Single (P.JM)

- Chapitre 1

Les bras chargés de matériel pour mes sculptures, j'avance tant bien que mal dans les couloirs bondés du lycée. Entre les élèves qui papotent, ceux qui traînent et ceux qui me lancent des regards de travers, je dois jouer des coudes pour me frayer un passage. C'est toujours pareil ici : chacun dans sa bulle, peu importe si quelqu'un galère à côté.

Le dortoir n’est pas loin, mais avec mes bras pleins à craquer, chaque pas me paraît être une épreuve. Les livres glissent un peu, menaçant de tomber. Je tente de m’arrêter pour les réajuster, mais un élève me bouscule sans même s’excuser. "Super...", je souffle, agacée. C’est dans ces moments-là que je déteste cet endroit, où personne ne semble prêter attention aux autres.

Enfin, j'atteins le dortoir et pousse la porte, soulagée de me retrouver dans cet espace familier. La première chose que je vois, ce sont Aeyon et Giselle, assises par terre sur le tapis, plongées dans une partie de cartes. Elles rient aux éclats, complètement absorbées par le jeu, comme si rien d'autre n'importait. Un sourire se dessine sur mes lèvres malgré ma mauvaise humeur.

"Hey, les pro des cartes, je ne vous dérange pas, j'espère ?!" dis-je en posant mes affaires sur le bureau. Aeyon lève les yeux vers moi, un sourire malicieux sur le visage. "Tant que tu ne renverses pas tout comme d'habitude, ça va !"

Giselle, avec ses cheveux en bataille et son air espiègle, ajoute : "Où tu traînes, Nara ? La sculpture ne va pas se faire toute seule ! Viens, tu pourrais nous montrer tes dernières créations." Je hoche la tête, amusée. Même si je suis impatiente de montrer mes œuvres, je sais que la partie de cartes est tout aussi importante pour elles. "D'accord, d'accord, mais laissez-moi juste ranger ces trucs d'abord !"

PDV Jimin :

Je marche avec quelques camarades de ma classe vers le dortoir des filles, la tête pleine de pensées. Nous devrions être en train de travailler sur notre projet de groupe, mais la plupart d'entre nous se sont dit qu'une petite pause serait bien méritée. En passant devant des élèves qui s'affairent à ranger leurs affaires, je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel. Ça ne m’étonne pas qu’elles aient laissé le désordre s'installer ; la plupart ici semblent incapables de prendre quoi que ce soit au sérieux.

En entrant dans le dortoir de Nara et de ses amies, je m'attends à une ambiance studieuse, mais ce que je découvre me laisse sans voix. Elles sont assises en cercle, entourées de cartes éparpillées comme si une tempête avait ravagé la pièce. J'échange un regard avec mes camarades, un mélange d'amusement et d'incrédulité sur nos visages.

Avant que je puisse dire quoi que ce soit, les filles nous voient et leurs visages s’illuminent. D'un coup, elles hurlent comme des dingues, se levant d’un bond et jetant les cartes partout. Un véritable chaos s'ensuit, les cartes flottant dans les airs comme des confettis. C’est un désastre, mais en même temps, ça me fait sourire. Je ne peux pas m'empêcher de penser que, malgré leur désorganisation, elles semblent plus vivantes que jamais, et cela me captive d'une manière que je ne m'attendais pas à ressentir.

Je prends une grande inspiration et lève la voix pour ramener un peu d’ordre. "Allez, tout le monde dehors ! On va remettre un peu de sérieux ici." Les filles hésitent, mais finissent par sortir du dortoir à contrecœur, se rangeant à contre-cœur en ligne avec les autres camarades. Je les observe rapidement ; Giselle et Aeyon ont un sourire admiratif, les yeux brillants comme si elles étaient impressionnées… ou sous mon charme, allez savoir. Mais ça ne m'adoucit pas pour autant, pas aujourd'hui.

Je leur rappelle les règles – c’est pas comme si elles les ignoraient, mais il semble qu’elles aient besoin d’un rappel constant. "On est là pour travailler, pas pour transformer ce dortoir en terrain de jeu. L’examen approche, et ce n’est pas en jouant aux cartes que vous allez le réussir." Giselle et Aeyon acquiescent, un peu gênées. Par contre, Nara, elle, reste plantée là, les bras croisés, le regard défiant. Son attitude m’agace, mais elle n’en démord pas, fidèle à elle-même.