Chapitre 3 : Evan

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Ce soir-là, en prenant le bus, j'ai compris que le garçon que j'avais remarqué aujourd'hui, Ciel Foster, prenait le même bus que moi : de loin, je le vois entrer dans mon bus et s'asseoir vers l'avant. Moi aussi j'entre et en m'asseyant sur un siège de la deuxième rangée, je réfléchis : pourtant, je ne l'avais jamais croisé avant... Peut-être avait-il déménagé ? Il était décidément bien mystérieux. Je me souviens encore de son attention et sa réaction face à mon dessin, il a même reconnu les pléiades !! C'est alors que je me rends compte que je ne lui ai même pas demandé ce que c'était exactement "les pléiades", trop concentré à graver dans ma mémoire l'expression de son visage décontenancé. Je le cherche des yeux et le trouve sur l'un des sièges juste derrière le conducteur, pile dans ma diagonale : je le vois parfaitement. Il a de nouveau son casque blanc sur les oreilles et a les yeux fermés, sa tête appuyée contre le dossier, allant au rythme du bus qui vient de démarrer. Je l'appelle. Il se retourne presque instantanément et me prend au dépourvu avec ses deux grand yeux bleu ciel d'été, une pointe de gris comme de petits nuages, un bleu profond et perçant. Je n'avais pas encore eu l'occasion de voir ses yeux et le spectacle fut magnifique. Je dus réfléchir avant de me souvenir vaguement de ce dont je voulais lui parler... Ah oui les pléiades ! Déstabilisé par ses yeux qui me transpercent de curiosité, je m'explique :
- En fait, je viens de me rendre compte que je ne t'avais même pas demandé ce que c'était.
J'attends sa réponse avant de me rendre compte, trop tard, qu'il manque la partie la plus importante de ma phrase. Je me prend la tête dans les mains, gêné. J'entends alors un doux rire, presque chuchoté et à travers mes doigts, je le vois sourire et souris à mon tour avant de reprendre en le regardant dans les yeux :
- Alors ? Tu vas me laisser curieux longtemps sur ce que sont les pléiades ?
- Non, non. Tu n'as qu'à venir.
Il accompagne sa phrase avec un geste sur le siège à côté de lui. Je me déplace donc jusqu'à lui et m'assois à ses côtés. Je me rend alors compte que les sièges sont plutôt petits et que nos épaules se touches à chaque virage et mouvement du bus. Quand je finis par le regarder, je remarque qu'il m'observe s'attardent sur chaque détail de ses yeux perçants. Puis il me regarde dans les yeux avant de se détourner. Je crois qu'à ce moment là, on était tous les deux gêné mais il sortit un petit carnet de son sac et commença à m'expliquer.
Le carnet en lui-même n'est pas si beau : il ressemble à tous les carnets bon marchés que l'on achète au magasin. Mais à l'intérieur, Ciel m'explique qu'il y a mis tous les corps célestes qu'il connaît ou qu'il a découverts par des recherches. Quand il me le prête pour que je le feuillette, je vois bien que les coins des pages sont racornis et qu'il l'utilise souvent. Je regarde quelques pages, observe son écriture et les petits schémas qui accompagnent certaines descriptions. Puis je cherche les pléiades et tombe sur une page complète d'écriture : en résumé, elle explique que les pléiades sont un amas étoiles, dont neuf plus lumineuse, qui représente, dans la mythologie les sept filles d'Atlas et de Pléioné ainsi que ceux-ci. Je sors de mon sac la feuille sur laquelle j'ai dessiné et compare avec le schéma de la page. La ressemblance est frappante bien que sur mon dessin, les pléiades soit assez petites, j'ai respecté les écarts entres chaque étoile que j'ai pu distinguer. Je prends mon crayon à papier et écrit LES PLÉIADES à côté de celles-ci puis demande :
- Et autour, j'ai dessiné autre chose d'intéressant ?
- Oui, bien sûr. Attends, je te montre.
Ciel prend le carnet posé sur mes cuisses. Il tourne les pages rapidement sachant exactement où il doit aller même si il n'existe aucun ordre logique dans les pages puis il s'arrête à la constellation du taureau et me montre. Je le marque sur mon dessin tandis qu'il m'explique tout ce que je dois savoir sur telle ou telle étoile et constellation que j'ai représenté. Je peux voir grâce au ton de sa voix et à ses yeux qui pétillent qu'il est passionné alors j'écris tout sous-forme de note pour me souvenir plus tard et je fais en sorte de graver dans ma rétine son expression passionnée et ses grands yeux bleus qui ont soif de connaissance.
Et puis le bus s'arrête. Je me lève m'apprêtant à descendre quand je me rends compte que lui aussi descend. On sort tous les deux du bus et je lui demande :
- Tu habites dans le coin ? Je ne t'avais jamais vu avant.
Je vois bien que l'expression de Ciel se referme d'un coup. Je le vois qui devient méfiants, une lueur de peur-panique passe dans ses yeux et il hésite à me répondre alors je n'insiste pas :
- Tu n'es pas obligé de me répondre tout de suite si tu n'en as pas envie, d'accord ?
- D'accord, merci.
Me répond-il presque soulagé. Puis je vois ses yeux s'illuminer de nouveau et je sais qu'il a une idée alors j'attends qu'il continue et il demande :
- Tu as un numéro de téléphone ?

Les étoiles de tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant