avais légèrement maquillé mes yeux bleus, de mascara et crayon noir, avec un fard pailleté taupe.

En m'approchant du salon, j'entends une conversation, intriguée j'écoute. J'entends Ludovic discuté au téléphone avec quelqu'un dont l'échange est sérieux.

- « Écoute mec, je te le dis, si ce n'est pas elle, ça sera une autre, je ne vais pas me prendre la tête pour une personne qui ne comprend pas ce que je souhaite et ce que je désire réellement. Je n'ai plus le temps pour ça ! »

Ludovic me voyant près du mur, préfère clore la conversation.

- « Victoria est rentrée, on se rappelle d'accord ?! » tu es là ma chérie, tu as passé une belle journée ?

- Oui, ça va merci, mais j'ai l'impression de t'avoir dérangée, il y a un problème ?

- Non non ne t'inquiète pas avec ça, ce n'est pas important.

- Très bien, comme tu veux, même si j'ai l'impression que tu me caches quelque chose.

- Mais non, rien du tout ! ce soir, tu te souviens que je vais pratiquer du sport chez Cyril et qu'après je mange avec lui, ça ne te dérange pas au moins ?

- Non non, je m'en souviens, j'ai prévu de me faire à manger et de regarder un film avant d'aller me coucher, demain j'ai rendez-vous au tribunal pour le travail et j'ai besoin de sommeil pour cette journée qui va être riche en émotion.

- D'accord, je pars prendre une douche et je file, à tout à l'heure, je t'aime.

Assise sur le canapé, en mangeant des toasts au saumon, je n'arrive pas à me concentrer sur cette série « gossip girl », je rumine la conversation que Ludovic a eu au téléphone et s'il s'agissait de moi, qu'il souhaite tout arrêter car je ne lui conviens plus, qu'il pense que nous ne sommes plus en phase. Depuis le temps, que j'appréhendais, je me suis portée la poisse et l'homme que j'aime va s'extirper avec une autre femme plus ouverte et plus libérée sexuellement. Ce n'est pas possible, je n'ai pas vécu six ans de ma vie à ses côtés pour que tout se finisse maintenant.

Je décide d'aller me coucher, mais la position allongée m'est inconfortable, j'ai tellement une boule au ventre, le moral dans les chaussettes, et le cœur remplit de larmes que je ne peux m'endormir. Alors je me plonge dans mes pensées, je me remémore nos moments ensemble, comme nos premières vacances. Nous étions encore des jeunes étudiants avec peu d'argent en poche, nous avions décidé de nous rendre à Lacanau et de dormir en camping sauvage. Nous avions parcouru 4h de route pour admirer l'océan et poser nos pieds dans le sable chaud. Cette excursion nous avait ouvert l'appétit, et nous avions décidé de manger sur le bord de plage, dans une pizzeria, nous avions choisi une pizza poulet ananas, et une bouteille de rosée qui était vite montée à la tête. Je me souviens de nos regards remplis d'ivresse, de notre amour naissant, de nos promesses soufflées à la volée, de nos rires qui résonnaient avec la brise de l'océan. Tout autour de nous, des hommes, des femmes marchaient, profitaient du soleil et de sa chaleur, mais j'avais l'impression que nous étions seuls au monde, nous deux entourés d'une bulle d'amour et d'insouciance. Les quelques jours d'après, nous avions pris un hôtel de fortune, mais suffisant pour se doucher et dormir. Aucune envie de repartir, nous avions visité la dune du Pilat, Biscarosse, bordeaux et ses alentours. J'avais adoré nos premières vacances en amoureux. Pour la première fois de ma vie, je me sentais en sécurité auprès d'une personne dont les sentiments étaient réels. Il n'est pas simple de ne plus être sur le qui-vive, de ne plus vous soucier des bruits qui vous entoure ou des ombres qui se dessinent derrière vos pas. Quand vous êtes habitué à dormir que d'un œil, à anticiper tous les faits et gestes, à être sur vos gardes, à longer les murs, à vous faire la plus discrète afin de ne pas attiser la curiosité, ne pas amener le danger près de vos petits pieds. Et tout d'un coup, la flèche de cupidon transperce votre cœur et vous soulage d'un poids en vous reposant sur l'être aimé.

L'âme d'une libertineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant