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Ellie se réveilla lentement le lendemain matin, sa tête lourde et son corps épuisé par le tumulte des événements de la veille. Elle avait dormi plus longtemps que d'habitude, comme si son corps tentait de se remettre des assauts émotionnels qui l'avaient laissée à bout de nerfs. Elle ouvrit les yeux avec difficulté, réalisant à quel point ils étaient douloureux, gonflés et vides. Les souvenirs de la nuit précédente lui revinrent par vagues, lui laissant un goût amer dans la bouche.

De la honte et du dégoût envers elle-même s'installèrent alors qu'elle réalisait à quel point elle s'était laissée emporter par ses émotions. Elle ne pouvait pas croire qu'elle avait laissé cet homme, cet inconnu, la plonger dans un tel état ; à ses yeux, il n'était plus rien. Il avait trahi son souvenir, celui de sa mère, et elle se jurait de ne plus jamais lui donner de pouvoir sur sa vie.

Mais ces pensées ne s'arrêtaient pas là. Elle se remémora le visage de Billie, son regard plein d'incompréhension et d'inquiétude. Pourquoi était-elle apparue à ce moment-là ? Quand était-elle partie ? Billie avait été là, témoin de sa vulnérabilité. Cela lui était insupportable. L'idée qu'elle ait dû voir son effondrement l'enflammait d'un nouveau sentiment de honte.

Un bruit de porte qui s'ouvrait la tira brusquement de ses pensées. Ses mains autour de son visage, elle se redressa légèrement. Puis, une tête familière apparut dans l'encadrement de la porte, suivie du corps tout entier de son compagnon à quatre pattes.

C'était Livaï.

Le cœur d'Ellie s'illumina alors que son fidèle berger australien courut vers elle, sautant sur le lit avec une énergie débordante. Le soulagement la submergea, et elle se mit à rire tout en repoussant légèrement son chien, qui lui léchait le visage avec une frénésie joyeuse.

Ellie : « Livaï, oh mon Dieu, tu es là ! »

Ellie caressait son pelage doux et réconfortant. C'était comme un rayon de soleil perçant les nuages sombres qui l'avaient enveloppée. Puis, en arrière-plan, Billie s'avança, un sourire sur le visage.

Billie : « Je l'ai récupéré dans la chambre de Kate, je me suis dit que c'était le meilleur ami dont tu avais besoin en ce moment. »

Ellie lui renvoya un sourire timide, reconnaissant le geste bienveillant.

Ellie : « Merci beaucoup, Billie, » murmura-t-elle, en continuant de caresser Livaï, cherchant refuge dans l'affection de son chien.

Billie s'approcha doucement, mais Ellie, instinctivement, se détourna un peu, essayant de cacher son visage marqué par les larmes de la veille. Billie, avec une douceur infinie, dégagea une mèche de cheveux qui masquait le visage d'Ellie.

Billie : « Ellie... »

Elle se tut en voyant les yeux fatigués d'Ellie, empreints de douleur et de tristesse

Billie : « T'es prête à me parler de ce qu'il s'est passé hier ? »

Ellie se détacha légèrement, évitant le contact visuel. Elle avait toujours voulu être forte, se prouver à elle-même qu'elle pouvait surmonter n'importe quelle tempête.

Ellie : « Je ne veux pas te faire perdre ton temps avec ça, Billie, tu as sûrement d'autres problèmes à gérer. »

Billie, surprise par cette réaction, insista.

Billie : « Mais pour l'instant, tout ce que je veux, c'est être là pour toi. »

À ces mots, Ellie monta un peu la voix, la frustration débordant de son cœur blessé.

Ellie : « Pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ? Qu'est-ce qu'on est l'une pour l'autre ? »

Le choc fut palpable. Billie sentit son cœur se serrer. Ellie s'était mise sur la défensive, et elle le ressentait.

Billie : « Ellie, tu... »

Ellie : « Je suis personne, Billie ! Tu ne devrais pas perdre ton temps avec moi ! De toute façon, je ne veux pas perdre de temps non plus. »

Billie, blessée par ces mots, essayait de garder son calme.

Billie : « C'est faux, Ellie. Tu comptes pour moi. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec ton père, mais je ne suis pas lui ! »

L'angoisse se lisait sur son visage, et elle s'approcha un peu plus.

Billie : « Il est parti. Mais moi, je suis là, et je compte rester. »

Ellie : « Tout le monde finit par m'abandonner, Billie ! Tout le monde ! Tu feras sûrement pareil ! »

Billie sentit une douleur sourde dans sa poitrine. Pourquoi Ellie ne pouvait-elle pas voir qu'elle était là, qu'elle avait décidé de rester ? Elle s'approcha encore, la détermination marquée sur son visage. Elle lui prit le visage dans ses mains, presque au bord des larmes en voyant son amie souffrir autant.

Billie : « Ellie, je ne veux pas que tu souffres en silence. S'il te plaît, laisse-moi t'aider. »

Mais Ellie, d'un geste calme, décala à nouveau les mains de Billie. La douleur et la colère se mêlaient dans son cœur, et elle savait qu'elle ne pouvait pas se laisser aller.

Ellie : « Laisse-moi tranquille, s'il te plaît. Je veux être seule. »

Billie, impuissante, pouvait sentir l'éloignement grandissant entre elles. La détresse d'Ellie lui déchirait le cœur, mais elle ne pouvait rien faire contre son refus. « Je... » commença-t-elle, mais ses mots restèrent coincés dans sa gorge.

Ellie : « Je suis désolée, Billie, Je ne peux pas, j'ai trop peur. » La vulnérabilité dans ses mots résonna comme un écho, frappant Billie de plein fouet.

La douleur et la tristesse dans la voix d'Ellie la firent se rendre compte que ce n'était pas seulement une dispute. C'était comme si une fissure s'était ouverte entre elles, une rupture d'une histoire qui n'avait même pas réellement commencé. Billie, avec les larmes aux yeux, voulait dire quelque chose, mais elle ne trouva pas les mots.

Ellie s'éloigna davantage, comme si elle se protégeait derrière une armure qu'elle avait érigée : « Je ne peux pas faire ça, » murmura-t-elle, la voix tremblante. « Je ne peux pas laisser quelqu'un m'approcher encore une fois. »

Billie se sentit perdue, le regard d'Ellie évitant le sien, sa posture fermée et défensive. Elle pouvait voir la douleur, l'angoisse et la peur dans chaque geste. C'était comme si Ellie essayait de se préserver d'une réalité qui pourrait la briser encore davantage.

Billie : « Je veux que tu restes dans ma vie, Ellie, je veux être là pour toi. Je ne suis pas comme eux. Je ne partirai pas. Je t'en prie, fais-moi confiance. »

Mais Ellie secoua la tête, une larme solitaire glissant sur sa joue : « Je... je ne peux pas. Je n'ai pas confiance, Billie. Et je ne veux pas te faire de mal. »

Elle ne savait pas si elle pleurait pour son père, pour Billie ou pour elle-même. Tout se mélangeait dans son cœur. Billie tourna la tête, essayant de cacher ses propres larmes, son cœur se brisant à chaque mot échangé.

Billie : « Tu ne m'as jamais fait de mal, Ellie, je veux juste que tu me laisses rester près de toi. »

Ellie : « Mais ça fait trop mal, Je ne peux pas... Je suis désolée, mais je ne peux pas. »

Elle se rappelait cette petite fille, désespérée et seule, qui avait vu son monde s'effondrer. Elle ne voulait plus jamais ressentir cette perte. Elle savait que ses sentiments pour Billie étaient précieux, qu'elle s'était attachée à elle, qu'elle représentait quelque chose d'incroyable dans sa vie, une lueur d'espoir. Mais cette connexion l'effrayait. Chaque geste, chaque mot que Billie prononçait avait le pouvoir d'éveiller en elle des émotions qu'elle avait enterrées. Ellie craignait qu'une fois encore, elle ne soit laissée derrière, comme elle l'avait été avec son père. L'idée de perdre quelqu'un d'aussi précieux la terrifiait.

Billie ferma les yeux, prenant une profonde inspiration, puis se retourna pour s'éloigner. La porte se ferma doucement derrière elle, laissant Ellie seule avec ses pensées tourmentées. Le silence pesant qui s'installa dans la pièce était assourdissant, et Ellie s'effondra sur son lit, le cœur lourd.

Beyond the lens - Billie EilishOù les histoires vivent. Découvrez maintenant