Chapitre 2 - A travers le miroir

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     Ce n'est que dans les conséquences qu'un homme comprend et apprend de ses erreurs. Phoebe Heminx n'attendait aucune forme de créance ou bien le moindre mot d'approbation, et lorsqu'on lui offrait la plus petite des louanges, elle ne s'abstenait pas de l'accepter à cœur joie. Avant même qu'elle ne naisse, un soir d'hiver inopportun, on avait déjà tracé et écrit les décisions cruciales de sa vie à l'encre d'or indélébile.

     Dans sa vie décousue en fils multicolores, cette toile similaire à un kaléidoscope capable d'émerveiller, on l'avait autant appelé, dans ses rêves, une criminelle qu'une Impératrice. En dansant sous le son mélodique de l'art d'une guerre imaginaire, où elle apprit à mener des mercenaires en allumette contre l'ennemi juré de leur nation ; la neige. Et elle rit à la vie, en vendant ces fameuses allumettes dans une ruelle éloignée des quartiers modestes de la société. Phoebe avait souvent, voire trop, eu des déjà-vu au point de les confondre avec la réalité. Peut-être qu'un jour, a-t-elle espéré sur la pointe des pieds, que ses fantasmes prendraient vie. Son Altesse sonnait mieux que misérable à ses oreilles.

     Au cœur d'une nuit ravagée par le froid, ses yeux chatoyants d'une couleur argenté glissèrent le long de sa peau jusqu'à regarder ses mains – des mains qui n'appartenaient définitivement pas à un enfant de la royauté compte tenu de leurs callosités – et de les enfouir dans ses cheveux humides, sales de suie et de poussières.

     Malgré le fantôme de la haine de soi au-dessus de sa tête, un maigre sourire aux dents noires étira courba le coin de ses lèvres et accentuèrent ses pommettes graisseuses. Ce soir serait un de ces jours, elle n'osait pas leur donner un nom, où remonter subtilement sa robe signifierait pouvoir dormir au chaud pour une nuit au détriment de la perte de quelque chose de bien plus précieux.

     Ses pieds affrontèrent à chaque pas le froid déconcertant de la neige qui allait jusqu'à s'infiltrer entre chaque orteil et, du bout de l'un d'eux, elle frappa une pierre particulièrement grosse enfouie sous le voile blanc et gelée étendu sur des kilomètres, qui la fait glapir à la douleur inattendue.


« Ma chère bien-aimée– »


     Les sourcils épais de Phoebe se froncèrent de confusion et, bien que la peur s'insinuait dans les parties alertes et les plus primitives de son cerveau, elle jeta plusieurs coups d'œil confus autour d'elle mais ne vit personne. C'était une ruelle étroite, jonchée de poubelles publiques où on l'avait déjà châtiée pour y avoir plongé ses mains affamées, donc il n'y avait aucun autre endroit pour se cacher.


« Une belle et noble fleur du mal– »


     Phoebe baissa les yeux lorsqu'elle vit une lumière transpercer la neige blanche d'une lueur verte envoûtante. Ses genoux se plièrent contre sa volonté et ses doigts balayèrent les couches de neige en plusieurs grands mouvements frénétiques. C'était comme chercher un trésor dans la terre, l'inconfort dans ses ongles équivalant à l'anticipation qui faisait presque frémir son âme, et le métal précieux que ses doigts rencontrèrent lui arracha un hoquet surpris.


« Ceux qui sont guidés par le miroir sombre– »


     Un miroir. Il y avait un miroir aux gravures chics, fixé au sol, mais sans égratignure. Il semblait avoir traversé les époques depuis l'Antiquité, doté d'une beauté à couper le souffle dans sa gracieuseté et on ne pouvait dénigrer le travail de son créateur. La même voix d'avant continuait à résonner dans la ruelle – ou bien dans sa tête – mais détourner le regard lui était impossible. Quoique ce soit, qu'importe la valeur exacte et à qui il appartenait, toucher ce miroir lui donnait l'impression d'avoir commis un péché impardonnable.


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⏰ Dernière mise à jour : Nov 01 ⏰

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