Les soeurs Belcourt. tome 2 Les jeux de la raison

Chapitre 4 Christopher

Depuis quelques jours, l’atmosphère entre nos agences est devenue plus tendue. Le projet GreenCo est plus compétitif que je ne l’avais anticipé, et je sens qu’Iris ne me facilitera pas la tâche. Chaque rencontre se transforme en un duel silencieux. Elle est captivante, bien sûr, avec ses yeux déterminés et son assurance, mais cette beauté est également redoutable. Elle a cette volonté de prouver sa valeur, de se démarquer, et je dois admettre que j’admire son esprit combatif. Pourtant, je sens aussi le poids de mes responsabilités, celui de représenter mon agence et de garder mes cartes bien cachées.

Assis à mon bureau, je réfléchis à notre dernière conversation. Il est clair qu’Iris prend ce projet à cœur, et je la comprends. Mais je suis là pour gagner. C’est mon rôle, et je ne peux pas me permettre de me laisser distraire, pas même par elle. Tout en consultant mes notes, j'entends une voix familière derrière moi.

- Encore perdu dans tes pensées, Christopher ?
Je lève les yeux et vois Antoine, mon supérieur, qui se tient à la porte, un sourire amusé sur le visage.

- Juste en train de réfléchir à notre stratégie pour GreenCo,  lui dis-je, en prenant soin de ne pas trahir mes véritables pensées.
Il entre dans le bureau et s’assoit en face de moi.

- J’ai vu que tu passais beaucoup de temps avec Iris. Est-ce que tu es certain de pouvoir gérer cette rivalité ?
Je soupire légèrement. Antoine est perspicace, et il sait lire entre les lignes. Je ne peux pas lui mentir.

- Iris est redoutable, c’est vrai,  admis-je.  Mais c’est ce qui rend le défi intéressant.
Il me fixe, son expression se faisant plus sérieuse.

- N’oublie pas que nous devons remporter ce contrat. Tu dois garder la tête froide, et ne pas te laisser influencer par... des distractions.
Je hoche la tête, pleinement conscient des attentes qui pèsent sur moi.

- Tu peux compter sur moi, Antoine. Je sais ce que je fais.

Il semble satisfait de ma réponse, et quitte le bureau en me laissant à mes pensées. Pourtant, une part de moi n’est pas aussi sûre de mes intentions.  Que vais-je faire si je commence à m'attacher à Iris ? Je n’ai jamais été du genre à mélanger affaires et sentiments, mais elle me complique la tâche.

Plus tard dans la journée, je la croise dans le couloir. Elle porte un tailleur gris qui lui va à merveille, et je dois me faire violence pour ne pas la regarder trop intensément. Elle semble aussi surprise de me voir, mais elle reprend rapidement sa posture assurée.

- Christopher, tu sembles bien concentré ces jours-ci, dit-elle, un sourire en coin.
Je hausse les épaules, essayant de paraître détaché.

- Il le faut bien. Après tout, je ne voudrais pas que ton agence ait l’avantage,  réponds-je, mesurant mes mots.
Elle rit doucement, un rire qui me déstabilise un peu.

- Tu penses vraiment pouvoir rivaliser avec nous ?  réplique-t-elle, le regard pétillant.
Je m’approche légèrement, réduisant l’espace entre nous. Je sens que cette conversation va vite se transformer en duel, mais je ne peux m’empêcher de vouloir être proche d’elle.

- Oh, je ne doute pas une seconde que je le peux. La question, Iris, c’est : es-tu prête à affronter un adversaire qui ne reculera devant rien ?
Elle se mord la lèvre inférieure, et je me rends compte qu’elle est autant excitée par ce défi que moi.

- Alors dans ce cas, montre-moi ce que tu vaux, Christopher. Mais ne sois pas surpris si je te surpasse,  répond-elle, pleine de défi.

Nous restons là un moment, nos regards ancrés l’un dans l’autre. Je peux sentir l’électricité dans l’air, cette tension entre attraction et rivalité qui rend chaque échange avec elle unique.

Un bruit derrière nous rompt le moment, et nous nous écartons légèrement. Je la vois sourire une dernière fois avant de s’éloigner, et je me sens à la fois frustré et fasciné.

De retour à mon bureau, je tente de me concentrer sur mes notes. Pourtant, ses mots résonnent dans mon esprit.  Est-ce que je me suis sous-estimé en pensant que je pourrais la manipuler facilement ?  me demandé-je. Iris n’est pas simplement une adversaire dans cette rivalité professionnelle, elle est bien plus que cela. Elle me pousse dans mes retranchements, m’oblige à donner le meilleur de moi-même, et je me rends compte que cela me plaît.

Je me tourne vers la fenêtre, regardant la ville en contrebas, et réfléchis à mes options. Dois-je continuer ce jeu, m’enfoncer davantage dans cette compétition, ou bien devrais-je la confronter directement et découvrir ce qui se cache derrière son regard perçant ?

Je soupire, sachant qu’il n’y a qu’une seule réponse : je vais jouer le jeu, et je vais jouer pour gagner. Mais cette fois, je vais prendre des risques. Si elle veut la guerre, alors je lui donnerai une guerre, mais pas au détriment de ce qui me tient à cœur. Je sais que cette rivalité est plus complexe qu’elle n’y paraît, et je suis prêt à en assumer les conséquences.

Alors que la journée touche à sa fin, je me prépare mentalement pour ce qui nous attend. Iris est un défi, certes, mais elle est aussi une tentation. Et je suis prêt à explorer cette tentation, même si cela signifie que je dois trahir certains de mes principes.