Chapitre 5 - Les non-dits

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"Le silence est une torture plus grande encore que la parole." – Khalil Gibran

AMARA







La nuit est tombée, enveloppant la ville d'une obscurité profonde. Je me trouve sur le balcon, le froid de l'air nocturne m'envahit, m'obligeant à me blottir un peu plus dans mon pyjama. La lueur vacillante de ma cigarette illumine faiblement l'espace, projetant des ombres dansantes sur le mur. Je tiens un livre ouvert sur mes genoux, mais je peine à me concentrer. Mes yeux parcourent les pages, mais les mots semblent glisser sans s'ancrer dans mon esprit. Je relis la même phrase plusieurs fois, et chaque tentative de comprendre se heurte à un mur de pensées distraites. Les phrases se mêlent, s'entrechoquent, et je sens une frustration grandissante monter en moi. Les histoires que je devrais apprécier se transforment en un flou inintelligible, tandis que des souvenirs lointains s'invitent dans mon esprit, emportant ma concentration avec eux.

Soudain, j'entends un bruit sourd provenant de la ruelle en dessous. Je me penche pour jeter un œil et aperçois un chien familier : Kio, le golden retriever de Cyrus. Un sourire nostalgique s'étire sur mes lèvres. Je me rappelle des heures passées avec Cyrus, à jouer avec lui dans le parc, à rire ensemble, insouciants des problèmes qui nous séparent aujourd'hui.

Je scrute les alentours, et je le vois, là, Cyrus. Il se tient dans l'ombre, vêtu d'un pull noir, la capuche rabattue sur son visage. Son allure, si différente, attire mon attention. Que fait-il dehors, seul, à cette heure tardive ? Je sens un frisson parcourir mon dos, une curiosité mêlée d'inquiétude.

Sans vraiment réfléchir, je décide de le suivre. Enfile ma veste par-dessus mon pyjama, glisse mes pieds dans mes bottes, et je sors de chez moi en silence, prenant soin de ne pas faire de bruit. La fraîcheur de la nuit m'enveloppe alors que je m'engage dans la rue, prête à découvrir ce qui le tracasse, poussée par une force qui me dépasse.



Le chemin semble interminable, sinueux et bien caché, m'entraînant dans des zones d'ombre que je n'avais jamais explorées. Chaque pas m'éloigne un peu plus de la sécurité de chez moi. Je fais attention de ne pas me faire remarquer par Cyrus, gardant une distance prudente derrière lui. Les bruits de la nuit entourent mes pensées, le craquement des branches sous mes pieds se mêlant aux murmures du vent. Ce chemin est inconnu, comme s'il n'appartenait qu'à lui. Je réalise que peu de gens doivent le connaître, tant il est dissimulé, comme un secret jalousement gardé.

Après un moment, nous débouchons sur une clairière, où se dresse un chalet sombre, immense, ses contours se fondant presque dans la nuit. Un frisson me parcourt, et une vague d'inquiétude m'envahit. Pourquoi Cyrus choisirait-il de se rendre ici ? Sans surprise, il pousse la porte et disparaît à l'intérieur. L'angoisse me serre la poitrine. Suivre Cyrus à l'intérieur serait trop risqué. Je suis paralysée par la peur de ce qui pourrait se passer, mais je ne peux pas me résoudre à abandonner.

Je reste là, à l'extérieur, me fondant dans l'obscurité. J'espère pouvoir entendre quelques bribes de discussion, mais il n'y a aucune fenêtre à ma hauteur, rien qui me permette de m'approcher de la vérité. Le froid commence à s'installer, et une sensation d'angoisse s'immisce dans mes pensées. La nuit est vraiment sombre, presque oppressante, et les ombres semblent se mouvoir autour de moi. Je lutte pour surmonter ma peur, mais chaque bruit, chaque souffle du vent me rappelle que je ne suis pas seule dans cette obscurité.

Alors que je m'accroupis, mes yeux rivés sur la porte close, je me demande ce qui se passe à l'intérieur. Les minutes s'étirent, chaque seconde me semblant une éternité. Je tente de rationaliser ma peur, mais l'angoisse reste là, tenace. Pourquoi ai-je choisi de le suivre ?

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