La faute au silence

Chapitre 20

Incapable de lui opposer la moindre résistance, mon corps lui obéit, mais mon cœur s'agite dans ma poitrine, mon cerveau fonctionne à pleine allure.

Ses parents ne sont pas là, ils sont partis au travail. On est tous les deux.

Non, non, non.

Je sais qu'il ne se passera pas la même chose qu'avec Yan, mais je ne peux pas m'empêcher de prévoir le pire. Alors, je m'assois à l'opposé de lui, je surveille la porte toutes les minutes, m'attendant à voir quelqu'un surgir à tout instant.

- Lessy, je t'ai parlé.

Je sursaute. Voyant mon air interrogatif, Noah répète sa question.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu avais l'air bouleversée.

Je remarque que devant moi, une feuille et un crayon sont posés à mon intention. Il a tout prévu. Alors j'écris.

Ta phrase, ça veut dire je t'aime.

Tu connais un peu la famille de Nathan ?

Il prend la feuille et, en lisant la première phrase, il devient rouge écarlate. Je l'ai formulé en tant qu'évidence.

- Je... heu... Comment... Euh... Ah....

Incapable de formuler une phrase complète, il bégaie. Finalement, après deux minutes de silence, il prends une grande inspiration et me regarde dans les yeux. Je baisse la tête.

- Lessy, je... Oui.

Je ne me suis pas trompée. Il m'aime. Il est amoureux de moi. Il attend ma réponse. Qu'est-ce que je dois lui dire ? Je l'aime ? Je ne sais pas. Je... Je ne sais pas quoi faire.

- Prends le temps de réfléchir, me conseille-t-il.

- Fac... A propos de l'autre phrase... Pourquoi tu veux en savoir plus sur sa famille ?

Qqc personnel

- Ah ok. Ben, je sais que ses parents sont ensemble depuis dix-sept ans.

Les parents de Yan sont séparés depuis maintenant dix-huit ans. Alors que Yan avait un an, son père est parti de la maison, a laissé sa femme s'occuper seule de son fils. Mais je l'ai vu, car il revenait parfois voir comment il se portait.

- Et qu'il a un demi-frère, mais je sais pas où il est ni qui c'est.

Mon cœur rate un battement. J'avais raison. Ils sont parents.

- T'as l'air de vouloir vomir, me fait-il remarquer.

Je connais son demi-frère. Et son père.

- Quoi ? Comment ça ?

Je ne veux pas lui dire. Il faudrait que je lui raconte tout ce qu'il s'est passé. Que je le corrige sur ses temps verbaux.

Je secoue la tête de gauche à droite.

- D'accord. Je serais là si tu veux en parler.

Nouveau sourire. Moins tendu cette fois.

Je ne sais pas pourquoi, mais en lui parlant, je me sens plus légère, un poids ayant quitté mes épaules.

Nous allons à l'école ensemble, sur le chemin, aucun de nous ne prononce un mot et quand Jules nous rejoins, Noah ne dit rien en rapport avec sa phrase.

Le soir, j'écris. J'écris, j'en ai besoin. J'ai besoin de mettre sur écrit ce que j'ai appris, mes sentiments, mes peurs. La situation de Nathan. Les paroles de Noah. Yan. Yan et son père.