Code Alpha - Embert (à venir ....)

Prologue

Kate

Lasse, je regarde avec espoir la montre se trouvant à mon poignet gauche tout en tentant de repousser la mèche de cheveux rebelle retombant sur mon front. Rien à faire, les minutes semblent vouloir se figer pour étirer inlassablement cette longue soirée difficile. Les gardes de nuit sont pénibles mais en prester un maximum me permet de recevoir des primes complémentaires non négligeables au vu de ma situation financière. Ce soir ne fait pas exception aux autres années et, soir d'halloween cumulé à une pleine lune oblige, mes collègues et moi-même sommes soumis à une multitude d'appels loufoques et malvenus. Le dernier appel dont j'ai eu du mal à m'en débarrasser était passé par un gars soi-disant en train de se transformer un loup-garou et hurlant à la lune. Il faut reconnaitre que ses cris étaient assez originaux et qu'il était amusant d'être toujours en ligne lorsqu'ils se sont transformés en épouvante au moment où il a entendu la sirène de la voiture de police en train de se stationner devant chez lui. Soit, c'est le jeux et ce type de phénomène nous permet de décompresser un peu par rapport aux vraies situations d'urgences nettement plus stressantes.

Mon repos aura été bref car moins de trois minutes se passent avant que mon poste ne se remette à sonner et je m'empresse de décrocher.

— 911 quelle est votre urgence ?

Une respiration hachée se fait entendre suivie d'un sanglot. Les grésillements sur la ligne me donnent l'impression que cet appel est passé de loin. N'obtenant pas de réponse, j'enclenche l'enregistrement de sécurité et repose ma question.

— Bonsoir. Vous êtes actuellement sur une ligne réservée aux appels d'urgence. Merci de préciser votre problème ou de raccrocher.

— Je....

Une voix de femme très basse, presque chuchotée se fait entendre mais se coupe après le premier mot. Sentant que cet appel ne sera pas un appel ordinaire, j'adresse un signe à un collègue disponible pour qu'il me rejoigne, lance l'appel sur haut-parleur et réactive le traceur d'appel car la première recherche ne donne rien.

—Madame ? Est-ce que tout va bien ? Quel est votre problème ?

Le chuchotement se fait à nouveau entendre.

— Ils sont là et....

— Madame ? Qui est-là ? Pourriez-vous me dire ce qu'il se passe et où vous vous trouvez ?

La voix paniquée semble se briser de plus en plus et il est difficile de l'entendre malgré le son presque au maximum.

— Je... Je suis médecin dans une ONG et je me trouve actuellement au Mexique. Je... Je suis désolée.

—Pourquoi êtes-vous désolée Madame ? Dites-moi ce qu'il se passe s'il-vous-plait.

Un sanglot se fait entendre dans toute la salle captant l'attention de mes collègues inoccupés avant qu'elle ne me réponde dans un souffle à peine perceptible.

—C'est juste que je ne voulais pas mourir seule.

La situation m'interpelle et je constate que mon collègue demande à notre supérieur de venir nous rejoindre. Lui aussi semble prendre cette situation au sérieux.

— Pourquoi pensez-vous que vous allez mourir madame ?

— Ils sont morts. Tous morts....

— Qui est mort Madame ?

— Tout le monde. Il n'y a pas de survivant dans le camp et je suis la dernière en vie mais ma cachette sera vite trouvée. Je n'ai plus de famille et je voulais juste entendre une voix amie avant de partir...

— Quel est votre nom madame ?

Un coup de feu se fait entendre au loin tandis qu'elle se remet à chuchoter encore plus bas.

— Embert. Embert Travis et ....

Un nouveau coup de feu retenti, beaucoup plus proche, et est suivi d'un cris de douleur.

— Madame ? Embert ? Etes-vous toujours là ?

Seul un cris à glacer le sang se fait entendre suivi immédiatement d'une coupure de la ligne. Embert n'est plus présente et les personnes autour de moi se regardent avec une certaine forme d'angoisse. Me retournant vers mon supérieur, je constate que ce dernier se triture la moustache, signe de réflexion intense chez lui.

— Chef ? Que devons-nous faire ?

Il me regarde un peu perdu lui aussi face à cette situation peu commune.

— Sincèrement ? Je ne sais pas Kate. J'ai seulement la certitude que nous ne pouvons pas faire comme si de rien était. Non, nous nous devons de prévenir les autorités afin qu'une recherche soit effectuée. Qu'elle soit toujours en vie ou pas, cette personne a lancé un appel au secours et nous sommes tenus de lui apporter une réponse même si nous ne sommes pas certains de sa survie.

Décrochant son téléphone personnel, il s'éloigne légèrement du bureau pour lancer son appel. Frustrés de ne pas savoir en faire d'avantage, nous le regardons appeler le chef des services de sécurité pour lui expliquer l'appel reçu. La situation n'est plus de notre ressort mais nous espérons tous qu'Embert pourra trouver l'aide demandée.