Une vie en morceaux

31 7 0
                                    

   « La vie n’est pas toujours juste. Elle vous frappe et vous teste, et parfois elle gagne. »

La pluie martelait doucement contre les carreaux de la fenêtre, une mélodie sourde et incessante qui accentuait l’atmosphère pesante de la maison.
Assise au bord de mon lit, je fixais les fissures au plafond, perdue dans mes pensées.
je serrais mes doigts autour du tissu usé de mon vieux pull, comme si ce geste pouvait apaiser le chaos qui régnait dans mon esprit.

ma mère, Sonia, était allongée sur le canapé du salon. Cela faisait des heures qu’elle ne s’était pas levée, ivre comme souvent, éparpillée parmi les cadavres de bouteilles vides qui jonchaient le sol.

A vrai dire je me suis habituée à cette scène, mais chaque jour, je ressentait le poids croissant de cette responsabilité qui n’aurait jamais dû être la mienne. je n'est que 22ans, mais en portait bien plus sur mes épaules.
Mon père ? Un souvenir flou, une ombre qui s’était effacée depuis bien longtemps. Les disputes, les absences interminables, puis, un jour, plus rien. Il avait quitté la maison un matin sans se retourner, et avec lui, il avait emporté la stabilité fragile qui tenait encore cette famille debout. je ne lui en veux même plus, j'ai appris à enfouir ma colère sous des couches de résignation. C’était plus facile comme ça .

Mais ce soir, quelque chose avait changé .
Une fatigue immense pèse sur moi , non pas physique, mais émotionnelle. Chaque fibre de mon être me cri qu’elle ne peut plus continuer, à jongler entre mes études, mon travail à mi-temps et ma vie familiale brisée.
La pression est devenue insoutenable.

Je me lève brusquement, quittant ma chambre exiguë pour rejoindre la cuisine. Là, je remplis un verre d’eau, mes mains tremblantes. Mon regard se perdit à nouveau sur le salon. ma mère dormait maintenant, respirant profondément, inconsciente du désordre qu’elle laissait derrière elle. j'avais l’habitude de tout nettoyer avant de se coucher, mais ce soir , je n’en est plus la force.
Je pose mon verre avec fracas sur le comptoir. Pourquoi devait-je toujours tout supporter ? Pourquoi devait-je être celle qui répare les morceaux de cette vie brisée ? Un cri étouffé monta dans ma gorge, mais je le ravalai. Il n’y a personne pour m’entendre de toute façon. Personne pour comprendre.
Alors, je pris ma veste et sortit dans la nuit.
L’air frais de la soirée me fouetta le visage dès que je franchis la porte.  Je marchais sans but précis, mes pieds me portant automatiquement vers ce petit café que j'aimait tant, un endroit où je pouvait se réfugier quand tout devenait trop lourd à supporter.
Ce n’était pas le plus chic des endroits, mais c’était chaleureux, et la propriétaire, une femme dans la quarantaine prénommée Sophie, connaissait mon histoire. Sophie ne posait jamais de questions, elle servait juste le café, puis me laissait se perdre dans mes pensées. Et ce soir ne sera pas l'exception.
je m'installe à une table dans un coin reculé, près de la fenêtre.
j' aime observer la rue, les gens qui passent, les lumières tamisées des enseignes de magasins, comme pour se rappeler que la vie continuait, ailleurs, normalement. Sophie m' apporte mon cappuccino habituel sans un mot, avant de retourner à son comptoir. je la remercie d’un signe de tête avant de prendre une première gorgée, espérant que la chaleur de la boisson apaiserait les frissons dans mon corps. Mais mes pensées tourbillonnaient encore.

Soudain, je sentis un regard. Une sensation étrange, comme si quelqu’un m'observait avec une intensité que je ne pouvais ignorer. je lève me yeux  lentement de ma tasse pour croiser un regard de l’autre côté de la rue.
Un homme se tenait là, à moitié dissimulé dans l’ombre. Grand, avec des longs cheveux noirs ébouriffés, il avait un visage fermé, presque impénétrable. Mais ce qui me frappa le plus, c’était ses yeux. Froids, perçants, mais avec une lueur indéchiffrable. Il me fixait, sans me lâcher des yeux.
je détourne rapidement le regard, mal à l’aise.
Qui est ce homme ? Pourquoi me regarde-il de cette manière ?
j'essayais de se concentrer à nouveau sur mon café, mais mon esprit restait ancré sur cet inconnu. Il ne semblait pas être quelqu’un de ce quartier. Peut-être une erreur de sa part, une simple coïncidence… Mais une partie de moi savait qu’il n’y avait rien de normal dans ce regard.

