We fell in love in October (instrumental) - girl in RedParis, 12éme arrondissement
19 octobre 2002JUNIE ANDRAD
Je me réveille avec un goût de cendrier dans la bouche et un mal de tête épouvantable, le genre de douleur qui semble résonner dans mon crâne comme un marteau-piqueur. Le canapé de Kendrick est tout aussi inconfortable que la dernière fois où j'y ai dormi, mais je suppose que ça reste mieux que de rester seule chez moi.
Les souvenirs de la veille me reviennent par vagues, un mélange de honte et de désespoir que j'essaie de repousser en fermant les yeux encore plus fort. Je n'ai pas l'habitude de m'effondrer comme ça, encore moins devant Kendrick. Rien que d'y penser, une pointe de colère même me pique le ventre, une colère dirigée contre moi.
Quand j'ouvre enfin les yeux, la première chose que j'aperçois, c'est ce vieux plaid à l'effigie d'un dessin animé débile de lego qui m'a servi de couverture pour la nuit. Je secoue la tête en soupirant, un sourire en coin malgré moi. Bien sûr, il m'a laissé dormir sous cette vieillerie ridicule, c'est tout lui, ça.
J'entends des bruits de cocottes dans la cuisine. Je vois Kendrick, adossé contre le mur de la cuisine, un café à la main. Il me regarde en silence, un mélange d'amusement et de compassion dans le regard. À sa manière, il essaie de ne pas trop en faire. Je déteste la pitié, mais lui, il sait. Il me donne juste ce dont j'ai besoin, sans en rajouter.
— Bon réveil, dit-il en me tendant une tasse de café. T'as passé une belle nuit, on dirait.
Je grogne en attrapant le café. Le goût amer du café me rappelle que j'ai beaucoup trop bu hier soir. Franchement, repenser à tout ça, c'est la dernière chose dont j'ai envie. Alors, je hausse les épaules, la mine renfrognée.
— J'ai eu des jours meilleurs, mais ça va. murmuré-je en évitant son regard.
— Tu comptes rester allongé là encore longtemps ? demande-t-il en souriant. Parce que j'ai préparé un délicieux petit déjeuner pour faire grossir ce minuscule corps frêle.
J'entends des bruits de cocottes dans la cuisine. Kendrick a probablement dû se réveiller tôt pour faire faire griller quelque chose de bien gras pour tenter de sauver mon estomac en miettes. Rien que l'odeur de ce qu'il me prépare soulève un peu le cœur, mais l'idée qu'il ait pensé à moi me réchauffe malgré moi. Alors, après un dernier soupir, je me décide à me lever, les jambes un peu flageolantes.
Je lève les yeux au ciel en souriant malgré moi. Je m'approche lentement, attrapant une chaise avant de m'y affaler. Mes coudes appuyés sur la table, je prends une bouchée d'œufs pour éviter de lui répondre tout de suite, mais il n'en reste pas moins aux aguets.
— T'as mis du piment ou quoi ? lui dis-je, une pointe de sarcasme dans la voix.
— T'inquiète, c'est juste ton haleine qui fait cet effet, répond-il en éclatant de rire. Je te jure, tu ressemble à un dragon.
Je lui lance le premier truc qui me tombe sous la main, un morceau de pain rassis. Il l'esquive d'un geste, puis s'approche de la table, s'asseyant en face de moi, les coudes posés et un sourire en coin.
Je le fusille du regard, même si au fond ça me fait rire. Kendrick a ce don pour tourner les choses de façon à ce que je ne puisse jamais vraiment être en colère contre lui. Et puis... il sait ce que j'ai traversé hier soir, il comprend. Je crois qu'il veut juste m'aider à ne pas trop y penser. Alors, je prends une bouchée, juste pour lui faire plaisir, même si ça m'arrache une grimace, c'est vraiment dégueulasse.

VOUS LISEZ
EMBRACE
RomansaNiché dans un petit coins perdu du 18e arrondissement un salon de beauté se dresse dans la pénombre, pas seulement un endroit où les coiffures prennent vie sous ses doigts habiles. C'est un sanctuaire où les cicatrices du passé peuvent trouver guéri...