ARCANES

Chapitre 6 - Secrets de famille

" Le passé ne peut être changé, mais l'avenir est entre nos mains. "

CYRUS

—

Je me réveille doucement, flottant entre le monde des rêves et la réalité. La lumière du jour peine à filtrer à travers les rideaux épais de ma chambre, plongeant l'espace dans une obscurité feutrée. Les murs sont peints d'un noir profond, créant une atmosphère à la fois apaisante et oppressante, tandis que les meubles en bois ajoutent une touche de chaleur à cet environnement austère. La baie vitrée, reste voilée, me laissant à l'abri de la lumière vive du matin.

Je m'étire lentement, ressentant les courbatures qui parcourent mon corps. Chaque mouvement réveille des douleurs que je n'arrive pas à ignorer. En ouvrant les yeux, une douleur lancinante m'assaillit autour de mon œil gauche, me rappelant les événements de la veille. Des images floues, des éclats de voix, et un sentiment de malaise surgissent, mais je préfère les repousser. J'ai besoin d'un instant pour moi, loin de tout ça.

Les souvenirs d'hier me hantent, mais je me force à les ignorer, comme si les enfouir pouvait les rendre moins réels. Je repense à la société, à ses ombres et à ses secrets. Je suis submergé par un mélange d'appréhension et de frustration. Pourquoi ai-je laissé les choses déraper de cette manière ?

Soudain, je me redresse avec un sursaut et m'assois au bord du lit, tenant ma tête entre mes mains, les coudes enfoncés dans mes genoux. La panique me submerge.

Amara m'a suivi.

Mon cœur se met à battre plus vite alors que je me souviens de son regard, de son air déterminé. Qu'a-t-elle vu ? Qu'est-ce qu'elle sait vraiment ? Je m'efforce de me rassurer, me répétant qu'elle ne connaît rien de la société. Elle a simplement été témoin d'un fragment de ma vie que je n'ai jamais voulu partager.

Pourtant, cette pensée ne m'apaise pas. L'angoisse grandit en moi, se mêlant à une colère sourde. Je m'en veux de l'avoir exposée à un monde aussi sombre, de l'avoir laissée approcher si près des dangers que je tente de fuir. L'idée qu'elle puisse être mêlée à tout ça me terrifie. Chaque seconde qui passe fait naître en moi une frustration intense, accentuée par la douleur encore vive qui irradie de mon visage.

Je ferme les yeux un instant, essayant de retrouver mon calme. Respirer. Je dois garder le contrôle. Mais alors que je tente de calmer mes pensées, des souvenirs s'imposent à moi. Le regard d'Amara était terrifié, mais il portait aussi une détermination silencieuse. Dans un moment de désespoir, elle a même tenté d'utiliser son don pour plonger dans mes souvenirs. Cependant, j'ai réussi à l'en empêcher, mais cela ne fait qu'accroître ma colère.

Je finis par me lever, les jambes tremblantes, et je me dirige vers la fenêtre. Je tire les rideaux pour laisser entrer la lumière du jour, chassant l'obscurité de ma chambre, mais aussi celle de mon esprit. L'illumination brutale me fait plisser les yeux. Après avoir aéré la pièce, je me dirige vers ma salle de bain. Je prends une douche, espérant que l'eau froide effacera les traces de ma fatigue et de mes pensées tourmentées. Je dois affronter ce que j'ai fait, ce que je suis devenu. Amara est là, et je dois me préparer à ce qu'elle pourrait encore découvrir.

Après ma douche, je me brosse les dents, essayant de me concentrer sur le mouvement monotone de ma brosse. Quand je lève les yeux vers le miroir, je découvre la cause de la douleur autour de mon œil gauche : un œil au beurre noir, éclatant et douloureux. Je soupire en me disant qu'ils ne se sont pas retenus sur moi hier soir à la société. Une colère sourde m'envahit, mais je repousse cette pensée. Comment vais-je faire maintenant ? Je sais qu'on va sûrement me poser des questions, mais je m'en fiche. J'inventerai encore une excuse, comme d'habitude.