Et même après je t'aimerai - HoshiParis, 18éme arrondissement
18 octobre 2002CHRISTINA KEYES
Alors que je fais glisser la porte vitrée pour la verrouiller, mon téléphone vibre dans la poche de mon tablier. Je le sors, un peu fatiguée, et je vois le nom de Rosaliana s'afficher sur l'écran.
Je soupire doucement. Elle a ce don de me contacter toujours au moment où je crois pouvoir enfin souffler.
Rosaliana :
Je galère avec les cartons. Si t'as fini, tu pourrais venir m'aider avec le déménagement ?Un sourire fatigué se dessine sur mon visage. J'avais oublié qu'elle vient d'emménager dans son nouvel appartement.
Je lui tape rapidement une réponse.
Moi :
J'arrive dans une heure max. Ne touche à rien sans moi. Tu risques de faire de la merde comme d'hab...Je range le téléphone dans ma poche, attrape ma veste et quitte le salon. Les rues de Paris sont encore animées, mais on sent déjà la fraîcheur du soir s'installer. Je remonte l'avenue, me dirigeant vers la station de métro la plus proche. J'aurais préféré appeler un taxi, mais pour être honnête, avec l'augmentation du loyer du salon ainsi que celui de mon appartement l'argent manque en ce moment.
J'arrive sur le quai et m'adosse à une colonne en attendant mon métro. Les néons au-dessus de moi bourdonnent, et l'odeur caractéristique des tunnels de métro envahit mes narines. Les gens autour de moi sont occupés avec leurs téléphones ou plongés dans leurs pensées, pressés de rentrer chez eux.
La rame arrive enfin, ralentissant dans un bruit sourd. Les portes s'ouvrent, et je monte, cherchant un siège libre. Je m'installe près d'une fenêtre et me détends. Le métro redémarre, et je laisse mon regard se perdre dans le vide. Les stations défilent, et peu à peu, la rame se remplit de parisiens, tous plus agacé de voir autant de monde dans le train. Rien d'inhabituel.
Je croise les jambes, observant distraitement les gens qui montent. Un groupe d'adolescents bruyants envahit soudainement la rame. Ils s'installent juste en face de moi, riant et parlant fort.
Parmi eux, un garçon attire mon attention. Il est plus grand, plus vieux que les autres. Il est assis à l'arrière du groupe, silencieux, une capuche noire rabattue sur la tête. Ce n'est pas son comportement qui me dérange, mais son look. Je remarque d'abord sa veste en cuir noir. Sur le dos, un symbole est brodé : un corbeau noir avec des rose rouge enroulé autour du cou. Puis je le vois. Sur son cou, juste sous la mâchoire, un tatouage discret, presque dissimulé par sa capuche. Un tatouage de la même forme que le logo sur sa veste.
Je fronce les sourcils. Ce genre de signe, c'est pas anodin. Un gang ? Une bande ? Je n'en suis pas sûre, mais ça me met mal à l'aise.
Il croise mon regard, comme s'il avait senti que je l'observais. Son visage est fermé, dur, presque méfiant. Je détourne les yeux, sentant mon cœur battre un peu plus vite. Ce n'est pas comme s'il allait me faire du mal, mais l'ambiance change soudainement dans la rame. J'essaie de me concentrer sur autre chose, mais c'est difficile.
À la station suivante, une foule compacte entre, compressant les passagers les uns contre les autres. Je me retrouve coincée plus près de ce type que je ne le voudrais. L'odeur du cuir de sa veste envahit l'espace autour de moi. Je le sens bouger légèrement, et mes yeux tombent de nouveau sur son tatouage.
Un étrange frisson me traverse. Pourquoi ce tatouage me met-il si mal à l'aise ? Peut-être que je suis juste paranoïaque, mais quelque chose en lui crie danger.

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EMBRACE
RomanceNiché dans un petit coins perdu du 18e arrondissement un salon de beauté se dresse dans la pénombre, pas seulement un endroit où les coiffures prennent vie sous ses doigts habiles. C'est un sanctuaire où les cicatrices du passé peuvent trouver guéri...