Ghost

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La vue de New York à ses pieds était aussi impressionnante que triste, à ses yeux mélodieusement mélancolique, et le vent froid qui semblait parcourir la ville traînait pourtant une petite nuance inattendue d'espoir. Eiji Okumura regardait par le hublot de l'avion qui le ramenait à la ville qui ne dort jamais, cette mégalopole aujourd'hui plongée dans la froide agonie de l'automne, celle qui l'avait vu faire la plus importante rencontre de sa vie, avant de le laisser s'envoler vers chez lui, pour mieux engloutir ce qu'il s'était découvert tenir plus qu'à sa propre vie.

Et ses parents et sa sœur ne comprenaient pas. À son arrivée il n'était plus le même, à l'annonce de l'unique et difficile vérité il n'avait plus été le même alors...

... Qui aurait crû qu'il aurait le cran d'y retourner ?

- Sayonara New York..., murmura Eiji, la main sous le menton en observant les nuages, en pensant à la place où il se tenait quelques années plus tôt, également près du hublot.

Maintenant il y revenait.

New York, avec son énergie inépuisable, continuait de vivre et de célébrer. Lorsque les passagers autour de lui se levèrent dans le brouhaha habituel de la fin d'un long vol, Eiji resta quelques instants tristement figé dans son siège. Le visage neutre, les yeux fixés sur ses genoux, il cherchait le courage de faire face à Manhattan, à Brooklyn, aux quartiers dans lesquels il avait fui, au métro dans lequel il s'était caché, à l'aéroport où il avait fait ses plus tristes adieux... ou tout simplement celui de sortir également.

Eiji... What took you so long ?

- Monsieur, tout va bien ? Les passagers sont presque tous descendus.

Il releva des yeux auparavant écarquillés par la surprise du souffle de cette voix, vers l'hôtesse de l'air. C'était comme une autre surprise que de se trouver face à des yeux bleus, des mèches blondes et une plaque sur laquelle il y avait marqué... Barbara.

À croire que c'était le destin.

Le jeune japonais étira légèrement ses lèvres en un sourire doux et discret.

C'était déjà l'heure de descendre.

Eiji rajusta tranquillement l'écharpe autour de son cou, il replaça ses lunettes, pris le temps de lever les yeux, et de profondément respirer avant son premier pas hors de l'avion.

Il n'avait pas été préparé à l'univers de violence dans lequel il avait été projeté à ses dix-neuf ans et, malgré cela, en tirant sa valise dans le grand hall, en marchant dans cet endroit qu'il n'avait pas revu depuis si longtemps... Ce sont les fantômes de ses souvenirs, les silhouettes translucides de ses amis américains, qui lui revinrent en mémoire. En levant les yeux, il pouvait presque voir, à l'étage, l'éclat souriant de Sing, du gang entier de Ash Lynx, de Max Glenreed et de sa femme Jessica, lui faisant les signes de l'adieu, celui de joyeux au revoir.

- Eijiiii !!!! Ash a dit : à bientôt !!!!

Le petit Sing avait été heureux de lui parvenir ce message. Cela lui donnait plus que tout envie de sourire, d'y repenser, il en avait la gorge nouée.

- Reviens nous voir !!!! lui avait-on crié en pleurant de la séparation, pendant que Ibe-san poussait avec douceur son fauteuil roulant.

You should have told them you were coming back, Eiji...

Il n'aurait pas pu les appeler pour les prévenir de son retour.

- Tu sais Ash... Cela aurait simplement été trop dur... je suis juste revenu pour toi..., prononça-t-il tendrement pour lui-même.

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