Chapitre 2

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Je coche les cases les unes après les autres pour m'assurer que tout est en place pour la réception.
Lorsque nous sommes arrivés, Levi s'est directement éclipsé parce qu'il ne voulait pas me déranger pendant que je finalisais le mariage. Est-ce normal que j'aie trouvé ça adorable ?

Ça fait plus de deux heures que j'ai commencé à tout contrôler et j'atteins enfin le bout de ma liste. Mon petit - plutôt grand - retard a été difficile à rattraper. Par chance, à partir du moment où mon esprit est en mode travail, je ne peux plus m'arrêter. Je suis tellement concentré dans la vérification des nominations sur les tables que je ne remarque pas l'apparition d'Alya, la photographe avec qui je collabore régulièrement.

— Je veux tout savoir. Comment l'as-tu connu? Et est-ce qu'il a un frère?

Je me détourne des pancartes disposées devant les assiettes et admire son sourire rayonnant, ce qui ne change jamais. Je glousse en secouant la tête alors qu'elle brandit son appareil photo comme arme de dissuasion. Je déteste être prise en photo et elle en joue.

Je lève les mains en signe de paix lui donnant un air satisfait qui m'amuse encore plus.

— Il a effectivement un frère, et c'est Juan. Il le remplace parce que ce traître est malade.

Elle fait semblant de s'épouvanter en s'écroulant sur la chaise à mes côtés alors que je m'applique a nouveau sur mon inspection. J'aperçois le prénom d'oncle Richard et je vérifie instantanément que tante Dalhia ne soit pas installée ensemble. Cette erreur pourrait assurer une ambiance électrique tant ils ne peuvent pas se supporter. Et même si une part de moi hésite à ruiner ce mariage, j'aimerais éviter d'en entendre parler pendant les prochaines décennies.

— Si tu ne veux pas rentrer avec lui ce soir, je me porte volontaire.

Sa réflexion m'amuse, comme si j'avais pu croire que je rentrerai avec Levi. Enfin, c'est évident que oui, mais simplement parce que sa voiture est garée chez moi. C'est une raison bien différente de la sienne. Je me concentre à nouveau sur mon amie pour éviter que mes pensées ne dévient dangereusement. Ses cheveux roux sont coiffés dans un chignon approximatif et ses yeux d'un vert vif semblent me dévisager. Est-ce qu'elle attend une réaction particulière de ma part ? Je l'ignore.

— Tu n'es plus intéressé par Mike tout d'un coup. Dis-je en haussant le sourcil pour changer de sujet.

Elle s'étouffe faussement, visiblement choquée par mes propos, tandis que je retiens un rire. Elle a un faible pour lui depuis qu'ils se sont rencontrés, il y a trois ans. Elle se contente de discuter avec lui quand ils sont tous les deux chez moi, ou lorsqu'ils participent ensemble à un mariage. Peut-être que je devrais jouer à cupidon ? Enfin, vu la quantité de temps libres dont je dispose, ça me paraît compliqué.

— Je t'interdis de dire cela à propos de l'homme de mes rêves.

Je ne me retiens plus et pouffe de rire alors qu'elle m'assassine des yeux comme si j'avais dit la chose la plus stupide au monde.

— Il serait peut-être temps que tu utilises le numéro que je t'ai donné pour lui proposer un rendez-vous.
— Pour qu'il décline ? Je préfère rester seule jusqu'à la fin de mes jours.

Je secoue la tête découragée par cette conversation qu'on ne cesse d'avoir et qui ne porte jamais ses fruits. Je m'installe sur la chaise à ses côtés et lui sourit avec tendresse.

— Est-ce qu'un non est vraiment pire que de ne jamais savoir ?
— Sans doute.

Je suis désespéré.

Just a little lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant