Aube I

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Quand l'Aube traîtresse vient t'arracher à moi,
Quand nous brûlons à mort dans ses flammes maudites,
Condamnés au bûcher par ce fatum infâme,
Le même qui, par ennui, a uni nos âmes,
Que me reste-t-il de ta beauté, Aphrodite,
Sinon la cendre où je ne trouve que le froid ?

Usha, la cruelle princesse d'Orient,
Avachie sur un lit, tétant le narguilé,
Des joyaux rouges brillant sur sa peau d'airain,
Rêvasse en compagnie des hommes qu'elle étreint,
Regardant le beau Hélios, son âme damnée,
Libérer sur la Terre ses lions rugissants.

Les fauves du Soleil pourchassent ceux qui s'aiment
Depuis la nuit des temps ; la tendresse est blasphème
Pour ces créatures qui n'ont jamais connu
Que les maîtres cruels qui les ont tant battus.

Vil comme nul autre être, Éros meurtrit deux fois :
Il frappe tout d'abord, lent, discret et sournois,
Puis il maudit l'union qu'il avait engendrée
En s'assurant que le temps manque pour s'aimer.

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