Lorsque j'osai relever les yeux à nouveau, il avait disparu.

Un frisson glacial parcourut mon échine. Mon cœur battait plus vite, et une vague d’inquiétude monta en moi.

Le café, habituellement un refuge, semblait soudain étrangement oppressant. Le brouhaha léger des conversations lointaines . Qui était cet homme ? Pourquoi m’avait-il fixé avec tant d’insistance ?
Je secouai la tête, essayant de me convaincre que ce n'était rien. Peut-être un passant curieux. Ou quelqu’un qui avait confondu mon visage avec celui d'une autre personne.

Mais au fond de moi, une petite voix me disait que c'était plus que ca. Ce regard froid, presque calculateur, me laissait un goût amer. Ce n’était pas une simple coïncidence.

Je pris une longue inspiration, mes doigts serrant la tasse avec plus de force que nécessaire.  je pnsais a des réponses, des explications a ça . A
Est ce qu'il m'a suivi dans la nuit ? est ec qu'il m'avait déjà vue avant ce soir ?

« Nica? Ça va ? »

Je sursautai en entendant mon prénom mais surtout en voyant Sophie qui se tenait à côté de ma table, une expression inquiète sur le visage. Elle avait l’air d’avoir remarqué mon trouble. Ses yeux, d’habitude pleins de douceur, scrutaient mon visage avec attention. Je me forçai à sourire, tentant de dissimuler ma peur.
« Oui, je... je crois que je suis juste fatiguée, » répondis-je d’une voix tremblante. « Une longue journée. »

Sophie haussa un sourcil, visiblement pas convaincue, mais elle hocha la tête, respectant mon besoin de silence. Elle posa une main réconfortante sur mon épaule avant de retourner derrière son comptoir. Son geste me réchauffa un instant, mais dès qu’elle s’éloigna, la sensation de malaise revint.

Mon regard glissa à nouveau vers la fenêtre, vers la rue déserte. Il n’y avait personne. Les lampadaires baignaient le trottoir d’une lumière froide, et la pluie tombait toujours, plus fine mais implacable. Les ombres semblaient se tordre dans la pénombre, comme si elles cachaient quelque chose — ou quelqu’un.

Je ne pouvais pas rester ici plus longtemps. Mon cappuccino, à moitié vide, ne m’apportait aucune consolation. Je me levai brusquement, enfilai ma veste et quittai ma table. Sophie me jeta un regard interrogateur, mais je lui fis un signe rapide, lui indiquant que je reviendrai sans doute plus tard. Mais je savais que ce n’était pas vrai. Je voulais juste rentrer chez moi, fermer la porte derrière moi, et essayer d'oublier cette étrange rencontre.

--

Dehors, l'air était plus froid que je ne l'avais imaginé. La pluie avait imbibé mes vêtements presque instantanément, mais cela ne me dérangeait pas. Je marchais d’un pas rapide, le visage baissé, les mains enfoncées dans mes poches. Le son de mes chaussures sur le trottoir résonnait dans la nuit silencieuse. Je jetais des coups d’œil furtifs autour de moi, m'assurant que je n'étais pas suivie.
Chaque ombre semblait se mouvoir, chaque recoin de rue devenait un potentiel abri pour l'inconnu. Mon cœur accélérait à chaque coin tourné, mon imagination s’emballant. Ce n’était pas dans mes habitudes d’être paranoïaque, mais ce soir, quelque chose me dépassait.
Alors que j’approchais de chez moi, une sensation étrange s’installa dans ma poitrine, un mélange de peur et d’intuition. Comme si je savais que ce soir marquait un tournant, que quelque chose avait été enclenché, et qu’il serait impossible de revenir en arrière.
Je m’arrêtai devant la porte de mon immeuble, jetant un dernier regard autour de moi. Il n’y avait personne. Pas de silhouette dissimulée dans les ombres, pas de trace de cet homme mystérieux. Mais je n’étais pas rassurée pour autant.
Je m'empressai de rentrer, verrouillant rapidement la porte derrière moi, mon dos appuyé contre le bois froid. J’expirai lentement, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Rien ne s’était passé. Ce n’était que mon imagination, amplifiée par la fatigue et l’anxiété. Je me répétais cela en boucle, essayant de me convaincre.



Pourtant, alors que je montais les escaliers pour rejoindre mon appartement, une pensée persistante refusait de me quitter : Il n’était pas là par hasard.

NICA : Des ombres à la lumière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant