Chapitre 1

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« On ne peut pas empêcher un cœur d'aimer »

On se demande parfois ce qu'est l'amour. Le vrai amour, celui qui te fais autant pleurer que rire. Celui qui est doux, blessant, simple, compliqué. Eh bien ! ce qui est en train de se produire devant moi est tout l'inverse, du moins ça n'y ressemble pas. Ma sœur et sa copine s'embrassent depuis maintenant une dizaine de minutes et moi je suis là planté sur ma chaise à les regarder. Cela peut paraitre bizarre mais on m'a bien placée, bien en face, bien cadrée, il y a tout ce qu'il faut pour que je ne perde aucune minute aucun mouvement de cette scène. Un peu dégoutée par la séance « aspirage de bouche » en face de moi je tourne la tête. Mes yeux se déplacent sur le visage des invités, tous épuisés par le poids de la fondue savoyarde, même les mariés sont presque endormis par la digestion. Quelques enfants dansent encore sur la petite scène de la salle. L'ampoule cassée du fond qui attire mon attention depuis le début de la soirée à même cessée de clignoter et a fini par griller définitivement.

Je bois le fond de mon verre de coca et sors prendre l'air. Dehors, le vent soulève mes cheveux et me rafraîchit. Je m'assois sur un petit banc de pierre et regarde le ciel. C'est bien la première fois que je vois vraiment les étoiles. C'est beau. Ma vie de citadine me parait tout de suite triste et sans goût. Je regarde mon téléphone, aucun message comme d'habitude. On ne peut pas dire que j'intéresse vraiment les gens. Je le pose et ferme les yeux quand je sens des poils se frotter contre mes jambes. Je me baisse et vois un petit chaton noir. Je le prends dans mes mains et le pose sur mes jambes. Il se couche et je le caresse. Son ronronnement me détend, et si je prenais un chat ma vie serait beaucoup moins monotone. Tout à coup la porte s'ouvre. Le chat prend peur et en me laissant une griffure sur la jambe, part en courant. Je n'arrive pas bien à voir qui vient de sortir mais je reconnais la voix de mon père qui me demande de rentrer pour aider à ranger la salle. Fini mon petit moment de calme. Je me lève et me dirige vers mon père.

Comment je m'habille. Je ne suis pas habitué aux sorties plage. « Bon tu te dépêche Mia ! me crie ma mère

-J'arrive ! » J'enfile une petite robe blanche par-dessus mon maillot de bain et descend. Dans la voiture, je suis encore collée aux deux inséparables. Je ne me concentre pas sur elles et regarde par la fenêtre. Le paysage défile remplit d'arbres, de près, de fleurs et de vaches. Puis petit à petit une grande file de voitures garés sur le bas-côté se dessine. La tension monte. Ma mère et mon père entretiennent un dialogue tendu, d'un côté père pour ne pas abîmer la voiture de location et ma mère soupire à la vision de cette foule de touristes, qui selon elle détruisent l'environnement et ne respectent jamais rien. Je me retiens de lui dire que maman nous aussi on est des touristes ! Nous arrivons enfin sur la plage, bien sûr remplie de touristes qui ne respectent rien comme nous l'a bien répété ma mère. On retrouve ma cousine (celle qui s'est marié hier) et tout le reste de la famille. J'étale ma serviette à côté de celle de Fanny, la seule cousine de mon âge. Enlève ma robe, prend la crème solaire demande à ma mère de me l'étaler, sors mon livre et me couche sur ma serviette. Quelques minutes plus tard, Fanny revient de l'eau avec son petit frère. « Mia ! comment ça va ?

-Ça va et toi ?

-Parfait, enfin je me suis pris trois rouleaux pour sauver Georges mais sinon ça va. » On rigole toutes les deux. Une fois qu'elle est sèche, elle me pose la question qui me fais le plus plaisir de l'été, « On fait un basket, j'ai aperçu un terrain pas loin ». Je lui réponds oui sans hésitation. On prévient les parents puis on s'éloigne en direction du terrain. Ce que je trouve bien et agréable avec Fanny c'est qu'elle ne parle pas trop comme moi. On peut dire que je suis du genre timide et que trouver des sujets de conversation intéressant ça n'est pas mon truc. Le sable nous brûlant les pieds, nous décidons de marcher au bord de l'eau. Je me demande bien avec qui on va jouer. Mais je ne m'inquiète pas plus que ça tant que l'on joue au basket tout me va.

Nos matins gris bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant