Dans l'ombre des monts, au crépuscule des âges,
Se dresse une guerrière, forgée par les orages.
Ses mains tremblent encore des échos du combat,
Mais ses yeux, ô ses yeux, pleurent ceux qui ne sont plus là.
Sous son armure d'acier, le cœur est en éclat,
Car l'armée a vaincu, mais elle a tout perdu là.
Ses frères, ses sœurs, tombés sous le vent du fer,
Sont devenus poussière, enchaînés à la terre.
Le champ de bataille est un océan de morts,
Où les cris se taisent, où les vivants dévorent
La douleur des âmes fauchées dans leur gloire,
Ces âmes vaillantes, étoiles sans histoire.
Elle marche, solitaire, sous un ciel sans pardon,
Ses pas lourds résonnent comme une sombre chanson.
Chaque pierre, chaque souffle, murmure leurs noms,
Tant de cœurs brisés, tant de rêves qui s'en vont.
Le sang a cessé de couler, la guerre est finie,
Mais dans son âme errante, brûle une agonie.
Les bannières flottent, victorieux est son rang,
Mais son cœur, lui, saigne, tout couvert de sang.
Elle voit leur visage dans chaque reflet,
Leur sourire éphémère qu'elle ne pourra plus toucher.
Leurs voix se dissipent comme des ombres perdues,
Dans les murmures des vents, dans les brumes déchues.
"Ô mes compagnons, pourquoi m'avoir laissée,
Dans ce monde vainqueur où je suis condamnée
À porter seule le poids de nos luttes passées,
Quand vous êtes partis, sans jamais me retourner ?"
Les feux de la victoire, pour elle, sont amers,
Car ce qu’elle voulait, c'était leur lumière.
Mais les cendres de l’aube ne lui rendent que silence,
Et son triomphe devient une brûlante absence.
Ainsi, sous les étoiles, elle s’agenouille enfin,
Une guerrière qui a gagné, mais qui perd son chemin.
Car qu'est une victoire si l'on est seule à la porter,
Quand ceux qu'on aimait ne peuvent plus la fêter ?
Dans le vent des montagnes, dans la brume du passé,
Elle pleure ses guerriers, ses amis effacés,
Et tandis que le monde célèbre son nom légendaire,
Elle pleure, elle, en silence, dans l’écho des prières.
