Chapitre 1

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#Irina

Ce soir, j’ai filé en douce avec Kristina pour faire la fête. Je sais que si mon père l’apprend, je suis foutue, alors autant profiter à fond et ne rien regretter après.

On débarque dans un club pas comme les autres, le Zerkalo. Il appartient à l’un des hommes les plus redoutés de la ville, un type que personne ou presque n’a jamais vu. Kristina, dans une robe si sexy qu’elle en est presque indécente, se dirige vers le bar pour prendre des boissons, pendant que je reste plantée là, perdue au milieu de la foule. Ce lieu est différent de tous ceux qu’on fréquente d’habitude, et j’ai du mal à m’y retrouver.

Je cherche Kristina du regard, et la voilà qui revient, deux verres à la main.

— J’espère que ça te plaira ! me lance-t-elle en me tendant l’un des verres.

— Merci !

Sans réfléchir, je le vide d’une traite.

— Doucement, ma belle, rigole-t-elle.

Je me sens nerveuse ce soir. Juste avant de sortir, j’ai surpris une conversation entre mon père et son avocat. Les affaires vont mal, et s’il ne redresse pas la barre, il pourrait tout perdre. Ça m’a bouleversée, je sais combien il a trimé pour arriver là. Mais je suis impuissante. Même si je pouvais l’aider, il refuserait. Mon père me déteste sans que je comprenne pourquoi.

— À quoi tu penses ? me demande Kristina, me ramenant à la réalité.

Je lui souris faiblement, tentant de chasser mes pensées.

— À rien d’important.

— Viens, on monte à l’étage, c’est plus calme. On pourra vraiment s’éclater sans se faire écraser par la foule.

Je lui souris. Kristina, toujours à la recherche du meilleur plan. Nous montons les escaliers en colimaçon du Zerkalo, chaque pas amplifiant le bourdonnement de la musique qui résonne dans mes oreilles. À l’étage, l’ambiance est plus feutrée, mais tout aussi électrique. Des rideaux de velours noir délimitent des espaces privés, où des ombres dansent au rythme hypnotique de la musique. Des hommes en costumes sombres, sans doute des gardes du corps, surveillent les lieux avec des regards d’acier. Ici, tout semble plus exclusif, plus mystérieux, presque interdit.

Kristina m’entraîne vers une alcôve où se trouvent quelques tables basses, entourées de banquettes en cuir. Les lumières tamisées donnent à la pièce une atmosphère envoûtante, presque irréelle. Elle s’installe nonchalamment, tandis que je jette un coup d'œil autour de moi, un mélange de fascination et d’appréhension grandissant en moi.

— Tu vois, ici c’est parfait. Personne pour nous déranger, on peut profiter à fond ! Kristina s’étire et observe la foule qui se presse en bas.

Mais moi, je ne parviens toujours pas à me détendre. Ce n’est pas seulement à cause de mon père ou de ses affaires. Quelque chose dans cet endroit me met mal à l’aise. Je me sens observée, et pas de la manière bienveillante. Je balaye la pièce du regard, et c’est alors que je l’aperçois. Un homme, assis dans un coin sombre, me fixe. Ses traits sont à moitié cachés par l’ombre, mais son regard, froid et perçant, ne quitte pas le mien. Je ressens un frisson me parcourir l’échine.

— Kristina, tu sais qui est ce type là-bas ? je chuchote, feignant l’indifférence.

Elle suit mon regard et fronce légèrement les sourcils.

— Aucune idée. Mais c’est peut-être l’un des types importants ici. Allez, ne t'en fais pas pour ça, Irina. Détends-toi, on est venu pour s’amuser !

Elle attrape une nouvelle coupe et me la tend. Mais je ne peux pas m’empêcher de regarder à nouveau vers l’homme. Cette fois, il n’est plus là.

Mon cœur rate un battement. Je tente de me raisonner. Peut-être que j’imagine des choses à cause de ma nervosité. Pourtant, l’impression d’être surveillée persiste.

— Je vais prendre un peu l’air, dis-je en me levant précipitamment.

— Déjà ? Mais on vient d’arriver !

— Promis, je reviens.

Sans attendre sa réponse, je me faufile vers la terrasse à l’arrière du club. L’air frais de la nuit me frappe le visage, m’offrant un court répit. J’inspire profondément, essayant de calmer mon esprit. Mais alors que je m’appuie sur la balustrade, je sens une présence derrière moi.

— Tu ne devrais pas être ici, Léna.

La voix, basse et menaçante, me glace le sang. Je me retourne lentement, et mon cœur s’emballe. C’est lui, l’homme que j’ai vu à l’intérieur.

Comment m'a-t-il appelée ? Il m'a prise pour ma sœur jumelle. Je ne peux pas lui en vouloir ; peu de gens connaissent mon existence. J’ai toujours vécu dans l’ombre de Léna, sa vie étant la seule qui comptait aux yeux de notre père. La pression d’être la sœur de la fille parfaite était écrasante.

__ Qui êtes-vous ?

demandai-je en tentant de conserver mon calme.

__ Qui je suis n’a pas d’importance. En revanche, j’aimerais comprendre pourquoi la fille de Mikaël Koviski se retrouve dans un club sans surveillance.

Mon sang se glace. Quelles peuvent bien être ses intentions ?

__ Ce que je fais de ma vie ne vous concerne pas, rétorquai-je sèchement en essayant de m’éloigner, mais il bloque mon passage.

__ Tu veux deja t'en aller ? Pourtant, nous venons à peine de commencer.

__ Pardon ?

Une vague de frissons me parcourt. Cet homme n’a rien de rassurant, bien au contraire ; tout chez lui évoque la peur, et cela me met mal à l’aise.

Est-ce une habitude pour vous de vous comporter ainsi, comme un vulgaire personnage ? Ou prenez-vous plaisir à mettre les autres dans l'embarras ?

Il esquisse un sourire, un sourire qui ne réchauffe pas l'atmosphère, au contraire. Son regard devient plus perçant, comme s'il tentait de percer les mystères qui se cachent derrière ma façade.

__ C’est une façon de parler, n'est-ce pas ? Je ne cherche pas à te mettre dans l’embarras.

Il s’approche lentement, l'ombre de la terrasse le rendant encore plus mystérieux.

__ D’ailleurs, je préfère m’intéresser à la beauté qui se tient devant moi, plutôt qu'à des considérations ennuyeuses sur l’étiquette.

Je me redresse, une montée d'adrénaline me faisant battre le cœur.

__ Vous êtes plutôt audacieux, n’est-ce pas ?

__ Audacieux, peut-être. Mais je préfère penser que je suis simplement franc. Et il se trouve que j’aime beaucoup ce que je vois.

Ses mots glissent dans l’air frais de la nuit, enivrant et dangereux. Je sais que je devrais rester sur mes gardes, mais quelque chose dans son regard me captive. Je ne suis pas habituée à être l’objet de l’attention de quelqu’un, encore moins d’un homme comme lui.

__ Je ne suis pas ici pour jouer les jeux de séduction.

Ma voix tremble légèrement, et je m'efforce de garder mon attitude ferme.

__ Vraiment ? Pourtant, il me semble que la soirée ne fait que commencer, Léna.

Il s’approche encore, si près que je peux sentir sa chaleur.

__ Ne trouves-tu pas que l’on pourrait faire connaissance dans un cadre plus… agréable ?

Je déglutis, mon instinct me crie de fuir. Mais l'envie de comprendre ce qu'il veut, cette tension palpable entre nous, me retient. Je suis partagée entre la méfiance et l’excitation, en proie à un tourbillon d’émotions.

Les Noces du Mensonge Où les histoires vivent. Découvrez maintenant