~~ Préface ~~

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9 mois plus tard...

J’appuis le pass sur la borne, la gorge nouée, et me précipite jusqu’au fond du bus. Là, je prends place sur la dernière rangée de sièges. C’est la fin. La fin d’un paquet de choses.

Alors, n’y tenant plus, je jette un regard par dessus mon épaule. Là, dans la grande vitre arrière du bus s’éloignent les tuiles du château. Bien que je retournerai au lycée demain pour la dernière fois de l’année de seconde, cette vue m’arrache un sanglot. Les larmes roulent, mêlant joie, regrets, émotion, colère, tristesse et nostalgie.

Les souvenirs déferlent, tournent ce film qu’à été ma vie ces mois durant. Je revois ces milliers de fois où je me suis assise sur ces sièges rouges, où j’ai aperçu l’étiquette du bus au coin de la gare routière. Ce banc détrempé. Les fiches sorties à la va-vite les matins d’hiver pour les premiers contrôles d’histoire.
Je me retrouve errant dans la cour les premiers jours, peinant à trouver mes marques et sanglotant seule de ce changement brutal. Mes difficultés à m’intégrer. Mes premiers repas avec Ambre, Quentin. Mes premiers pas maladroits dans la vie de groupe avec Tania et Daphnée, qui avait tout précipité et entraîné ce fameux jour de pluie où tout avait basculé. Celui là même de l’entrée d’Amin, de Evan, de Sam et de Aaron dans ma vie. Ma réticence première à me lier d’amitié avec eux, puis la naissance de mes sentiments pour le plus détestable des quatre. Celui que j’avais le plus haïs, et que j’aimais tant désormais. Ces mois d’amitié comme de haine qui ont suivi, le bal d’hiver, mes sorties avec Rose et le reste du groupe. Ces professeurs que je ne retrouverai probablement pas. Cette classe que je devais laisser derrière moi.

J’avais fini dans une poubelle, sous un babyfoot, appris à jouer au foot et enchaîné des centaines de parties de ping pong ; j’avais mangé McDo une dizaine de fois simplement pour partager un repas en dehors de l’école avec mes amis ; je me revois courir dans les sous sols de la primaire, me jeter au creux de buissons derrière la serre ; et ce ciel du mercredi après midi, si bleu, que j’observai allongée dans l’herbe du parc ; l’affreux coquard sur mon œil gauche, les jeux sous la pluie, le rap dans la cantine, les courses après le bus, les chants, les danses, les pleurs, les rires, les sourires.

Pour la première fois de ma vie, l’on m’avait acceptée, intégrée. J’avais fait parti d’un grand groupe d’amis. J’avais été amoureuse.

J’essuie mes larmes d’un revers de manche et me retourne. Un faible sourire humide s’étire alors sur mes lèvres ; oui, ça a été une année mémorable.

Horizon Institut ~Saison1~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant