Le nouveau départ

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Bonjour je m'appelle anaïs  et je vais partager mon histoire

Il y a des souvenirs qui s'accrochent à la mémoire comme des ombres furtives. Pour moi, cette ombre a commencé à se former le jour où mes parents se sont séparés. J'avais à peine sept mois, mais la douleur d'une famille brisée m'a toujours semblé palpable. Mon père a perdu la garde. Les échos de ses pleurs résonnaient encore dans l'appartement vide de ma mère, laissant place à une nouvelle existence. En grandissant, je me suis souvent demandé ce que cela signifiait vraiment d'être un enfant de parents séparés.

En 2013, ma mère a rencontré Sékou, un homme imposant avec un sourire rassurant. Ensemble, ils ont eu un petit garçon, Mayron. Je me souviens de son arrivée comme si c'était hier. Sa petite bouille, pleine d'innocence, a apporté une lueur dans ma vie. Nous avons déménagé dans un quartier modeste du 91. Mon père s'est éloigné, comme un fantôme que l'on ne peut que deviner.

Mais la vie, cruelle, nous a frappés. En 2015, Mayron est parti trop tôt. Une maladie implacable a emporté cette vie si précieuse. Je me souviens de la lourdeur dans l'air lors des funérailles. Les larmes de ma mère étaient comme des gouttes de pluie sur une surface déjà bien trop inondée. J'avais huit ans et la tristesse était devenue ma compagne de route.

Après ce drame, tout s'est assombri. J'ai commencé à sortir tous les soirs, à chercher une échappatoire dans la ville animée. Je me perdais dans les ruelles, la musique résonnant autour de moi, l'adrénaline me poussant à échapper à cette douleur. Mon cœur, lourd comme un pavé, battait à l'unisson des bruits de la nuit.

En 2017, ma mère m'a annoncé qu'elle était enceinte de son deuxième fils, Kylian . Je me souviens de sa joie, de ses rires et de la lumière dans ses yeux. J'avais enfin l'impression que la vie pouvait reprendre un sens. Ce petit garçon était devenu mon rayon de soleil. Puis est venue la naissance de ma petite sœur en 2020, Kelyah. Mon amour pour mes frères et sœurs me remplissait de joie. Pourtant, une part de moi restait ancrée dans le passé, dans la douleur de la perte. J'avais appris à sourire, mais le fond de mon cœur était souvent assombri par les souvenirs.

Arrivant en classe de 4ème, une nouvelle aventure s'annonçait. C'est à cette époque-là que j'ai rencontré Karim. C'était le genre de garçon qu'on remarque sans vraiment le vouloir. La timidité se lisait sur mon visage lorsque je le voyais déambuler dans les couloirs du collège.

La pandémie de Covid-19 est tombée sur nous comme une tempête inattendue. Les masques étaient devenus nos nouveaux visages, un rempart entre nous et le monde extérieur. Avec ma meilleure amie, Trécy, nous faisions les quatre cents coups. Nous étions devenues les perturbatrices du collège, au grand désespoir des professeurs.

Moi : Regarde-le, là-bas !
Trécy en pointant Karim du doigt.

Moi : On devrait l'embêter !

Trécy : Pourquoi lui ? Il a l'air si... mystérieux

Moi : Justement ! Ça va être amusant !

À partir de ce jour, l'idée de l'embêter s'est installée dans nos esprits comme une lueur fugace, une promesse d'aventure.

Nous avons commencé à le fixer, Trécy et moi, pendant les cours. Ses réactions sont devenues un spectacle. Un jour, alors qu'il essayait de se concentrer, je lui ai lancé :

Moi : Eh, Karim ! Tu es sûr que tu es capable d'entendre ce que le prof dit avec un regard sec comme celui-là ?

Il a levé les yeux,
Karim : « Tg arrête de clc »

Cette phrase, pleine de solitude, a résonné en moi. Je m'en suis voulu de devoir l'embêter. Mais quelque chose en lui semblait infaillible, comme une énigme profonde. Les jours passaient, et tout en l'embêtant, j'étais forcée de remettre en question mes propres douleurs. J'avais appris à cacher mes blessures, à le faire sourire. Karim était un miroir de mes propres angoisses, mais je n'avais pas encore compris à quel point nos histoires seraient liées.

Tandis que les jours passaient, quelque chose en moi a changé. Karim est devenu plus qu'un simple camarade. Les murs que j'avais construits pour me protéger ont commencé à se fissurer. Une nuit, en échappant aux cris de tristesse de mon esprit, j'ai décidé de lui parler.

Moi : Karim... Tu aimes la musique ?

Karim : Oe

Moi : T'écoutes quoi ?

Karim : Moha Lasquale

Moi : Hyn je pensais pas

Karim : Tg, m'en fou

Les bases de notre amitié étaient posées. L'ombre et le regard ténébreux de Karim.

Pourtant, la complexité de la vie nous a rattrapés. J'allais toujours embêter Karim avec Trécy, mais il y avait ce lien qui se tissait, une amitié qui peu à peu commençait entre lui et nous.

Chronique « cette fissure »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant